lundi 5 octobre 2009

La vengeance est un plat qui se mange... (Fiction Yaoi) - Chapitre 06


Adossé conte un mur devant la salle de cours, j’attends que le professeur arrive, un peu à l’écart de mes camarades de classe. Mon téléphone portable dans une main, je fixe l’écran en jouant avec la molette, hésitant entre effacer le fichier ou le garder. Le oui et le non sont tour à tour surlignés de bleu. Je suis toujours coincé dans ce choix difficile. Depuis la veille, je n’arrive pas à me décider. Je suis concentré sur cette question : « Êtes-vous sûr de vouloir supprimer ce fichier ? » Je ne vois pas Christophe, Patrice et Julian, suivit de Rafael, arriver.
Mais on m’arrache mon portable des mains. Je sursaute et vais pour me précipiter vers Christopher qui le détient. Il est beaucoup plus grand que moi et je ne peux pas atteindre mon téléphone qu’il tient à bout de bras au-dessus de sa tête.
« Rends-lui son portable, » intervint Julian d’un ton exaspéré.
Mais son ami ne l’écoute pas. Julian n’a pas l’ascendant de Rafael sur ses camarades. De mon côté, je jette un coup d’œil à ma Némésis qui ne semble pas prêt à intervenir. Je laisse faire Christophe. Je ne sais pas ce qu’il y a sur cette vidéo mais l’attitude de Rafael me dissuade d’intervenir.
« Ben, quoi ? T’étais sur le point de l’effacer ! » s’exclame Christophe.
Il appuie sur les boutons du téléphone et regarde l’écran. Patrice lui attrape le bras pour voir la vidéo par-dessus son épaule.
« Pas vraiment. »
Ma voix numérisée résonne dans le couloir. Je ne suis pas sûr que mes camarades comprennent ce qu’il se passe ni que Christophe et Patrice sachent ce qu’ils regardent. Puis, un premier gémissement se fait entendre.
« C’est un mauvais porno ! » rigole Christophe.
« Mais attends ! » intervient Patrice en lui arrachant le portable des mains. « On dirait Rafael. Non, attends ! C’est Rafael.
Quoi ? »
Christophe bouscule son ami pour reprendre le téléphone. Ma Némésis se réveille enfin de son état léthargique. Julian est pétrifié, et moi, je regarde la scène sans rien dire. Nos camarades de classe commencent à murmurer. Quelqu’un vient de comprendre ce qu’il se passe et transmet l’information aux autres.
Rafael se précipite sur Christophe pour lui arracher le téléphone des mains. Ce dernier l’attrape par le col et le plaque contre le mur.
« Putain ! C’est pour ça que t’es aussi bizarre depuis tout ce temps ? Il te tient par les couilles ? Ou alors t’as tant aimé que ça te faire enculer par cette tafiole ?
Et alors ? » rétorque Rafael, criant à son tour. « Qu’est-ce que ça peut te foutre que j’ai aimé ça ? Qu’est-ce que ça peut te foutre que je sois tombé amoureux de lui ? »
Tout le monde se tait. Je suis pétrifié par la révélation de mon ennemi, et je ne suis pas le seul. Il continue :
« Qu’est-ce qu’tu vas faire maintenant, hein ? Je suis une putain de tafiole moi aussi ! Alors quoi ? Tu vas me casser la gueule ? »
Christophe le lâche. Rafael bombe le torse et son arrogance tant personnelle vacille dans ses yeux telle une flamme.
« T’en a même pas les couilles ! » nargue-t-il.
Le portable dans une main, Rafael s’approche de moi – toujours paralysé – et m’attrape par le poignet. Il me tire à sa suite et nous nous éloignons pour nous enfermer dans les sanitaires. Il me pousse au fond de la pièce carrelée et observe mon portable. Il regarde la fin du film. Puis il lève des yeux tristes sur moi. Je me ragaillardis devant sa mine défaite. Un sentiment de supériorité me submerge mais devant ma nouvelle attitude Rafael devient rouge de colère. Il se jette sur moi.
« Mais, putain ! Pourquoi t’as fait ça ? »
Je retrouve le Rafael d’antan, et je n’en mène plus très large. J’essaye cependant de garder un semblant de morgue.
« À ton avis ? »
Il me lâche et recule d’un pas. Il se sent fautif, je crois.
« Tu voulais te venger.
Ben, t’as trouvé tout seul.
Si tu voulais t’en te venger que ça, pourquoi tu ne l’as pas montré avant ? »
J’hausse les épaules pour lui répondre. Un sourire passe rapidement sur son visage mais ne s’y fixe pas. Il a cependant repris toute sa confiance en lui. Je peux le lire comme avant. Je retrouve le Rafael que j’avais toujours connu. Cette idée me réchauffe le cœur. J’ai presque envie de lui sauter dessus mais je n’oserai jamais faire le premier pas. À cet instant, il m’effraie un peu.
« Oublie ! Oublie ce que j’ai dit à Christophe. Oublie ce que je t’ai dit samedi. Oublie tout ça, ça ne sert à rien, » ordonne-t-il.
« Pourquoi ?
Parce que tu ne me pardonneras jamais pour tout ce que je t’ai fait.
Je n’ai jamais dit ça. »
Il me lance un regard interloqué, puis son sourire narquois se fixe sur son visage. Il s’approche de moi lentement.
« Tu pourrais ? »
Il m’intimide, comme avant. Je baisse les yeux et hausse les épaules. Il s’approche encore et prend mon visage entre les mains. Il me force à relever la tête et plante son regard brûlant dans le mien. Je suis tel un animal blessé et acculé. Il baisse légèrement les paupières et fixe mes lèvres tremblantes. Mon cœur bat à tout rompre. Ma gorge est sèche. Mes mains sont moites. Mon regard passe de ses prunelles à sa bouche sans savoir où se fixer. Je suis pétrifié. Ses lèvres s’approchent dangereusement des miennes et viennent s’y poser.
Je ferme les yeux avec force. Il reste un moment sans bouger, se contentant de ce simple contact timide. Il me caresse la joue tendrement. Il penche légèrement sa tête d’un côté et pince mes lèvres avec les siennes. Je m’accroche à ses bras comme pour l’empêcher de s’éloigner de moi. J’ai tellement envie de lui à cet instant. Sa langue vient humidifier mes lèvres et je les entrouvre. Je passe lentement mes bras autour de son cou en répondant à son baiser. Nos langues s’engagent dans une danse lascive. C’est tellement bon.
Il pose ses mains sur ma taille et plaque ses hanches contre les miennes. Je sens sa virilité durcie contre la mienne tout aussi gonflée. J’ai envie de sentir sa peau contre la mienne. Je désire le sentir tout entier mais je n’ose esquisser un geste. Rafael a reprit son rôle de dominant. Je n’ai pas la force de m’opposer à lui, de quelle que façon que ce soit.
Subitement, la coche annonçant le début des cours retentit. Rafael attend qu’elle finisse de sonner avant de s’écarter de moi. Il fixe son regard dans le mien.
« On reprendra plus tard, » dit-il en s’éloignant.
Mon corps crie mon refus. Ma conscience me hurle de le retenir. Cependant, je ne fais aucun mouvement alors qu’il franchit la porte en me lançant un dernier regard plein de sous-entendus et en léchant ses lèvres gonflées de désir. Je reste immobile quelques minutes tentant de reprendre mes esprits. Puis, je sors à mon tour des sanitaires pour rejoindre ma classe. Je suis le dernier à entrer dans la salle ce qui me permet d’éviter toutes questions gênantes.
Plus tard, lors de la pause matinale, Julian vient me voir furieux, non contre moi, mais contre Rafael. Ce dernier lui a tout raconté pour le pari.
« Je te jure que je ne savais pas. Il m’avait dit qu’ils ne l’avaient pas fait finalement, » se justifie-t-il.
« Je sais.
­­­- Mais si t’étais au courant, pourquoi tu m’as rien dit ?
C’est compliqué. Je ne savais pas trop où j’en étais. Et puis, je savais comment tu réagirais et je n’étais pas sûr de vouloir ça. »
Julian me sourit. Rafael nous rejoint.
« Qu’est-ce qu’tu lui veux à mon mec ? » demande-t-il à son ami.
Ce dernier se retourne surpris, et je suis tout aussi stupéfait que lui.
« Quoi ?! » s’exclame-t-il.
« Laisse-nous, » ordonne alors Rafael.
Julian m’interroge du regard et je lui fais un signe de tête lui assurant qu’il peut partir. Il s’éloigne. Rafael vient s’asseoir à mes côtés et passe une main sur mon dos. Je sursaute malgré moi.
« Je suis peut-être allé un peu vite, » conclut-il en ôtant sa main.
Ma peau me brûle. Elle réclame ardemment les caresses de Rafael. Je n’ose toutefois rien dire.
« Tu n’as pas répondu à ma question tout à l’heure. Tu pourrais me pardonner ?
Je ne sais pas, » lui réponds-je en lui lançant un regard suppliant.
Il me fixe. Il me caresse le dos une nouvelle fois, puis le visage. Je ne fais aucun geste pour l’arrêter. Il se penche sur moi et m’embrasse. Je sens des regards pesant se poser sur nous mais je n’y prête aucune attention. Puis, nous nous écartons l’un de l’autre et je viens poser ma tête sur son épaule. Il me laisse faire et continue de me caresser le dos.
« Je t’aime, » murmure-t-il.
Je ferme les yeux. Ces mots me font chauds au cœur mais je ne suis pas sûr de pouvoir les croire. Pourtant, il ajoute ces quelques mots qui me font sourire et m’apporte le bonheur :
« C’est ta vengeance. »


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La vengeance est un plat qui se mange... by LoalAnn est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Paternité-Pas d'Utilisation Commerciale-Pas de Modification 2.0 France.
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20 commentaires:

  1. Déjà la fin! Mais j'ai bien aimé l'attitude de Rafael. Il se fout du regard des autres et assume pleinement ce qu'il est.
    On comprend enfin pourquoi Aurélien était aussi cruel avec Rafael. Il ne supportait pas de le voir soumis.
    Les derniers mots de l'histoire "C'est ta vengeance" clotûrent bien l'histoire.

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  2. Merci, Ayase. En fait, je n'étais pas sûre que tout le monde comprenne ce que j'avais voulut dire par là.
    Enfin, je suis rassuré que tu trouves que cette dernière phrase soit assez concluante.
    Merci pour ton soutien, comme toujours.

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  3. J'aime beaucoup la fin , et , effectivement , la dernière phrase est bien trouvé !
    J'adore vraiment ton style d'écriture ^^ ( la preuve , je suis sur l'ordi en douce pour lire tes fics XD )

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  4. J'ai pu constater que tu étais à fond. Merci beaucoup pour tous tes commentaires et j'espère que mes autres fictions te plairont autant que celle-ci.

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  5. J'ai adoré!! tu écris super bien! ton histoire est bien faite, l'intrigue est simple mais tu ne la perd pas de vue, la psychologie des personnages est juste, entre le desir de vengeance puis le doute du personnage principal, ainsi que le côté arrogant paumé de Rafael. enfin ton style d'écriture est fluide et se lit avec delice. continue comme ca, moi je vais aller deguster tes autres fic comme la gourmande que je suis lol!!
    Bisous Aurelisa

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  6. Wawwww ! ça fait longtemps que je n'ai pas lu une histoire yaoi aussi bien et aussi bien écrite. Bravo ! J'ai adoré, je vais sûrement lire tes autres fictions, bonne continuation. Bisous, Kaori.

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  7. J'ai adoré, comme la première histoire ! Tu as un très bon style (d'ailleurs ton site ne va pas tarder à rejoindre la liste de mes favoris ^^)Bonne continuation =)

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  8. Trop kawaii !!

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  9. Merci pour tous tes commentaires et ces compliments. Je suis très heureuse de faire une nouvelle heureuse.

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  10. Moi aussi je suis fan de yaoi et j'adore ta nouvelle. Ton style d'écriture est super, j'ai accrocher dés le début. Les sentiments de tes personnages sont facilement compris. On est obligé de lire l'histoire en entier pour connaitre la fin. Je te souhaite une bonne continuation, j'ai hâte de lire d'autre de tes nouvelles.

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  11. Personnellement, j'ai bien aimé.

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  12. Génial ! Une fiction bien menée !
    Eva

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  13. J'adore tes histoires *^* elle on toujours une chute sympa

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  14. Dommage que les vengeances ne se terminent pas de la même façon :)

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