« Tu sais que demain ça fera six mois qu’on couche ensemble ? »
Adossé à son lit, Anthony, vêtu d’un simple jeans, fumait une cigarette en feuilletant un magazine sans intérêt. Il essaya de paraître détaché alors qu’il énonçait ce fait. Il n’avait pas réellement compté les jours. Il avait juste regardé le calendrier et le souvenir de leur première rencontre lui était apparu. Cela n’avait pas réellement d’importance à ses yeux. Pourtant, il attendait la réaction de son amant. Il savait, qu’elle, elle était essentielle, sans qu’il ne pût dire pourquoi. Derrière lui, Lucas sourit. Il n’aurait su en dire les raisons mais cette question, semble tout, anodine, lui mit du baume au cœur. Allongé sur le lit, il plaça sa tête sur l’épaule de son compagnon et passa son bras sur l’autre afin d’atteindre le cendrier et d’écraser sa propre cigarette.
« Vraiment ? Et tu veux qu’on organise une soirée en amoureux pour fêter ça ? » demanda-t-il ironique, penchant la tête vers son cadet, posée sur son épaule, afin de l’observer.
« Comme si c’était notre genre ? » plaisanta le plus jeune, un peu amer.
L’autre ferma les yeux un instant, encaissant le coup. Puis, il se remit à dévisager son jeune amant. Quel était donc ce ton qu’il venait d’employer ? Quelle était cette douce mélancolie, cette infinie tendresse aussi, dont il faisait preuve ces derniers temps ? Quelque chose avait-il changé ? Devait-il s’en inquiéter ? Et surtout, pourquoi avait-il eu la sensation de recevoir un coup de poing dans le ventre à la réplique d’Anthony ? Lucas enlaça le brun. Du pouce, il caressa le torse musclé de son compagnon. Ce dernier posa une main sur son bras, et d’un geste nonchalant, répondit à cette cajolerie.
« Ça va, gamin ? » demanda l’aîné, un peu inquiet.
Il avait prit l’habitude de l’appeler ainsi. Cela rendait leurs rapports moins intimistes selon lui. Et quand, il était d’humeur, le cadet pouvait répondre au doux surnom de « petit con ».
« Oui. Pourquoi ?
- Pour rien. »
Le châtain se leva et s’habilla. Il n’avait pas le temps de jouer à cela. Il devait retrouver des amis. Si Anthony refusait de se confier, il n’allait pas l’y forcé. Il n’en avait pas le droit, de toute façon. Ils n’avaient pas ce genre de relation. Pourtant, Lucas s’arrêta net dans ses mouvements.
« Peut-être, qu’on devrait arrêter… » suggéra-t-il doucement.
« Quoi ?
- Oublie ça, » se rétracta l’aîné. « Il faut que j’y aille. On en parle plus tard. Et range un peu ta chambre. À chaque fois que je viens c’est le bordel.
- Oui, maman.
- Petit con. »
Lucas se pencha et déposa un rapide baiser sur les lèvres de son compagnon avant de quitter la pièce. Une fois seul, Anthony se recroquevilla sur lui-même. Que se passait-il ? Que signifiait ce baiser ? Pourquoi tant d’affection, de caresses et se moquer de lui lorsqu’il évoquait le temps passé ensemble ? Pourquoi tout cela lui faisait-il aussi mal ? Quelle était cette douce peine qui l’envahissait ? Que ressentait-il Lucas pour lui, exactement ? Pourquoi autant de questions fusaient dans son esprit ? Et Lucas avait-il réellement l’intention de rompre ?
La rage montait en lui. Il attrapa le magazine et le lança contre la porte derrière laquelle son amant venait de disparaître. Tout était de sa faute. Il le menait dans un brouillard sentimental. Il ne pouvait pas se montrait affectueux et ensuite, se moquait de lui lorsque lui l’était. Il ne pouvait pas envisager une rupture puis l’embrasser comme si de rien n’était. Il en avait assez d’être traité tel un gamin sensible. Il ne l’était pas. Il n’était pas un romantique.
Le jeune homme posa sa tête entre ses bras, les genoux repliaient devant lui, le poignet de main tenant sa cigarette, appuyée sur son front. Mais alors quels étaient donc ces sentiments qui s’insinuaient en lui ? Pourquoi les images de Lucas souriant ou riant encombraient-elles son esprit ? Pourquoi avait-il soudainement envie de l’éteindre avec tendresse ? Pourquoi avait-il envie de passer du temps avec lui, pour autre chose que le sexe ? Pourquoi avait-il autant envie d’apposer ses lèvres contre celles de son aîné ? Et surtout, pourquoi il avait le sentiment que s’il laissait libre cours à ses pulsions affectives, il allait le perdre ?
Une larme coula sur sa joue. Anthony releva la tête et essuya sa joue, surpris.
« C’est pas vrai ! Je deviens une vraie fiotte, » dit-il à voix haute, regardant sa main humide.
La fureur était là et se redirigeait contre lui-même. Il s’en voulait d’avoir de tels sentiments. Il ne pouvait pas accepter de perdre le contrôle. C’était lui qui avait initié ce deal. C’était lui qui avait persuadé de le revoir et d’avoir une relation sans attache. Il ne pouvait pas s’accrocher à cet homme. Il ne pouvait pas ressentir ce qu’il ressentait depuis quelques temps. Lucas ne le laisserait pas faire de toute façon.
Il ne pouvait pas se laisser abattre. Toutes ses envies étaient stupides. Il devait se changer les idées, se sortirent toutes ces images de bonheur romantique de la tête. Depuis quelques temps, il se suffisait des étreintes de Lucas et n’allait plus chasser. C’était le moment de s’y remettre. Il oublierait cet homme, passerait à autre chose. Il écrasa sa cigarette et se leva. Il prit une douche rapide, s’habilla et sortit de chez lui.
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En début de soirée, Lucas était attablé chez Justine qui avait invité quelques amis pour dîner. Il discutait, riait en buvant l’apéritif. Cependant, Anthony refusait de quitter son esprit. Depuis quelques temps, leurs rapports avaient changé. Il n’aurait su dire en quel sens, mais ils étaient différents. Peut-être était-il temps qu’il mît fin à cette relation ? Et pourtant, l’idée lui faisait mal au cœur. C’était peut-être pour cela que cessait de le voir se faisait sentir ? Parce que la pensée de le quitter se faisait douloureuse ?
« Lucas, t’es sûr que tu ne veux pas retenter le coup avec Grégoire ? » l’interpella Justine, posant un plat sur la table.
« Pour qu’il me pose un autre lapin. Non, merci. Puis, j’ai pas envie de ce genre de relations et tu le sais. Donc, fous-moi la paix avec ça.
- Arrête. Il s’est excusé pour la dernière fois. Et ça fait six mois, maintenant. Tu ne peux pas continuer à t’envoyer en l’air avec n’importe qui sans jamais te poser. Sérieusement, tu ne voudrais pas t’installer avec quelqu’un, construire quelque chose.
- Pourquoi faire ? C’est pas parce que madame est mariée et enceinte que c’est le rêve de tout le monde. Puis, de toute façon, je ne pourrais jamais avoir d’enfants, donc je n’ai aucun intérêt à me caser, moi.
- Encore heureux, » intervint un de leurs amis. « Manquerait plus que tu te reproduise ! »
L’assemblée partit dans un fou rire. Les esclaffements finirent par se calmer et un silence pesant prit place. Ce fut Patrice, le cadet de la petite bande, qui prit la parole.
« À vrai dire, je ne comprends pas. Je croyais que tu voyais quelqu’un depuis un moment.
- Pas vraiment, » répondit Lucas.
Il n’avait pas envie de faire étale de sa relation avec Anthony devant ses amis. Il ne savait pas où il en était. De plus, son amant était plus jeune que lui : ce qui lui vaudrait quelques plaisanteries sur leur différence d’âge. Puis, il ne s’agissait pas d’une romance, juste de rapports basés sur le sexe. Il n’y avait pas de quoi en parler.
« Alors, Justine ! » poursuivit-il afin de détourner la conversation. « Tu nous as toujours pas dit. C’est un garçon ou une fille ? »
La future mère posa ses deux mains sur son ventre et pencha sa tête vers lui, heureuse que l’on vînt à parler de sa progéniture. Lucas sourit devant ce tableau plus que comique pour lui.
« Hé bien,…
- Non, non, non, » intervint un autre invité. « Tu vas pas t’en tirer comme ça. Parle-nous un peu de ce mec que tu fréquentes. »
« Et merde, » pensa Lucas en se mordant l’intérieur de la joue. En portant l’attention sur Justine, il savait qu’elle serait tombée dans le panneau, mais les autres ne souhaitaient pas en rester là.
« Mais, je fréquente personne, » fit le châtain d’un ton las.
« Ça ne serait pas le bel Apollon que tu avais ramassé en boîte, la dernière fois que tu y es allé, par hasard ? » l’interrogea Patrice. « Parce que même s’il a un corps de dieu grec, il est un peu jeune.
- Mais puisque je vous dis que je ne vois personne.
- Vraiment ? Alors comment ça se fait qu’à chaque fois qu’on te propose de sortir draguer, tu trouves toujours une bonne excuse pour refuser ? Et puis, aussi tu as l’air plus heureux ces derniers temps, comme si tu t’étais trouvé quelqu’un.
- Oui, » renchérit un autre. « Tu as un véritable teint de pêche depuis quelques temps.
- Et puis, tu arrives toujours épuisé au bureau, comme si tu l’avais fait toute la nuit…
- J’ai pas dit que je ne le faisais pas, » répondit Lucas.
« Et avec la même personne ? »
L’accusé – parce qu’il avait bien l’impression d’être au banc des accusés et de subir un interrogatoire dans les règles de l’art – souffla, agacé. Il ne leur mentirait pas, il le savait. Il n’avait pas pour habitude de cacher la vérité à ses amis en ce qui concernait sa vie privée. Mais ce sujet l’incommodait.
« Parfois, » finit-il par répondre.
Des exclamations et des applaudissements suivirent sa réponse. Lucas se sentit rougir. Il craignait le pire.
« Depuis quand ? » demanda Justine, choquée.
« Ça fera six mois demain à ce qu’il paraît.
- Six mois ? Non, mais tu te fous de ma gueule ! Et moi qui m’évertue à te trouver quelqu’un alors que tu as déjà un petit-ami.
- C’est pas mon petit-ami, ok ? » s’énerva Lucas. « C’est juste… C’est que du sexe, ok ?
- Ha, ouais ! Depuis six mois ? Moi, j’appelle ça une relation. Et si tu en viens à te souvenir de la date de votre rencontre, c’est que tu dois penser la même chose.
- C’est lui qui en a parlé toute à l’heure, » se justifia le châtain.
Il n’aimait vraiment pas la tournure que prenaient les choses. Il n’avait pas envie de parler d’Anthony. Il n’avait pas envie de justifier ses rapports avec lui.
« Alors c’est lui qui est amoureux de toi, » répondit Justine.
« C’est ridicule. Puisque je te dis qu’on n’a pas ce genre de relation. Et puis, de toute façon, je pense qu’on va arrêter de se voir.
- Pourquoi ?
- J’en sais rien. Tu m’énerves à la fin. Je n’ai plus envie de parler de ça, ok ?
- Et il est bon au pieu, au moins ? » demanda un plaisantin pour détendre l’atmosphère.
Le petit groupe se mit à rire et même Justine ne put s’empêcher d’esquisser un sourire.
« Tu crois que je continuerai à le voir si ce n’était pas le cas ? » fit Lucas, sourire aux lèvres.
Les rires redoublèrent d’ampleur. Ils continuèrent à rigoler puis passèrent à un autre sujet, plus jovial, sachant pertinemment que les relations de Lucas étaient un sujet épineux entre le châtain et Justine. Cette dernière n’adhérait pas à son style de vie et ne cessait de le lui reprocher.
La suite du repas se déroula dans la bonne entente et la bonne humeur. Le petit groupe décida de terminer la soirée à leur bar habituel, la future maman étant fatiguée. Ils firent leurs adieux au jeune couple et partirent vagabonder dans les rues de la ville, en direction de leur lieu de rencontre préféré. Lucas put enfin se sortir Anthony de la tête. Il était déjà un peu saoul et la bonne humeur de ses camarades lui fit oublier ses propres questionnements. Il ne s’attendait pas à ce qu’il allait se produire ce soir-là. Ça, sûrement pas !
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Basé(e) sur une oeuvre à lespetiteshistoiresdeloalann.blogspot.com.
Oh oh les ennuis commencent ^^
RépondreSupprimerOn peut dire ça, mais ils vont vite finir aussi. Il ne reste plus qu'un chapitre.
RépondreSupprimerMais dis-moi, tu as été rapide, je viens juste de poster.
ah ? t'as vu ce Timing ! (en fait c'est du hasard, je me suis connecté sur ton site et il y avait le chapitre 4 alors ... tu sais bien que quand on aime on ne compte pas =P )
RépondreSupprimerC'est bien que les ennuis durent pas ( parce que à la longue c'est... frustrant )
Bref, Vivement la suite =)
J'espère pouvoir la finir bientôt.
RépondreSupprimerCool =)
RépondreSupprimerVoilà que les sentiments s'en mèlent. Je m'attends au pire avec la dernière phrase de ton chapitre : Lukas, par exemple, qu surprend Lukas en train de draguer un autre mec. Je suis un peu déçue qu'il ne reste qu'un chapitre. Tu écris bien et vite. Pourquoi tu ne te lances pas dans une fiction un peu plus longue?
RépondreSupprimerAlors, je n'ai pas trop compris tes pronostiques pour la suite...
RépondreSupprimerSinon, désolé de te décevoir. Si je ne fais pas plus long c'est que je ne m'en sens pas capable. Pour cette histoire là, je n'ai pas grand chose à dire. Puis, je commence un peu à fatiguer. Il faut que je trouve de quoi me renouveler. Donc peut-être qu'après cette fiction, je prendrais un peu de repos. Donc, voilà.
Juste, une dernière chose, comme je l'avais dit pour Ma vie est vide sans toi, c'est que si je me lance dans une longue fiction, j'ai peur de ne pas arriver à la terminer. Donc, pour le moment, je fais dans le court.
Je me suis emmêlé les pinceaux avec les prénoms. Je voulais dire que peut-être Lucas tombera sur Antony et le verra draguer un autre mec vue que ce dernier pense à se remettre à chasser pour reprendre ton expression.
RépondreSupprimerEt pour te répondre, oui et non. Qui lira, verra...
RépondreSupprimerEt bien... c'est si "mal" de tomber amoureux... ? non mais quels idiots !
RépondreSupprimerT'as bien raison. Enfin... je crois.
RépondreSupprimerJe suis tout à fait d'accord avec toi LoalAnn. "Enfin... je crois" lol.
RépondreSupprimerBravo en tout cas pour ce chapitre, je me demande comment tout cela va finir.
Merci du compliment et la suite et fin ce sera pour ce week-end, promis.
RépondreSupprimerNOOON pourquoi sa se passe comme sa??
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