Rafael semble déçu que je ne m’asseye pas à côté de lui et il s’allonge sur le lit de telle façon que sa tête, posée sur son poing, se trouve juste derrière moi. Je ne peux plus le voir et je commence à être nerveux. Et si mon plan de fonctionnait pas ? De là où je suis, je ne peux même pas épier ses réactions. Cela m’inquiète parce que c’est mon seul point fort.
« Alors ? De quoi tu veux qu’on parle ? » demande-je en essuyant mes mains devenues moites sur mon jeans.
« Je ne sais pas. »
Je sens le bout de ses ongles jouer avec mes cheveux sur le bas de ma nuque. Je trouve qu’il est un peu rapide mais je préfère ça. Plus vite se sera fait, plus vite se sera fini.
« Qu’est-ce que tu fais ? » demande-je, mi amusé, mi méfiant.
Même si je souhaite que tout cela se termine rapidement, je ne peux pas me permettre de dévier du rôle que je me suis construit ou l’effet ne sera pas celui souhaité.
« Rien, » répond-il sans pour autant s’arrêter.
Je trouve notre conversation et l’approche de Rafael décevante. Ma Némésis est connu pour être un bourreau des cœurs, un mec tellement intelligent que je ne peux qu’être déçu par la réalité. J’en conclus qu’il lui suffit sans doute de dire « bonjour » à une fille pour qu’elle lui saute dans les bras et qu’il n’a pas vraiment besoin de perfectionner ses techniques de drague. Je passe outre. Après tout, ce n’est pas important pour ce que je veux faire. Il faut juste lui donner l’impression qu’il a réussi. Je le laisse donc continuer son petit manège.
Un moment passe et je me détends un peu. Il doit prendre ça pour un signal car je sens ses lèvres humides se poser dans mon cou. Je sursaute. Non, je ne feins pas. J’avoue que là, il m’a surpris. Je me retourne et le regarde. Il en profite pour m’embrasser. Une de ses mains collée derrière la nuque afin de m’empêcher de m’écarter, je sens déjà sa langue caresser mes lèvres. J’hésite à le laisser entrer. La sensation de ce baiser est agréable et je suis sur le point de perdre le contrôle. Je le repousse gentiment sans trop m’éloigner. Seulement quelques centimètres séparent nos deux visages et je sens son souffle chaud sur ma peau.
« Rafael ? Tu veux quoi exactement ?
- J’ai toujours voulu savoir ce que ça faisait d’être avec un mec. »
Je l’observe. Il dit vrai. J’en suis étonné.
« Une saine curiosité, hein ? » fis-je.
« Ouais. C’est ça. Puis, t’es pas mal pour un mec alors je me suis dit que ça pourrait le faire. »
Là, c’est à moi de jouer. Ce que je vais dire va le repousser dans ses retranchements. Soit il entre dans mon plan, soit il perd son pari. Dans les deux cas, il sera perdant. Ceci dit, je compte sur sa vanité pour ne pas refuser ma proposition. S’il la rejette, je ne gagnerai pas non plus et ça, c’est un problème.
Je baisse les yeux. J’ai quelque chose d’important à lui dire. C’est le sentiment que je veux lui faire passer. Il le comprend.
« Qu’est-ce qu’il y a ? Si ça t’embêtes tant que ça, c’est pas grave. Mais ça me ferait un peu chier, je dois te l’avouer. »
Il me caresse la nuque du bout des doigts. Je sens qu’il veut m’embrasser. J’ai l’impression qu’il ne joue qu’à moitié. Mais, moi, je suis dans mon rôle et je refuse de le quitter.
« Rafael. Il faut que je te dise un truc avant de continuer… »
Je plante mon regard dans le sien. Je me retiens pour ne pas le défier.
« Quoi ?
- Je suis actif. »
Ce n’est pas vrai mais Rafael ne le sait pas et je compte bien jouer là-dessus. Il me lâche et a un mouvement de recul.
« Quoi ? Qu’est-ce que tu veux dire ?
- C’est bon, panique pas comme ça ! J’ai pas dit que j’étais positif, juste que je suis actif. »
Il continue à me dévisager, interloqué. Il n’aime pas l’idée. Je peux le voir. Il réfléchit. Il ne sait pas encore s’il va continuer. Je n’en peux plus d’attendre. Je fais peut-être une erreur, mais il faut que je le persuade.
« Mais, si t’es toujours partant, ça peut être vraiment bien. »
C’était stupide de dire ça. Il ne va pas me sauter dessus après une avance aussi merdique. Je m’en rends compte mais j’ai la mauvaise habitude de parler sans réfléchir. J’aimerai qu’il pense à son putain de pari. Au moins, je serais sûr qu’il finirait par accepter. Je décide de laisser tomber. C’était une idée risquée de toute façon. Il y avait peu de chance pour que ça marche. Je me lève.
« Laisse tomber, » dis-je, prêt à rentrer chez moi.
« Attends. »
Il me retient par le poignet. Je devine qu’il pense à son pari. Mais il hésite encore.
« Ça marche, » me fait-il en me tirant à lui.
Je tombe sur lui. Je le sens légèrement trembler alors qu’il reprend notre baiser. Cette fois-ci, je laisse sa langue caresser la mienne. Je ne suis pas déçu. Il sait si prendre. Le meilleur baiser que l’on m’ait donné jusqu’à ce jour. Je glisse une main sous son tee-shirt et il frisonne. Je m’arrête, toujours dans mon rôle.
« T’es sûr que c’est c’que tu veux ? » lui demande-je.
Il acquiesce et nos bouches se retrouvent. Je m’allonge carrément sur lui et frotte ma virilité légèrement durcie contre la sienne. Je doute que cela lui fasse de l’effet – après tout, il n’est pas gay – mais je veux voir s’il en sera capable. Finalement, je suis surpris de sentir ses chaudes mains en bas de mes reins. Je me relève un peu et sort mon portable de ma poche.
« Quoi ? » demande-t-il, surpris par mon geste.
« Rien. Un message de ma mère.
- Alors c’est vrai ce qu’on dit sur les gays et leur mère ? »
Je trifouille dans mon portable et le pose de biais sur la table de chevet.
« Pas vraiment, » réponds-je en me rallongeant sur lui.
Nos langues s’entremêlent encore. C’est chaud, c’est doux. Il y a un arrière goût de whisky coca. Je faufile mes mains sous son vêtement et caresse la peau tendue de son ventre. Au fur et à mesure de mes cajoleries, je le sens se détendre sous mes doigts. Maintenant, je suis sûr qu’il est déterminé à aller jusqu’au bout. Je relève son tee-shirt jusqu’à ses aisselles. Je romps notre baiser pour embrasser son torse musclé où deux poils se battent en duel. Je me dis qu’il n’a pas fini sa croissance. Il me paraît si jeune tout à coup. Je jette un œil à ses expressions alors que je m’attarde sur l’un de ses tétons. Il a les yeux fermés. Il semble se concentrer sur les sensations que je lui prodigue. Ma langue joue avec le petit morceau de chair durcie. Je le mords doucement, le suçote. J’arrache à Rafael un premier gémissement. Je souris satisfait de mon effet. Je paris qu’il ne savait même pas qu’il pouvait aimer une chose pareille.
Je continue mes caresses, allant d’un téton à l’autre et Rafael pousse de longs râles de plaisir. Je le sens se durcir contre mon entre-jambe. C’est encore mieux que ce que j’avais imaginé. Il se laisse prendre au jeu. Cependant, j’ai un petit pincement au cœur à l’idée qu’il puisse penser à quelqu’un d’autre alors que je lui fais plaisir. Je perds un peu le contrôle et lui retire son tee-shirt avec un peu trop d’impatience. Il me lance un regard inquiet et je tente de me calmer. Je l’embrasse encore.
Timidement, il me caresse la peau du dos. Je le sens un peu perdu. Je sais que c’est à moi de mener la danse. Je me relève pour ôter mon débardeur, puis me repenche sur lui. Je l’embrasse dans le cou et il frisonne. Il m’encercle de ses bras, hésitant. J’ai presque de la peine pour lui. Je défais le premier bouton de son jeans, ce qui me permet d’y glisser une main agile. Je me saisie de son membre gonflé et commence à la branler doucement. Rafael gémit et gémit sous mes caresses. Sa voix est si exquise à entendre.
Je cesse mes gestes et lui enlève son pantalon. Je profite d’être debout pour retirer le mien. Puis, je reprends ma place aux creux de ses bras. Il ne reste plus que le fin tissu de nos sous-vêtements entre nos deux corps. Mais ils ne tardent pas à se retrouver au sol. On s’arrête un court instant où Rafael fixe mon phallus et prend réellement conscience de ce qui va suivre. Je lis une certaine frayeur dans ses yeux mais il ne se rétracte pas.
Je poursuis mes caresses sur le pénis engorgé de mon ennemi. J’humecte deux de ma main libre. Ma Némésis me regarde intrigué. Je lui souris et l’embrasse. Il se crispe un peu – d’appréhension sans doute – et j’attends qu’il se détende pour poursuivre. Ce qu’il ne tarde pas à faire alors que son sexe prend de l’ampleur dans ma main. J’insère un premier doigt dans son anus et je sens l’étau de chair se resserrer autour. Il me mord la lèvre de surprise et de douleur et le goût du sang se mélange à notre baiser. Il se relaxe peu à peu. Je commence à faire de lents va-et-vient en lui. J’appui légèrement sur la paroi de sa prostate. Son suc commence à couler sur ma main qui le branle. Je joue encore un peu avec son intimité puis y glisse un second doigt. Il se crispe et ne peut retenir un petit cri de géhenne ou de plaisir car il éjacule presque instantanément.
Je l’observe. Il est aussi surpris que moi de la réaction de son propre corps. Je suis attendri par le regard qu’il me lance. Je souris et l’embrasse tendrement. J’oublis presque mes intentions. Mais, je reviens vite à la réalité et bouge en lui lorsque je le sens prêt. On reste un moment à s’embrasser, mes doigts mouvant dans son être. Puis, je me retire et attrape mon jeans au sol. Je sors un préservatif de la poche. Je déchire l’emballage de mes dents et Rafael caresse mon torse du bout des doigts alors que je suis à califourchon sur lui. Je suis étonné de voir un réel désir dans ses yeux. Il a envie de moi. Il n’a plus peur tandis que je fais dérouler le préservatif sur mon phallus suintant. Je le sens se raffermir sous moi. Oui, Rafael a envie de moi et je vais le satisfaire.
Il a les yeux mi-clos et je prends conscience qu’il est ivre. Cela ne m’empêchera pas d’aller plus loin mais je me sens un peu blesser. Il a dû se saouler pour avoir le courage de coucher avec moi. Cette idée me fait mal.
Je m’agenouille entre ses jambes que je pose sur mes cuisses. D’une main, je prends mon membre et caresse du bout de mon gland, l’anus gonflé de Rafael. J’épie ses moindres réactions. Il continue de frôler mon buste du bout de ses doigts. Il semble m’attendre et je ne le fais pas patienter d’avantage. Je le pénètre d’une seule poussée et il réprime un cri de douleur, collant une main sur sa bouche. Je le sens se crisper autour de moi à tel point que ça me fait mal. Je ne bouge pas. Je me penche sur lui et embrasse tendrement ses paupières, son front, ses joues, son nez et enfin sa bouche lorsqu’il daigne ôter sa main.
Il se détend doucement et je peux commencer à bouger. Son intimité est serrée et chaude. C’est agréable. Moi qui n’ais pas l’habitude d’apprécier ce côté de la chose, je me vois commencer à l’aimer. Les jambes de Rafael se resserrent autour de mes hanches et je m’enfonce au plus profond de son être. C’est tellement bon que je ne peux m’empêcher de pousser un râle de satisfaction. Lui aussi, gémit, de plus en plus souvent et de plus en plus fort.
Je prends son sexe d’une main et le branle à la cadence de mes coups de reins. J’accélère peu à peu le mouvement et je sens que Rafael apprécie autant que moi. Les battements de mon cœur s’accroissent. Mon souffle se fait haletant. Mes joues s’empourprent. J’ai chaud et de petites gouttes humidifient ma peau brûlante. Je suis au bord de l’extase et ne fais plus vraiment attention à ma Némésis. Pourtant je sens un liquide chaud couler sur ma main dans un râle de plaisir. Au même moment, l’étau de chair autour de mon phallus se contracte et je jouis à mon tour. Je me laisse retomber sur le corps essoufflé de Rafael qui m’enlace. Alors que je tente de reprendre mon souffle, j’oublis ce stupide pari, j’oblitère mes envies de vengeance et me perds dans les bras de mon amant.
À cet instant, j’ai envie de l’aimer, de vraiment l’aimer et d’être aimé en retour. C’est sur ce sentiment que je me laisse lentement gagner par le sommeil.
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J'aurais pas cru que Mister arrogance serait aller jusqu'au bout. Belle narration de la scène en tout cas ~
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