mercredi 30 septembre 2009

La vengeance est un plat qui se mange... (Fiction Yaoi) - Chapitre 04


Lorsque je me réveille quelques heures plus tard, Rafael n’a pas bougé. Je regarde son visage endormis. Il est tellement beau. Je m’attarde quelques minutes sur son doux visage. Tandis qu’on le regarde dormir, on aurait l’impression d’avoir affaire à un ange et non au démon qu’il est.
Mon Ange pousse un profond soupir dans son sommeil et je décide de me lever. Avec la plus grande précaution, je me dégage de ses bras et de son intimité. Fort heureusement, j’arrive à ne pas le réveiller. Je me rhabille en silence et récupère mon téléphone portable. J’éteins la fonction caméra avant de le mettre dans ma poche. Je récupère une feuille de papier sur son bureau et un stylo. J’écris ces quelques mots :
« Tu me dois 50 €uros.
Vu que c’est moi qui t’es baisé,
c’est moi qui gagne le pari, non ? »
Je pose la feuille sur le lit à côté de ma Némésis et je sors de la chambre en éteignant la lumière et fermant la porte derrière moi. Je rentre chez moi, satisfait. Pour la suite, il faut attendre lundi. Si Rafael essaye de me blouser, je ferai circuler la vidéo que je viens de faire à dans tout le lycée et sur Internet. Je me moque de l’argent mais je refuse d’être humilier à cause de ce pari. Alors, un film amateur où on voit clairement Rafael prendre plaisir à se faire prendre par un autre homme devrait avoir son effet. J’adore la technologie. Si l’expression « œil pour œil, dent pour dent » appartient à l’Ancien Testament, c’est grâce au XIXe siècle et ses avancées technologiques qu’elle peut s’appliquer à mon cas. Je jubile à l’idée que je vais enfin prendre ma revanche et je passe donc un dimanche tranquille. J’ai l’impression d’être heureux pour la première fois depuis longtemps.

Le lundi arrive. C’est avec un grand sourire que je salue tous mes amis. Je serre même la main de Julian devant Rafael et ses acolytes. Mon nouvel ami semble heureux de mon attention. En revanche, ma Némésis a l’air d’être d’une humeur de chien. Je suis décontenancé de ne pas entendre le rire gras de Christophe. Avant de me voir, il paraissait même content de lui. Je ne comprends pas ce qu’il se passe. Ce pourrait-il que Rafael leur ait dit qu’il avait perdu le pari ? J’ai du mal à la croire. Un sentiment étrange me vient alors que je pose mes yeux sur mon ennemi. Je le vois rougir lorsqu’il croise mon regard. Je suis perdu et ne sais plus du tout à quoi m’en tenir.
Je les laisse. De toute façon, si Rafael venait à se vanter d’avoir couché avec moi, je finirai par en avoir vent. Je mets donc en stand-by mon petit plan de vengeance. Je n’ai pas le cœur à l’exécuter si mon adversaire cesse de me tourmenter. En plus, il n’est pas au courant pour la vidéo, ça j’en suis sûr. Donc, s’il décide de se taire, ce doit être pour d’autres raisons et je finirai par découvrir lesquelles.
Pour cela, je n’eus pas à attendre bien longtemps. À la fin de la journée, tandis que je rentre chez moi, je suis surpris d’être rejoint par Rafael. Nous sommes loin du lycée et je sais qu’il n’emprunte pas ce chemin pour rentrer chez lui, son appartement étant dans la direction opposée. Dans une rue déserte, il m’arrête par le bras et je me tourne vers lui interloqué. Je n’avais pas remarqué qu’il me suivait.
« Il fallait que je te parle, » se justifie-t-il.
Pour la deuxième fois depuis que je le connais, il rougit. Je ne sais pas quoi penser. Il baisse les yeux. Il enlève une des bretelles de son sac à dos pour le placer devant lui. Il l’ouvre et commence à y chercher quelque chose. Il en sort son portefeuille dont il extirpe un billet de cinquante euros qu’il me tend.
« Ça reste entre nous d’accord ? »
Je prends le billet.
« Quoi ? T’es pas allé réclamer ton dû à tes potes ?
Non. Je leur ai dit que j’avais perdu.
Pourquoi ? »
Il hausse les épaules pour toute réponse et je ne sais vraiment pas comment interpréter son attitude. J’ai l’impression que cela n’a rien à voir avec la peur d’être exposé.
« C’est Julian qui te l’a dit pour le pari ? » demande-t-il pour détourner la conversation.
« Non. Je vous ai entendu à la fête de Marie. Si tu voulais pas que je le sache, fallait être plus discret. »
Il hausse encore les épaules et j’ai envie de la frapper. Sa soudaine timidité me rend fou de rage. Je viens à penser que je le préférais quand il était désagréable. Au moins, je savais à quoi m’en tenir. Refrénant ma fureur, je profite de l’occasion pour me renseigner.
« Julian était au courant du pari ?
Non. Enfin, au début si, mais après je lui ai dit qu’on l’avait pas fait, finalement. »
Il a l’air de vouloir se faire petit et j’ai l’impression de le dominer pour la première fois de ma vie. Il n’ose même pas me regarder dans les yeux. Le sentiment de victoire que j’attendais, je ne l’ai pas. J’ai envie de le secouer pour qu’il se réveille et qui redevienne comme avant.
« Et nous on fait quoi, maintenant ? » demande-je au bout d’un moment.
Rafael lève enfin les yeux vers moi. Il a l’air mi-content, mi-craintif. Cela ma déconcerte encore plus.
« Qu’est-ce que tu veux dire ?
« Ben, tu redeviens le vrai salaud que t’étais avant le pari ? Et moi, je redeviens ce crétin que tu détestes tant ? Ou on enterre la hache de guerre ? »
Il a l’air déçu par ma réponse et hausse une nouvelle fois les épaules. Je ne tiens plus et le prend par le col pour le plaquer contre un mur. On se regarde un moment mais j’ai perdu toute confiance en ma capacité à lire en lui comme dans un livre ouvert. Je n’arrive pas à franchir la barrière de ses prunelles scintillantes. Je finis par le lâcher et m’écarte de lui. Puis, je reprends mon chemin sans rien ajouter. Rafael ne me retient pas mais je le sens me suivre du regard. Je suis toujours autant en colère. Je ne sais plus quoi faire, quoi penser. Serait-il possible qu’il se joue de moi ? Aurais-je sous estimer ses talents d’acteur ?
Je rentre chez moi. Je passe la fin de journée et la soirée à essayer de trouver un sens à tout cela. La nuit venue, je n’arrive pas à dormir. Je m’agite dans mon lit. Le visage de Rafael refuse de quitter mon esprit. Je me remémore son expression lors de la jouissance et je commence à être excité. Je glisse une main dans le bas de mon pyjama et me branle. Les souvenirs de la nuit de samedi se bousculent dans ma tête. Mon cœur s’accélère. J’enfouis mon visage dans un coussin pour étouffer mes gémissements. Et alors que j’éjacule, je cris son nom. Pourquoi ? Pourquoi faut-il qu’il me fasse cet effet là ?
Le soleil finit par se lever et je n’ai pas fermé l’œil de la nuit. J’attends patiemment que mon réveil sonne pour me lever. J’accomplis ma routine matinale avant de retourner au lycée. J’ai d’énormes cernes sous les yeux. Plusieurs de mes amis s’inquiètent de ma mine fatiguée. Pendant la pause de dix heures, Rafael vient me voir.
Assis sur une marche de béton, j’ai le visage entre les mains et je sens mes yeux se fermer. Pourtant, je vois que quelqu’un me fait de l’ombre. Je relève la tête pour voir un Rafael penaud.
« Quoi ? »
Je suis encore furieux contre lui. Puis, j’espère aussi qu’en étant désagréable avec lui, il redeviendrait comme avant et je pourrais enfin dormir tranquille sans avoir à me poser une tonne de questions.
« C’est juste que t’as pas l’air bien. Alors je m’inquiétais.
Qu’est-ce qu’ça peut t’foutre ? »
Mon interlocuteur a l’air blessé par mes propos et j’enfuis mon visage dans mes bras pliés sur mes genoux. Comme je l’ai déjà dit, je n’ai plus confiance en mon jugement. Rafael m’a ôté cette assurance.
Cependant, bien loin de l’effrayer, mon attitude ne l’empêche pas de s’asseoir à côté de moi. Je tourne la tête pour le regarder. Il observe ses chaussures puis, se décide enfin à me faire face. Il me sourit timidement. Je pivote pour jeter un coup d’œil aux amis de ma Némésis qui nous regardent. Si Julian n’a pas l’air surpris et ne se préoccupe pas de nous, en revanche, Patrice nous observe étonné et Christopher nous lance des regards dégoûtés. Je me retourne encore une fois vers Rafael qui a dû suivre mon regard car il hausse les épaules. J’enfuis mon visage dans mes bras avec un rire nerveux. Qu’est-ce qu’il peut m’énerver quand il fait ça ! J’ai toujours autant envie de la frapper.
Nous passons la pause ainsi, sans un mot. Puis la sonnerie de reprise des cours retentit et je sens la main chaude de Rafael se poser dans le creux de mes reins. Je sursaute et me redresse. Je lui lance un regard furieux. Je crois qu’il est peiné de ma réaction. Il ôte rapidement sa main et se lève. Il m’attend tout de même pour retourner en classe. Sur le chemin, nous sommes rejoints par Julian. Par contre, les autres restent à l’écart.
« Et, Aurélien. On va au skate-parc après les cours, tu veux venir ?
Pas aujourd’hui, je suis crevé. J’ai qu’une envie, c’est rentré chez moi et me pieuter.
Qu’est-ce qu’y t’arrives ? T’as fait des folies de ton corps cette nuit ? » plaisante Julian.
Je vois Rafael sursauter du coin de l’œil et me regarder avec insistance. Qu’est-ce qui lui arrive encore ? Pour ma part, je ne peux qu’esquisser un sourire fatigué.
« Non. J’ai pas dormi cette nuit.
Ça va ? Rien de grave j’espère. »
Je sens que Rafael attend ma réponse à la question de son ami avec impatience et ça m’énerve. Pourquoi, depuis deux jours, j’ai autant envie de le cogner alors qu’en deux ans de persécutions, l’idée ne m’avait jamais effleuré ? J’essaye de ne pas trop y faire attention et poursuis ma conversation avec Julian.
« Non. Rien de grave.
Ouais. »
On rentre en classe. On s’assoit à nos places habituelles, sauf Rafael qui vient occuper le siège vide à côté de moi.
« Mais putain ! Qu’est-ce que tu veux à la fin ? » chuchote-je alors que le professeur rentre dans la classe.
Ma Némésis se lève et va s’asseoir à côté de Julian, comme à l’accoutumé. J’ai mal au cœur et pose ma tête entre mes bras sur la table. Quand je vois Rafael comme ça, je n’ai plus envie de lui faire du mal. Pourtant, j’ai l’impression que c’est ce que je fais. Je m’endors et ce n’est qu’à la fin du cours qu’une camarade me secoue l’épaule pour me réveiller. Je me sens un peu mieux d’avoir pu dormir au moins deux heures. Je continue ma journée sans tenir compte de Rafael et il ne revient pas me voir. C’est soulagé que je rentre chez moi en début d’après-midi afin de récupérer mes heures de sommeil en retard. Oubliant ma Némésis, je m’endors, affalé sur mon lit, s’en prendre la peine de me changer.



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3 commentaires:

  1. Hello! Quel retournement de situation. Maintenant, c'est Aurélien qui est le bourreau de Rafael. Le pauvre Rafael me fait même de la peine : il a perdu toute arrogance et fierté. J'espère pour lui qu'Aurélien n'y restera pas insensible. Vivement la suite!

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  2. Merci d'être là. Je travaille mes cours mais je me mets à la suite de mon histoire tout de suite après.

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  3. Wouaaaaaah !!... Ressaisit toi Aurélien °>.<° !! Et capte les " signes " que t'envois inconsciemment Rafael !

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