jeudi 29 octobre 2009

C'est parfois bien d'attendre (Fiction Yaoi) - Chapitre 01


Mot de l'auteur : Me revoilà pour une nouvelle fiction. J’ai beaucoup hésité avec le titre et pris conseil avant de me décider pour celui-ci qui s’avérerait être le premier que j’avais trouvé. Comme quoi ?
Enfin, j’espère que cette nouvelle histoire vous plaira et j’attends avec impatience vos premiers commentaires.

« Mais quelle idée j’ai eu d’accepter ce rendez-vous ! » se réprimanda mentalement Lucas en décortiquant rageusement une pistache.
Assis à la table d’un bar, il dégustait une bière fraîche en s’acharnant sur les graines que le serveur avait posées sur la table. Cela faisait déjà une demi-heure qu’il attendait son rendez-vous. Il n’avait pas été ravi que cette rencontre fût organisée sans son accord, mais se refusait à faire faux bond à un inconnu. Plus le temps passait, plus il regrettait d’être venu. Son amie Justine se plaisait à jouer les entremetteuses. Lucas avait réussi à échapper à divers de ses pièges placés sur sa route, mais elle avait joué de malice, et il se retrouvait à présent dans ce guêpier.
Depuis sa dernière aventure qui s’était mal terminée, Lucas avait eu toutes les peines du monde à s’en remettre. De ce fait, il avait décidé de se forger une carapace de célibataire. Il avait besoin de faire son deuil. Seulement, cette ancienne histoire datait de plus de quatre ans, et dès lors, le jeune homme se contentait d’aventures sans lendemain, refusant de s’attacher à qui que ce fût et surtout, trop effrayé à l’idée de souffrir à nouveau.
Mais voilà, qu’il était là, à attendre quelqu’un qui ne semblait pas vouloir se montrer, tandis qu’il se vengeait sur les pistaches. Tout cela semblait si ridicule. Que faisait-il ici ? À quoi bon retrouver quelqu’un qu’il ne connaissait pas ? Qu’attendait-il de cette rencontre ? Un soudain coup de foudre ? Il ne croyait pas à ce genre d’idioties qui plaisaient tant aux midinettes fleurs bleues, passant leur temps à rêvasser du prince charmant. Il s’en était rendu compte depuis longtemps, le prince charmant n’existait pas. Il n’arrivait même pas à trouver un partenaire sexuel régulier. Il n’aimait pas la chasse. Peut-être était-ce pour cela qu’il avait fini par venir à ce rendez-vous ? Peut-être espérait-il trouver quelqu’un qui partageât ses envies ? Il ne supportait plus de traîner dans les boîtes de nuit ou les bars à chercher quelqu’un qui acceptât de passer la nuit avec lui. Il souhaitait juste un corps chaud pour lui tenir compagnie lorsqu’il se sentait seul, une personne qui l’étreignît lorsqu’il le désirait sans se faire prier. Quel mal y avait-il à cela ?
Le serveur s’approcha de sa table et posa le verre vide de Lucas sur son plateau. Ce dernier lui lança un sourire timide avant de reprendre sa décortication.
« Je peux vous poser une question ? » demanda-t-il sans lever les yeux vers le garçon de café.
« Allez-y.
Combien de temps doit-on attendre avant de considérer que quelqu’un vous a posé un lapin ? », s’enquit-il, mangeant une pistache et penchant la tête pour regarder le serveur.
« Je ne sais pas. Mais vous pourriez demander au jeune homme là-bas, » répondit le garçon de café en désignant un client assis à l’autre bout de la salle. « Ça fait un moment qu’il attend lui aussi. »
Lucas se redressa pour regarder la personne dont il était question. Assis sur une banquette, son bras droit étendu sur le dossier, sa main gauche faisant tourner le verre sur la table, le jeune homme regardait à l’extérieur, rêveur. Cheveux noirs, profil émacié, corps musclé, il ressemblait à la description qu’on lui en avait faite, mis à part les lunettes qui manquaient au portrait. Mais, il paraissait jeune aussi, bien plus jeune que Lucas. À quoi avait bien pu penser Justine ?
« Euh… Vous pourriez me rendre un service ? »
Le serveur l’encouragea à poursuivre d’un signe de tête.
« Vous ne pourriez pas essayer de savoir s’il ne s’appellerait pas Grégoire ? »
Lucas lança plusieurs coups d’œil rapides en direction du rêveur. Le serveur resta un moment sans rien dire mais finit par accepter de lui venir en aide. Le jeune homme reprit sa décortication de pistaches après avoir lancé un dernier coup d’œil à l’autre client à l’opposé de la pièce. Le garçon de café s’en alla rejoindre ce dernier.
« Je vous sers autre chose ? » demanda-t-il à son client.
Celui-ci lui lança un regard interrogateur.
« Non, merci. »
Le serveur sembla hésiter durant un moment.
« Vous ne vous appelleriez pas Grégoire par hasard ? » demanda-t-il, enfin.
Le jeune homme en face de lui le détailla du regard. Le serveur était beau garçon et son uniforme le mettait en valeur. Après tout pourquoi pas, puisqu’elle n’était pas prête à montrer le bout de son nez. De toute façon, il se moquait de cette fille. Tout ce qui l’intéressait c’était le chalenge que représentait le fait de la mettre dans son lit. L’amour, il ne connaissait pas. Il s’agissait juste d’un truc inutile inventé par les industriels pour vendre du chocolat ou des fleurs à la Saint Valentin. Lui, il attendait que l’on mît à jour le calendrier et que l’on déclarât une journée du sexe. En cela, il croyait.
« Tu m’appelle comme tu veux, » répondit-il alors un sourire lubrique sur le visage.
Le garçon de café fit un geste de recul, surpris et gêné, et rougit.
« Il y a un… malentendu, » balbutia-t-il. « Le jeune homme en train de s’acharner sur les pistaches là-bas, semble attendre un dénommé Grégoire et il m’a demandé de me renseigner afin de savoir s’il ne s’agissait pas de vous. »
Le jeune client sembla déçu. Il pencha la tête pour voir la personne qu’avait mentionnée le serveur. Il s’agissait d’un jeune homme bien fait de sa personne. Un visage rond, des cheveux châtains, un corps fin, il avait quelque chose d’attirant. Cela devait être un naïf et un romantique désespéré pour accepter de rencontrer quelqu’un qu’il ne connaissait pas. Il tremblait légèrement tandis qu’il décortiquait ses pistaches. Il avait l’air nerveux, adorable : une proie facile en somme. Le client eut à nouveau ce sourire étrange.
« Et bien, » dit-il au garçon de café. « Dites-lui que je m’appelle Grégoire. »
Ce dernier lui lança un regard soupçonneux.
« Si vous le faites, je promets de veiller à vous laisser un bon pourboire. »
Le serveur haussa les épaules et s’éloigna. Quelques minutes plus tard, Lucas vint s’asseoir en face du prétendu Grégoire. Celui-ci eut un sourire satisfait. « Trop facile, » pensa-t-il. Il ne lui restait plus qu’à embrouiller cet esprit fragile, lui jurer amour éternel s’il le fallait, afin de le mettre dans son lit. Le sexe, il n’y avait que cela de vrai.
« Salut. Il semblerait qu’on est attendu comme deux imbéciles, alors qu’on était tout les deux là, » amorça Lucas.
L’autre le détailla d’avantage. Il avait une mine de bambin et pourtant, une grande maturité se dégageait de son allure. Quel âge pouvait-il bien avoir ?
« Tu as l’habitude de prendre rendez-vous avec des mecs que tu ne connais pas ?
Non. C’est la première fois. Justine m’a mis au pied du mur. Je ne pouvais pas te faire faux bon, alors je suis venu.
Et si tu es resté, c’est que, je suppose, tu n’es pas déçu par ma plastique. »
Lucas fut surpris par autant de franchise. Toutefois, il ne baissa pas les yeux et le défia du regard. Grégoire était trop sûr de lui à son goût. Il était beau, serte, mais il le savait et en jouait. Ce n’était pas ce que Lucas cherchait chez ses amis, et encore moins chez un éventuel petit-ami. Après tout, il n’était pas là pour ça. Alors pourquoi s’en formaliser ?
« Je ne suis pas aussi superficiel, » répondit-il. « Bien, que tu ne sois pas mal dans ton genre.
Tu n’es pas mal, toi non plus.
Merci, » fit-il en prenant une gorgée de la bière de son compagnon, dédaigneux.
« Alors qu’est-ce qui te plaît chez un mec ?
Sûrement pas son arrogance. »
Lucas lui lança un regard signifiant « si tu vois de qui je veux parler » et l’autre rit doucement.
« À te voir comme ça, on ne te croirait pas si… sûr de toi, » déclara Grégoire, aguicheur, en reprenant son verre des mains de son compagnon et en buvant le contenu à son tour.
« C’est un reproche ?
Pas vraiment. Je n’ai rien contre les chalenges. »
Décidemment, ce Grégoire était bien trop imbu de lui-même, selon Lucas. Ce dernier n’était pas sûr de vouloir continuer cette conversation. Pourtant, l’attirance qu’il avait pour ce jeune homme l’empêcha de se lever. Il y avait quelque chose dans son regard qui lui indiquait qu’il cherchait la même chose que lui. La seule chose qui le retenait de l’inviter chez lui était sa visible jeunesse. C’était un gamin qui jouait au gros dur. Qu’adviendrait-il s’il le poussait jusqu’à son lit ? Allait-il partir en courant, se rendant compte qu’il avait joué avec le feu ? Ou cet enfant avait-il un semblant d’expérience ?
« Tony ! C’est qui celui-là ? » fit une voix féminine derrière Lucas.
Ce dernier se tourna pour voir une jeune femme, qui lui parut vulgaire : une blonde plantureuse aux allures de playmates dont le visage était couvert d’une couche épaisse de maquillage et dont les poignets et le cou scintillaient de divers bijoux clinquants. Lucas se retourna vers le dénommé Tony qui avait enfin perdu son arrogance. Il réalisa soudain qu’il venait de perdre son temps avec un hétérosexuel. Comment avait-il pu rater les signes ? Il était pourtant certain que le jeune homme en face de lui, lui faisait du rentre-dedans. La sensation de s’être fait avoir – et en beauté – s’insinua en lui et la colère suivit le même chemin.
« Tony ? Je croyais que tu t’appelais Grégoire.
Oups, » fit l’autre en haussant les épaules, visiblement amusé par son petit stratagème.
« Bon, tu dégages maintenant ? » intervint la blonde.
Lucas se leva excédé. On s’était moqué de lui et il détestait ça. Il sortit du bar et s’arrêta sur le trottoir. Il sortit une cigarette de sa poche et l’alluma. La fumée s’échappa de sa bouche et tourbillonna devant lui. Que s’était-il donc passé ? Il pouvait suivre le cheminement, mais ne comprenait toujours pas la fin. Le serveur avait dû dire à ce Tony qu’il attendait un certain Grégoire. Puis, ce Tony avait dû se faire passer pour lui pour passer le temps. Mais comment un hétérosexuel en était-il arrivé à draguer un autre homme ? Et comment Lucas était-il tombé dans ce minable petit piège ? Les signes étaient là pourtant. D’abord, l’absence de lunettes aurait dû l’alerter. Mais, on pouvait facilement opter pour des lentilles de contact pour un premier rendez-vous. C’était compréhensible. Puis, il y avait l’âge. Justine pouvait avoir des idées farfelues mais de là à l’inciter au détournement de mineur, c’était aller un peu loin.
Lucas rageait contre lui-même en fumant sa cigarette. Quelqu’un se plaça à côté de lui. Il tourna la tête pour se rendre compte qu’il s’agissait de ce Tony.
« Qu’est-ce que tu veux ? » s’irrita le jeune homme.
« Je m’appelle Anthony, » dit-il d’une voix calme. « Et je déteste qu’on m’appelle Tony. »
Celui-ci sourit à Lucas qui secoua la tête amusé et sourit à son tour. « Quel imbécile ! » pensa-t-il.
« Tu veux venir chez moi ? » demanda Anthony.
« Et ta blonde ?
Elle m’a fait poiroter pendant une heure. Elle peut bien attendre. Alors, tu viens ? »
Lucas eut un nouveau sourire amusé. Il réfléchit quelques secondes avant d’accepter la proposition du jeune homme. Dans quel genre de traquenard allait-il encore tomber ?
« Quel âge as-tu ?
Dix-huit. »
C’était jeune mais il ne risquerait pas de finir en prison. Il fronça les sourcils en observant Anthony. Restait une question sans réponse. Mais allait-il réellement la poser ? Si ce gamin voulait s’aventurer sur ce terrain là, pourquoi ne pas lui faire ce plaisir ? Puis, il ne semblait pas chercher une quelconque romance, juste un coup à tirer. Lucas était presque certain qu’il ne s’attacherait pas à lui. Peut-être même serait-il celui qui le mettrait dehors. Il détailla encore ce corps attirant qui lui était présenté. Il n’avait plus qu’à espérer qu’il pût le satisfaire.
« Bon, on y va maintenant ? »
Lucas sourit de l’impatience du jeune homme. Pourquoi refuser de toute façon ? Et comment résister ?

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C'est parfois bien d'attendre by LoalAnn est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Paternité-Pas d'Utilisation Commerciale-Pas de Modification 2.0 France.
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13 commentaires:

  1. Aïe, cela commences plutôt mal pour Lucas !!! Et c'est bizarre, pratiquement tous les Anthony que je connais correspondent au portrait de celui-ci ! Y compris l'arrogance !

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  2. Je ne connais pas d'Anthony donc, je ne m'inspire de personne. Quant à Lucas, il est énervé de s'être fait avoir mais en fait, il s'en fou, je pense. Enfin, on verra ça au prochain chapitre.

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  3. Une petite question : quel age a Lucas?
    Tony est complètement à côté de la plaque : il croit avoir affaire à un garçon croyant au grand amour et facile à mettre dans son lit alors que ce n'est pas du tout le cas.

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  4. Salut!
    Je te suivais sur manyfics, et maintenant je te suis ici. J'aime bien le premier chapitre de cette histoire, j'ai hâte de lire la suite.

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  5. Lucas doit avoir un peu moins de trente ans. Et pour répondre à ta remarque Ayase, Lucas ne refuse pas l'invitation d'Anthony.

    Et pour Anonyme, la suite, je ne sais pas quand elle sortira. Je me suis un peu forcée à écrire cette semaine et de ce fait, je n'aime pas trop ce que je fais. Donc, je vais attendre que l'inspiration revienne avant de me lancer dans la suite.

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  6. Il ne refuse pas l'invitation mais il est lucide sur les intentions de Tony : il se doute bien qu'il ne recherche pas le grand amour mais juste à s'amuser un peu.
    P.S Est-ce que je peux te demander qque chose qui n'a rien à voir avec tes fics Est-ce que t'arrives à te connecter à fictionpress?

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  7. Tu as raison pour la remarque sur les personnages et m=pour répondre à tes questions, oui (vu que tu l'as déjà fait) et oui. Pourquoi?

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  8. parce j'ai un message qui me dit Oups le lien est corrompu à chaque fois que je veux me connecter. Je voulais savoir si ça venait de mon ordi ou du site. Merci quand même pour ta réponse.

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  9. Ben là, j'arrive même pas à aller sur la page. Il me dit qu'il ne la trouve pas. Ils doivent avoir un problème de serveur. Il faudra essayer plus tard.

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  10. Comme d'hab' j'aime bien =)
    ( Désolée de ne pas être plus explicite mais aujourd'hui je suis complétement hors service et la quasi totalité de mes neurones sont en grève ... )

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  11. No problem. Moi aussi j'ai une petite baisse de régime.

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