samedi 24 octobre 2009

Et vous ?... II (Fiction Yaoi) - Chapitre 09


J’entrai dans le parc, seul. Des familles et des couples s’y baladaient sous la douce lumière du soleil, malgré le froid hivernal. Je repérai Roman assis sur un banc, un peu plus loin. Cette attitude qui le différenciait de son frère me frappa aux yeux, sans que je ne pusse l’expliquer. Il regardait les gens dans le parc avec une mine un peu perdue. Je m’approchai de lui et m’assis sur le banc.
« Hé ! » le saluai-je.
« Salut. Où est Roland ?
Il est allé chercher les petits déj’. On a pas eu le temps de manger. »
Il hocha la tête.
« Je suis désolé, » fit-il en regardant devant lui. « Je suppose que vous aviez mieux à faire.
Honnêtement. Dis rien à ton frère, sinon Il va piquer une crise. Mais ton coup de fil m’a arrangé. »
Du coin de l’œil, je le vis sourire.
« Pourquoi ?
Ben, tu peux peut-être comprendre, puisque t’es hétéro. Mais tu me promets de rien dire à Roland ? »
Il se tourna vers moi, intrigué.
« Promis, vas-y.
Ben, imagine un moment que tu te réveilles après ton coma et que d’un seul coup tu te sens attiré par des mecs, alors qu’avant tu n’étais attiré que par des meufs.
Ok, et alors ?
Ben, quand tu rencontres un gars sympa avec qui tu t’entends bien, même si tu en as envie, ça te gênerait pas un peu, tu sais, de… enfin, quoi, tu vois ? Tu comprends non ? Mais Roland, il a pas l’air de comprendre.
Je comprends pas. Qu’est-ce qui te gêne ?
Oh, c’est pas vrai ! Tu vas pas t’y mettre aussi ? J’arrive pas à…
De quoi vous parler ? » demanda la voix de Roland derrière mon dos.
Je me retournai vivement. Mon ami venait d’arriver, tenant une barquette où étaient fixées trois tasses à café dans une main et un sac au sigle de Mac Donald dans l’autre.
« De rien, » répondis-je.
Il me lança un regard soupçonneux avant de tendre la barquette afin que Roman et moi prenions chacun un gobelet. Je pris également celui de Roland afin qu’il puisse jeter la barquette en carton dans une poubelle à proximité. Puis, il posa le sac entre son frère et moi. Il me prit sa tasse des mains et s’assit sur mes genoux, faisant face à son jumeau.
« Bon, alors ? Qu’est-ce qu’y t’arrives ? » demanda-t-il en prenant une gorgée de café.
« J’ai couché avec Laurent, hier soir. »
Roland recracha sa boisson chaude de surprise. Nous nous retournâmes d’un même mouvement vers Roman qui regardait toujours au loin.
« Quoi ? » firent nos voix à l’unisson.
« Je savais pas que Laurent était gay, » ajoutai-je.
Il ne l’est pas, » répondit Roman. « Hier, après que vous soyez partis, on a fait la route ensemble puisqu’il n’habite pas très loin. On était plutôt bourré et il m’a invité chez lui. Comme le courant passé bien, j’ai accepté. On a continué à boire chez lui. »
Et ? » s’enquit Roland.
« Ben, on a couché ensemble, je t’ai dit, » s’énerva son frère, se tournant enfin vers nous.
« Mais, comment tu en es arrivé là ?
Ben, tu vas bien toi. T’es là à m’exploser ton bonheur à la figure. Je me sens seul et toi tu as Benjamin. Alors j’avais envie d’être heureux moi aussi. Alors, j’ai couché avec Laurent pour voir ce que ça fait.
Et ?
Ben, y’a rien à faire. C’est pas mon truc.
- Et t’as pas pensé à aller voir une fille plutôt ? Ce qui serait plus logique.
- J’étais bourré, ok ? »
Roland secoua la tête et repris une gorgée de café. Il me lança un regard de biais. De mon côté, je comprenais pourquoi Roman n’avait pas compris mes appréhensions vis-à-vis de son frère.
« Et Laurent, dans tout ça ? » demandai-je.
« Ben, rien. Il était curieux, lui aussi. C’était juste comme ça, quoi !
Et tu vas faire quoi, maintenant ? » s’enquit mon ami.
- Ben, rien. Qu’est-ce que tu veux que je fasse ?
- Si tu veux une copine, je peux essayer de t’arranger le coup, » proposai-je.
« Ouais. Tiens ! Il y a cette Claire, qui est plutôt jolie, » renchérit Roland.
« Non, pas Claire, » protestai-je.
« Pourquoi ? » m’interrogea mon ami soupçonneux. « Je croyais qu’elle te saoulait à toujours te tourner autour. Si elle se met avec Roman, tu n’auras plus ce problème.
Elle me saoule mais elle est trop chiante justement. Tu veux qu’en même pas que ton frère ce mette avec une fille pareille ?
Hé ! Je pourrais avoir mon mot à dire ? » intervint Roman.
« Oui, » répondis-je en me tournant vers lui. « C’est quoi ton genre de meuf ?
Ben, je sais pas. Des filles avec du caractère ?
Ok. Et puis ?
- Attends, » intervint mon ami. « Tu vas pas encore t’enticher d’une meuf qui va te mener par le bout du nez ?
- Tu t’es bien entiché d’un autre hétéro, toi, » répondit son frère.
Roland lui donna un coup de pied et lui lança un regard furieux. Mes yeux passèrent de mon ami, assis sur mes genoux, à son jumeau qui regardait ailleurs, faisant comme s’il n’avait rien dit.
« Un autre ? » demandai-je alors.
« Putain, tu n’aurai pas pu fermer ta gueule, » s’énerva Roland contre son frère. Puis, ce tournant vers moi, il me caressa le visage avec tendresse : « C’était il y a longtemps. Ça n’a rien avoir avec toi. Et va pas croire que c’est une habitude chez moi. Puis, ce matin, tu as dit que…
Ok, » le coupai-je afin qu’il ne revînt pas sur ce que j’avais avoué plutôt dans la matinée. « Donc, sinon, à part avec du caractère, tu cherches quoi chez une fille ? » demandai-je à l’autre frère.
Nous passâmes le reste de l’après-midi dans le parc, à discuter et à établir le profil type de la petite amie idéale de Roman. La conversation s’accentua de quelques disputes entre les jumeaux et de plaisanteries qui ne faisaient rire qu’eux. On pouvait voir que, malgré leurs différences, ils étaient sur la même longueur d’onde, et j’eus à plusieurs reprises l’impression d’être de trop. Cependant, à chaque fois que ce fût le cas, Roland m’embrassait ou me caressait les cheveux sous le regard jaloux de son jumeau. Je finis par rire de bon cœur avec eux. J’étais de plus en plus à l’aise entre les deux frères. Je prenais, de temps en temps, Roman comme allié afin de plaisanter aux dépends de mon ami. Comme Roland l’avait prévu, son jumeau et moi nous entendions à merveille. Puis, la timidité de Roman semblait disparaître à mon contact. Peut-être était-ce seulement du fait de la présence de son frère ? Mais j’aimais à croire que je n’y étais pas pour rien. Je m’habituai également aux gestes d’affection de Roland en public.
Cependant, en fin de journée, lorsqu’il fut temps de nous séparer, j’envoyai des regards suppliants à Roman afin qu’il retînt son frère qui souhaitait rentrer avec moi. Le jeune homme comprit mon message et persuada Roland de rentrer avec lui. J’articulai un merci de gratitude tandis que mon ami me tournait le dos. Lui et moi, nous nous embrassâmes avant de nous éloigner l’un de l’autre. Nous nous dîmes au revoir et rentrâmes, les frères de leur côté et moi, du mien.
Le dimanche, sans nouvelle, je regrettais mon petit jeu de la veille pour que Roland rentrât avec son jumeau. Il me manquait et n’avait pas pris la peine de m’appeler. Quant à moi, je n’avais toujours pas son numéro même si je lui avais donné le mien. J’espérais que Roman n’eut pas vendu la mèche. J’avais peur que ce fût pour cela que Roland ne m’appelait pas. Puis, je me giflai mentalement. Cela ne faisait qu’un jour que nous nous étions séparés. Je ne devais pas sauter aux conclusions. Il devait sûrement passer un moment agréable en famille. Je savais que je le verrais le lendemain. Je n’avais pas besoin de m’inquiéter.
La nuit venue, je rêvai encore de lui et me réveillai en sueur et excité. Je ne réussis pas à me rendormir. Je fixai la place que Roland avait l’habitude d’occupé quand il dormait chez moi, dans la semi-obscurité de la pièce. Le lit me semblait si froid sans lui à mes côtés. Je me collai le visage sur mon second oreiller, à la recherche de son odeur. Mon excitation se fit de plus en plus pressante. Tout en humant son parfum dont le coussin était imprégné, je glissai une main dans mon boxer et attrapai mon sexe. Doucement, je le caressai tentant de me rappeler des lèvres de Roland sur les miennes, de ses tendres caresses. Sa main vint remplacer la mienne alors que je fermais les yeux. Je gémis, tandis que cette main m’amenait lentement aux portes de l’extase. Je ne tardai pas à jouir.
J’attrapai un mouchoir qui s’échappait de la boîte en carton posée sur la table de nuit. Je m’essuyai la main. Puis, je posai le revers de mon autre main sur mon front, l’ongle de mon pousse grattant l’arête de mon nez. Je m’en voulais. Comment pouvais-je rejeter Roland alors que je me branlais en pensant à lui ? De quel droit pouvais-je lui faire une chose pareille ? Appréhensions ou non, il fallait que je satisfisse à ses attentes. Je ne pourrais plus faire attendre mon petit-ami ainsi. Petit-ami ? Avais-je réellement pensé le terme petit-ami ? Voyais-je réellement Roland comme mon petit-ami ?
Seul dans mon lit, je souris.
« Roland est mon petit-ami, » affirmai-je à haute voix.
Mon sourire s’élargit.
« J’ai un petit ami, » criai-je.
« C’est cool pour toi. Mais maintenant, ferme ta gueule, » hurla un voisin à travers le mur.
Je sursautai dans le lit, surpris par cette réponse que je n’attendais pas. Puis, je me mis à rire. J’avais sans doute perdu la tête. Je soupirai de désolation en me tournant une nouvelle fois vers la place vide à côté de moi. Roland me manquait.


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Basé(e) sur une œuvre à lespetiteshistoiresdeloalann.blogspot.com.

19 commentaires:

  1. Oooh trop bien Benjamin commence à accepter !

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  2. Ouais. Cette fois-ci je crois que c'est la bonne. On y est...

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  3. (Grand sourire) Ouais pareil pour moi!

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  4. Special l'attitude des deux là, Benjamin qui fait tout pour s'éloigner sans en avoir l'air et Roman qui couche avec un mec ...

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  5. M'enfin bref trop bien comme même =)

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  6. Ben, Pourquoi? C'est juste qu'à ce moment là, Benjamin a peur que Roland lui saute dessus. Et pour Roman, c'était juste pour essayé. Y'en a qui trouvent le besoin d'essayer. J'en connais même si perso, c'est pas mon cas.

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  7. C'est si inapproprié que ça leur comportement?

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  8. Non non t'inquiètes

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  9. =) C'est juste que .... que rien en fait ^^

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  10. Si tu as quelque chose à dire, dis-le. Tu ne me vexeras pas. Je suis toujours demandeuse de critiques constructives.

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  11. Non c'était la suite de mon commentaire mais t'as mis un truc entre ^^ & c'était juste que ça me faisait un peu bizare l'attitude de Benjamin, mais c'est compréhensible =)

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  12. Donc, tu m'assures qu'il n'y a rien à changer?

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  13. hey c'est ton histoire, & tu sais que moi j'aime et je trouve qu'il n'y a rien à changer =)

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  14. Ok, merci. Mais si tu as quelque chose à redire, n'hésite pas. Même si c'est pas pour ce chapitre là.

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  15. C'est bien que Benjamin soit rentré seul finalement. Il prend conscience du manque qu'occasionne l'absence de Roland et réfléchit plus posément à leur relation. Il sera peut-être moins réticent à aller plus loin la prochaine fois qu'ils se verront.

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  16. Hé! Hé! Hé! On verra, on verra...

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  17. J'ai bien rigolé avec le commentaire du voisin à la fin =D Et sinon, ben l'histoire est excellente comme d'habitude ^^

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