Pendant plusieurs jours, j’essaye d’éviter Rafael. Mais malgré moi, je ne peux m’empêcher de jeter des coups d’œil dans sa direction et à chaque fois, nos regards se croisent. Je ne le défis jamais de peur qu’il ne prenne cela pour une invitation à m’approcher. Depuis que je l’ai chassé en classe, il ne m’aborde plus. Mais c’est de plus en plus difficile de rester éloigné de lui car Julian n’arrête pas de me proposer de me joindre à eux. Je trouve à chaque fois une bonne excuse pour ne pas le faire mais il commence à se lasser de mes refus à répétition. Je n’ai pas envie de le vexer ou qu’il ne vienne plus me parler. Au bout d’un moment, il finit par craquer.
« Ok. C’est quoi ton problème ? T’es jamais dispo quand je t’invite mais tu l’es toujours quand c’est les autres. T’as un problème avec moi ?
- Non. Bien sûr que non. »
Je n’ose rien ajouter. Je n’ai pas envie d’aborder le sujet « Rafael ». Mais ça ne semble pas être le cas de mon ami.
« C’est à cause de Rafael ? »
Je hausse les épaules. Voilà que je m’y mets moi aussi. Je me donnerai des claques.
« Bon, d’accord. Qu’est-ce qu’il a encore fait ?
- Rien. »
J’étais à deux doigts de hausser encore les épaules mais je me suis retenu. Je comprends pourquoi Rafael fait ça maintenant. Il ne veut pas répondre à mes questions. Pourquoi ? Je ne sais pas mais je suis presque sûr que c’est pour ça. En tout cas, c’est pour cela que je le fais. Je n’ai pas envie de dire quoi que ce soit à Julian à propos du pari. Je ne pense pas qu’il m’en voudrait ou quoi que ce soit. En revanche, je suis presque sûr qu’il serait furieux contre Rafael. Toutefois, je suis confus et j’ai le sentiment que Julian n’est pas la bonne personne à qui en parler. Personne ne l’est d’ailleurs. Alors je préfère garder ça pour moi.
« Alors c’est quoi ?
- Rien. Je te promets que la prochaine fois que tu me proposes un truc, je ferais en sorte d’être dispo. Ok ?
- Tant mieux parce qu’on organise une soirée vendredi, chez moi. Ta présence est obligatoire. »
Je soupire. Je me suis fait avoir. En revanche, Julian a l’air d’être très fier de lui. J’acquiesce pour dire que je viendrais. De toute façon, je n’ai pas le choix. Puis, on passe à autre chose.
Le samedi, je me rends chez mon ami. Bien sûr, la petite bande de skateurs est là ainsi que beaucoup de personnes que je ne connais pas. À vrai dire, il n’y a personne que je connaisse à part Rafael et sa clique. Toutefois, je préfère lier connaissance plutôt que de m’accrocher à ces derniers. Puis, je décide de me saouler. Je sens ma Némésis me surveiller. Je suis un peu effrayé à l’idée qu’il tente quoi que ce soit. Alors, je me noie dans l’alcool. Je ne me sens pas à l’aise dans cet environnement inconnu et surtout avec mon ennemi aussi près. Ivre, je m’isole dans une chambre et je m’allonge sur le lit. La pièce est plongée dans le noir. Je m’endors.
Je sens quelque chose d’humide sur ma bouche, ainsi qu’une légère pression. À demi comateux, j’entrouvre les lèvres et une langue s’y glisse et vient caresser la mienne. Je ne sais plus où je suis. Je me laisse faire. La sensation est agréable. Puis la réalité me submerge et j’ouvre brusquement les yeux pour voir le visage de Rafael penché sur moi. Je le repousse violemment.
« Putain. Mais qu’est-ce que tu fous ? »
Rafael me regarde d’un air accablé. Il baisse ensuite la tête et hausse les épaules. J’explose et le pousse sur le lit. Assis à califourchon sur lui, je tiens fermement ses bras au-dessus de sa tête.
« Putain. J’en ai marre Rafael. Dis-moi ce que tu veux. J’en peux plus, d’accord ? Je ne sais pas à quel jeu tu joues mais t’as gagné, d’accord ? T’as gagné alors s’il te plait arrête. Qu’est-ce que tu veux, Putain ? »
Je suis épuisé, et l’alcool n’aide pas. Je pose ma tête sur son torse. Je n’ai même pas le courage de le regarder. J’ai dû lâcher la pression sur ses poignets parce qu’il se dégage et m’enlace. Il m’embrasse tendrement dans le cou. Je suis complètement désarmé. Je le laisse faire.
« C’est toi que je veux, » me murmure-t-il dans le creux de l’oreille.
Je relève brusquement la tête pour le regarder.
« Arrête tes conneries !
- Je suis sérieux. »
Je l’observe. Il n’y a pas si longtemps, j’aurai sans doute juré qu’il me disait la vérité mais là, je ne sais plus. Je ne suis plus sûr de rien. Des larmes d’épuisement et de frustration me montent aux yeux. Je bascule et me laisse tomber sur le dos. Je place le revers de mes mains sur mes yeux afin de les cacher. Rafael vient se coller à moi et m’embrasse dans le cou. Je ne le repousse pas. Je suis trop fatigué – physiquement, mais surtout psychologiquement – pour faire quoi que ce soit.
Mon adversaire glisse une main sous mon pull et me caresse le torse. Je ne ressens rien. Je suis autre part. J’ai l’impression d’être brisé. Rafael descend sa main et malaxe son sexe à travers mon jeans tout en continuant de m’embrasser dans le cou. Je crois qu’il me fait un suçon. Ces cajoleries n’ont aucun effet sur moi. Pourtant il s’attèle à défaire ma ceinture et les boutons de mon jeans. Il faufile sa main droite dans mon caleçon et prend mon pénis qu’il commence à branler mais je reste toujours aussi insensible. Je suis vraiment exténué.
Rafael ne veut pas se résigner et il se met à genou sur le sol, entre mes jambes qui pendent du lit. Il fait glisser mes vêtements de mes hanches et libère ma virilité. Il l’a prend dans sa main et commence à lui donner de petits coups de langue. Je demeure toujours aussi flasque. Il continue et me prend en bouche. Il s’acharne mais rien n’y fait. Excédé, je finis par le repousser.
« C’est bon. Arrête. T’es nul à l’oral. »
Je me rhabille et me retourne sur le lit. J’ai envie qu’il s’en aille. Cependant, je l’entends se recroqueviller aux pieds du lit. Puis, quelques minutes plus tard, je crois l’entendre hoqueter. Je pense qu’il pleure mais je n’en suis pas sûr. Je m’en moque. J’ai juste envie de l’oublier. Je me rendors.
Lorsque je me réveille, le lendemain matin, Rafael a disparu. Je vais dans le salon où mes camarades de classe sont déjà réveillés et discutent. Ma Némésis est là aussi, engouffré dans l’un des deux fauteuils. Julian est assis sur l’accoudoir de l’autre, et Christophe et Patrice occupent le canapé. Lorsqu’il me voit apparaître, Julian se lève.
« Salut ! Bien dormi ? » m’accueille-t-il.
Je hoche la tête pour acquiescer. Je me laisse tomber dans le canapé qu’il vient de libérer. Je pose mon coude sur l’accoudoir et appuie ma tête dans ma main. Sur la table basse, se trouvent les restes d’un carnage : deux briques de jus de fuit dont une est renversée, des miettes de pain éparpillées, un morceau de baguette, diverses pots de confiture ouverts, des couverts sales, du beurre entrain de fondre encombrent la surface du petit meuble.
« Tu veux manger ou boire quelque chose ?
- Ouais. J’veux bien un truc à boire, » réponds-je à Julian en sortant mon portable vibrant de ma poche.
Je regarde l’écran. Ma mère essaye de me joindre. Je fixe l’écran pendant quelques minutes. J’hésite à répondre. Le téléphone finit par arrêter de vibrer. Je vais pour le ranger mais Patrice m’arrête.
« Fais voir ton téléphone. Il a l’air plutôt cool. »
Je lui tends. Il le prend et commence à l’examiner. Il appuie sur les boutons. Christophe est penché sur son épaule et épie ce qu’il fait sans un mot.
« Putain ! Il est classe. En plus, tu peux faire des vidéos géniales avec ça… » s’extasie Patrice.
Là d’où je suis, je le regarde faire. Julian qui avait quitté la pièce, revient avec un verre propre. Il s’agenouille devant la table basse et me sert du jus d’orange qu’il me tend. Je le prends en le remerciant.
« Si tu veux des tartines, fais comme chez toi.
- Merci. C’est bon.
- Putain ! C’est quoi que t’a filmé ? Ce fichier pèse une tonne ! » s’exclame Patrice.
Je réalise soudain de quelle vidéo il parle. Je me lève brusquement, renverse Julian sur mon passage, et arrache le portable des mains de Patrice.
« C’est perso, » réponds-je aux regards interloqués.
« C’est bon, calme-toi. On va pas la regarder ta vidéo. De toute façon, le porno gay, c’est pas notre genre. »
Mon cœur bat la chamade. Je regarde l’écran de mon portable et suis rassuré de constater qu’ils n’ont pas eu le temps d’ouvrir le fichier en question.
« Qu’est-ce qu’y te fait croire que c’est du porno ? » demande-je qu’en même.
« Ben pour que tu t’excité comme ça, ça ne peut être que du porno. »
Je n’ajoute rien. Je me rassois dans le fauteuil et m’excuse auprès de Julian pour l’avoir bousculé. Il m’affirme que ce n’est pas grave, et nous changeons de sujet de conversation. Je reste un petit moment avec eux, plus pour faire plaisir à Julian qu’autre chose, puis, je rentre enfin chez moi.
Je suis content d’avoir évité le pire avec la vidéo. Allongé sur mon lit, je regarde le fichier et hésite à l’effacer. Si elle venait à tomber en de mauvaises mains, cela pourrait me nuire, et je ne suis pas sûr de vouloir me venger de Rafael. Je ne sais pas quoi faire. Je n’ai même jamais regardé cette vidéo. Ce n’était pas dans ce but que je l’avais faite : alimenter mes fantasmes sur ma Némésis. Je ne sais pas ce qu’on peut y voir, je ne peux que le deviner. J’ignore si on peut voir mon visage ou celui de Rafael. Je me souviens que nous avons couché ensemble la lumière allumée, mais je ne suis pas sûr que l’angle de la caméra fût le bon. En d’autres termes, je me suis précipité sur mon plan d’action sans réfléchir aux aspects techniques. Je me suis réjoui de son exécution sans savoir ce que j’avais entre les mains.
La vengeance est un plat qui se mange... by LoalAnn est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Paternité-Pas d'Utilisation Commerciale-Pas de Modification 2.0 France.
Basé(e) sur une oeuvre à lespetiteshistoiresdeloalann.blogspot.com.
Il est rancunier Aurélien! Mais en même temps, on voit bien qu'il ne cherche pas à se venger de Rafael ni à lui faire inutilement du mal puisqu'il ne souhaite pas montrer la vidéo.Il le protège tout en le blessant lorsqu'il fait un pas vers lui. J'ai l'impression qu'ils ont une relation du type SM (mais soft) : Aurélien est dur et cruel dans ses mots ce qui entraîne une plus grande soumission de Rafael ce qui énerve encore plus Aurélien... J'espère qu'ils vont sortir de ce cercle vicieux.
RépondreSupprimerP.S : tu as déjà pensé à poster tes fics sur fictionpress?
Merci Ayase pour ton com et pour répondre à ta question, j'y ai pensé et j'ai créé un compte hier mais apparemment il faut attendre 3 jours pour pouvoir poster alors j'attends
RépondreSupprimerD'accord alors j'ai été sur l'adresse que t'avais laissé, j'ai lu tes chapitres et j'ai plus qu'une chose à dire, t'es mon idole ! J'adore beaucoup beaucoup beaucoup tes histoires, jsuis fan =)
RépondreSupprimerMerci beaucoup, tu sais comment faire plaisir aux gens. Mais, tiens, c'est laquelle ta préférée?
RépondreSupprimeroulala très bonne question ... jcrois que c'est celle là =)
RépondreSupprimersuper fin, chui contente que ça finisse bien et puis ayase a raison, au moins raphael il assume et ça c'est super =)
Merci beaucoup
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