mardi 29 septembre 2009

La vengeance est un plat qui se mange... (Fiction Yaoi) - Chapitre 02


Dans la semaine qui suit cette fameuse soirée, le comportement de Rafael à mon égard, change du tout au tout. Je ne sais toujours pas comment me venger mais décide d’entrer dans son jeu. Je joue les méfiants.
« Qu’est-ce qu’il t’arrive d’un seul coup ? T’as pas l’habitude d’être aussi sympa avec moi.
Ben, Julian m’a fait remarquer que j’avais pas été vraiment cool avec toi. Il m’a demandé d’être plus sympa, donc voilà. »
Je le regarde, soupçonneux. Je sais pertinemment pourquoi il a changé de comportement à mon encontre. Mais, je ne vais pas lui faciliter la tâche. Je le regarde dans les yeux et je réprime un sourire. J’y lis son arrogance habituelle et je peux deviner qu’il se croit très malin. N’importe qui pourrait se faire prendre au piège mais je peux dire sans peine lorsqu’il ment. Si je n’avais pas été au courant du pari, je me serai sans doute posé un tas de question. Toutefois, je connais ses intentions et je suis un bien meilleur menteur que lui. De ce fait, je le laisse croire qu’il m’a convaincu.
Je réalise que c’est peut-être là mon point fort et que le meilleur moyen de me venger est de le prendre à son propre jeu. Oui, à cet instant, je sais ce que je dois faire.
Rafael, de son côté, se sent confiant. Il va même jusqu’à s’excuser de ses attaques passées. Je ne réponds rien, continuant de lire en lui comme dans un livre ouvert. Je dois avoir l’air de reprendre de l’assurance parce que ma Némésis est entrain de se dire qu’il vient de faire une erreur. Il est Rafael après tout et Rafael ne s’excuse jamais. Alors, il s’éloigne de moi et je ne cherche pas à le retenir. Il reviendra. Je le connais assez pour savoir que son ego surdimensionné ne lui permet pas d’accepter la défaite.
Néanmoins, je me demande comment il va procéder pour me pousser dans son lit. Il est assez intelligent pour savoir qu’être soudainement agréable avec moi ne suffira pas et surtout en deux semaines. Pourtant, je sais déjà que je ne lui dirai finalement pas non. J’ai envie de connaître son plan mais je ne peux pas me permettre de demander quoi que ce soit, même à Julian. Et si j’épis encore leur conversation, il finira par remarquer quelque chose. J’admets que ce n’est pas vraiment important. Je découvrirai son dessin au fur et à mesure. J’ai tout de même une longueur d’avance sur lui.
Au milieu de la semaine suivante, j’en appris un peu plus. Depuis la fête de début d’année, Rafael avait continué à jouer son rôle de mec sympa et j’avais fini par mettre le jeu du méfiant au placard. En peu de temps, nous étions passés de pires ennemis à apparemment amis, à la grande surprise de tout le monde. Cependant, nos camarades les plus proches semblaient tous ravies de ce changement.
Mais, Rafael ne s’arrêta pas là et il m’apparut plus vicieux que ce que je pensais. Cet enfoiré utilisa Julian, sachant pertinemment que je lui fais confiance.
« Rafael fait une fête samedi. Tu veux venir ? »
Assis en classe de philosophie pendant la pause, je lève les yeux vers un Julian souriant.
« Chez Rafael ? Tu es sûr que ça ne le dérangera pas ?
- Non. C’est lui qui m’a dit que je pouvais t’inviter. Il a dit qu’il avait décidé d’être plus cool avec toi. Et puis, ça va plutôt bien entre vous dernièrement, non ? »
J’observe mon interlocuteur. Je me demande s’il est au courant de ce qu’il se trame. Je me souviens pourtant de son refus catégorique de participer au pari. Je suis un peu désarçonné par ce virement de situation. Après tout, je suis très étonné que Julian aide Rafael dans son entreprise. Mais, peut-être que ma Némésis a mentit à son ami pour l’utiliser comme bon lui semble et cette idée me donne la nausée. Cependant, je préfère cela plutôt que de m’imaginer que Julian participe à cette mascarade de son plein gré. Je me demande ce qu’il adviendra de leur amitié lorsque mon interlocuteur se rendra compte qu’il a été trompé.
« Alors, tu veux venir ou pas ? Ça pourrait être sympa, » insiste Julian, me sortant de ma réflexion.
Ouais. Pourquoi pas ?
Tu sais où il habite ? »
Je répondis par l’affirmative d’un signe de tête. J’étais déjà allé chez lui une fois en seconde pour accompagner l’une de nos amies qui sortait avec lui à l’époque. Leur liaison n’avait pas duré plus de deux jours. Rafael n’était pas le genre à s’attacher. Mais même si la visite avait été brève, elle aussi, je me souviens très bien des lieux.
« Bon. Alors on se retrouve là-bas ?
Ok. »
À cet instant, le professeur revient en classe et Julian retourne au fond de la salle avec ses amis. Il doit leur dire que j’ai accepté de venir parce que j’entends le rire gras de Christophe résonner puis se taire dans un étranglement.
« Qu’est-ce que t’as à rire comme ça ? » chuchote Julian.
« Laisse tomber, » répond alors Rafael. « Tu sais comment il peut être con parfois. »
Je fais un effort surhumain pour ne pas me retourner et épier la réaction de Julian. Mais la petite scène me conforte dans l’idée que ce dernier n’est au courant de rien.
La semaine se poursuit comme elle avait commencé, des cours et un Rafael toujours aussi sympathique. Moi, je fais mine de me faire avoir et je jubile lorsque je lis dans ses prunelles son arrogance. Si auparavant, je me sentais en dessous de tout lorsque je le regarder dans les yeux, maintenant, ce regard a, pour moi, le goût de la victoire. Cependant, je sens l’assurance de mon ennemi se friter un peu alors que la mienne ne fait que grandir. Je peux deviner toutes les questions qui dansent dans ses magnifiques yeux clairs. Je me demande s’il aura le courage d’aller jusqu’au bout. Je le vois s’étonner de mes réactions et je le sens de plus en plus hésitant. Mais, je connais mon adversaire. Il ne lâchera pas le morceau aussi facilement. Et c’est tout à mon avantage.
C’est confiant en moi-même et en mon plan que je me rends chez Rafael ce samedi soir. Il est presque vingt-et-une heures lorsque j’arrive. La fête bat déjà son plein et l’alcool coule à flot. J’ai à peine franchi la porte que Christophe me tend une bière et me tapant sur l’épaule. Si son geste veut sans doute dire qu’il me souhaite la bienvenue, son expression est toute autre. Il se moque de moi. Si je veux bien croire que Rafael ne tient pas compte de mon homosexualité, ça n’a pas l’air d’être le cas de son ami dont le visage se déforme quelque peu par le dégoût qu’il ressent à mon égard. Je fais mine de rien et lui souris. Je ne peux m’empêcher de me demander comment il réagira avec Rafael quand j’aurai mis mon plan à exécution.
Je fais semblant de boire une gorgée de la bière que l’on m’a donné mais vais m’en débarrasser dans la cuisine pour en prendre une autre. Je n’ai pas confiance. S’ils veulent me saouler pour que je sois plus réceptif aux avances de Rafael, il n’y a aucun problème. Je tiens bien l’alcool. Cependant, j’ai peur qu’ils ne cherchent à me droguer. Je sais que c’est aller un peu loin dans la paranoïa mais étant donné l’esprit machiavélique de ma Némésis et celui malveillant de ses amis, je préfère être prudent.
La soirée se passe tranquillement et je converse, de-ci de-là, avec des camarades. J’ai même l’occasion de discuter un long moment avec Julian qui est bien, tel que je me l’imaginais. Il s’excuse du comportement passé de Rafael et m’affirme qu’il n’a jamais été d’accord avec lui à ce sujet. Toutefois, on convient tout les deux que Rafael n’est pas le genre de personne qu’on contredit. Nous nous entendons bien et nous promettons de renouveler l’expérience prochainement.
De la soirée, Rafael ne m’approche pas et je fais semblant de ne pas remarquer les regards appuyés qu’il pose sur moi. Je commence à réellement douter qu’il fasse quoi que ce soit et songe à rentrer chez moi. C’est pourtant ce soir que tout doit se jouer. C’est cette nuit que finit l’échéance du pari à moins qu’ils en aient modifié les termes. Je traîne un peu. Je regarde les gens quitter la fête à tour de rôle. Et lorsqu’il ne reste plus que des personnes comateuses, imbibées d’alcool, Rafael vient enfin m’aborder.
« Alors ? Tu t’es amusé ce soir ? »
Je l’observe, étonné. Sa question, d’une banalité affligeante, lui ressemble si peu.
« Ouais. »
Il s’assoit en face de moi, un verre à la main et plante son regard dans le mien. Je sais qu’il cherche à me sonder, à voir si j’ai suffisamment bu et si ses amis ont fait correctement leur job. Comme je m’en doutais, la règle était de me faire boire. Je n’avais pas le temps de finir ma bière que l’on m’en plaçait une autre dans la main.
Jouant mon rôle à la perfection, je baisse les yeux en rougissant, afin de paraître décontenancé par le regard persistant de mon ennemi.
« Je crois que j’ai un peu trop bu, » dis-je dans un petit rire qui se veut gêné.
Je vois Rafael sourire du coin de l’œil tout en buvant une gorgée de son verre. Mon petit acte a eu l’effet escompté et il ne se doute de rien. Je le sais, je peux le sentir dans ses gestes. Il est assuré. Il pose une main sur mon genou et je la fixe.
« Je suis heureux que tu sois venu. »
Je le regarde d’un air interloqué.
« Si t’es pas trop fatigué, on pourrait faire plus ample connaissance. »
Je fronce les sourcils et le laisse poursuivre.
« C’est vrai. On a jamais eu l’occasion de discuter, toi et moi. »
Je ne sais pas quoi répondre. Sa main sur ma jambe me brûle à travers le tissu de mon jeans. Je préfère ne rien tenter et j’attends impatiemment qu’il passe aux choses sérieuses. Ce qu’il ne tarde pas à faire. Sans rien ajouter, il prend ma main et m’incite à la suivre. On quitte le salon dont le sol est jonché de corps d’adolescents endormis et il m’amène dans sa chambre. Il lâche ma main et va s’asseoir sur le lit. Je reste dans l’encadrement de la porte et le regarde faire, appuyé sur le montant. J’affiche un sourire plein de sous-entendus alors que je lui demande :
« Pourquoi tu m’as amené dans ta chambre ?
On sera plus tranquille pour discuter. Ferme la porte derrière toi. »
J’obéis et vais m’asseoir aux pieds du lit. M’installer à côté de lui aurait été trop entreprenant de ma part. Je dois le laisser venir à moi. Il ne faut pas qu’il se doute de quoi que ce soit. Je veux que son sentiment de victoire ne le quitte pas jusqu’à la fin. La chute ne sera que plus dure. Je vais apprendre à Rafael que la vengeance est un plat qui se mange chaud.

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2 commentaires:

  1. Hin hin ... Bien fait Rafael XD !!! Prépare toi à souffrir *__*

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  2. "Je vais apprendre à Rafael que la vengeance est un plat qui se mange chaud."

    Haha, j'espère qu'il va morflé !

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