La lumière du jour inonda ma chambre et me réveilla. Doucement, je quittai les méandres du sommeil et le poids de mon corps se rappela à moi, ainsi qu’un odieux mal de crâne. J’ouvrai complètement les yeux et baissai la tête vers Roland. Il avait bougé durant son sommeil et se trouvait à présent allongé à mes côtés, la tête sur mon bras. Je profitai quelques minutes du magnifique spectacle que m’offrait son visage endormi. Il ressemblait à un ange. Je souris de contentement. Il gémit dans son sommeil. Le son qu’il produisit me rappela ceux que j’entendais dans mes propres rêves. Je me rendis compte que pour la première fois depuis longtemps, je venais de passer une nuit sans songe. De ce fait, aucune érection matinale ne se cachait dans mon jeans que je n’avais pas quitté.
En revanche, ma vessie m’était douloureuse. Avec une grande précaution, je tentai de me dégager de l’étreinte de Roland. Mes efforts furent vains. Il se réveilla.
« Tu vas où ? » murmura-t-il à demi-endormi.
« Aux chiottes.
- Tu fais chier, » gémit-il en se retournant dans le lit.
J’achevai de me lever et allai dans la salle de bain. Je revins quelques minutes plus tard et regardai l’heure. Il était midi passé. Par chance, je n’avais pas cours avec quinze heures. Je pris une aspirine pour mon mal de tête avant de m’attelai à préparer du café.
« Tu veux du café ?
- Ta gueule, » grogna Roland en mettant un oreiller sur sa tête.
« Désolé.
- Putain tu fais chier, » fit-il en se relevant dans le lit quelques minutes plus tard. « Maintenant, je suis complètement réveillé.
- Désolé. Alors du café ?
- Ouais. S’il te plaît.
- Et une aspirine peut-être aussi ?
- Ouais. Aussi. »
Il se leva et s’approcha de moi. Je lui tendis un cachet avec un grand verre d’eau qu’il prit. Il me fit une grimace enfantine et bu le médicament. Je souris.
« T’avais pas cours, ce matin ? » lui demandai les mains posées sur le plan de travail, regardant les gouttes de café tomber dans la cafetière.
Il passa derrière moi et m’encercla de ses bras. Il posa sa tête contre mon dos.
« Non. J’ai pas cours aujourd’hui. Et toi ?
- À quinze heures, seulement. »
Doucement, il fit glisser ses mains sur mon torse et les faufila sous mon pull. Je l’attrapai par les poignets pour l’arrêter.
« Tu fais quoi là ? » l’interrogeai-je.
« Ma promesse ne tenait que pour hier soir. »
Je le devinai aisément entrain de sourire derrière moi.
« Tu sais, » ajouta-t-il. « Tu devrais te laisser aller un peu. Peut-être que tu n’es pas gay mais en attendant, je sais que t’étais pas contre hier soir. Puis, les mecs qui sont gays seulement quand ils sont saouls, j’en ai jamais entendu parler.
- T’as peut-être raison, » fis-je en me dégageant de son étreinte.
Je savais que son raisonnement était probant. Je commençai peu à peu à me faire à l’idée de cette nouvelle sexualité. Cependant, j’avais encore des réticences et n’étais pas prêt à tout lâcher.
Roland s’écarta de moi. Je sortis deux tasses d’un placard et arrêtai la cafetière. Je nous servis avant de me retourner et de tendre une des tasses à mon ami.
« Quoi ? C’est tout ? » s’étonna-t-il.
« Tu veux du sucre ou du lait ?
- Joue pas au plus con avec moi. Tu sais très bien ce que je veux dire, » s’énerva-t-il en prenant enfin la tasse que je lui tendais. « Merci.
- Mais qu’est-ce que tu veux que je te dise ? » m’irritai-je à mon tour. « J’ai pas l’intention de faire mon coming-out ou quelque chose comme ça, ok ? Et c’est pas pour ça que je suis venu vers toi. »
Le ton monta vite. Nous nous mirent à crier l’un sur l’autre.
« Alors c’est pourquoi ?
- J’en sais rien, ok ? J’en sais rien. Et puis, tu m’emmerdes avec tes questions. On s’entend bien, non ? Pourquoi t’as besoin d’aller chercher des problèmes là où y’en a pas ?
- Parce que j’en envie d’autre chose qu’un pseudo ami. J’ai envie de t’embrasser, de te toucher, de coucher avec toi. Et me dis pas que t’en as pas envie toi aussi. Alors qu’en est-ce que tu accepteras ce que tu es plutôt que de te cacher derrière tes "je ne suis pas gay" ?
- Mais je ne le suis pas. »
Roland posa sa tasse.
- C’est bon. J’en ai marre, » déclara-t-il en se retournant. « Je m’en vais. »
Il prit sa veste et s’en alla en claquant la porte derrière lui. Je ne fis rien pour le retenir. Je poussai un soupir de frustration. Pourquoi cela devait-il toujours se passer ainsi ? Pourquoi cherchait-il toujours la bagarre ? Et pourquoi ses mots me faisaient-ils aussi mal ? J’avais tellement envie de la chaleur de son corps contre le mien. Je poussai un juron en jetant mon café dans l’évier. Il me manquait déjà. Pourquoi étais-je donc incapable de le reconnaître ? J’avais envie de lui, j’avais besoin de lui mais, je ne pouvais toujours pas admettre ma prétendue homosexualité. Que me restait-il à faire ? Comment me sortir de ce dilemme ?
Je délaissai cet enchevêtrement de sentiments contradictoires et me décidai à aller en cours. Durant les jours suivants, je ne fis aucun geste à son encontre. Je l’admirais de loin, espérant qu’il finirait par faire le premier pas. Je ne pouvais qu’attendre. Il m’était impossible de lui donner ce qu’il attendait de moi. Peut-être étais-je en tord dans cette histoire ? Peut-être aurais-je dû me laisser aller comme me l’avait dit Roland ? Mais tout ce que cela impliquait m’effrayait. Je préférais me voiler la face et m’enfouir dans ma petite vie morne et insensée. Je me cachais derrière mes amis, nos sorties et mes cours. Toutefois, Roland s’était trouvé une place de choix dans ma tête et refusait d’en être délogé.
Dès que je le voyais, toujours seul, dans les détours de l’université, je me surprenais à le détailler avec envie. Mon cœur battait alors plus fort. Mes mains devenaient moites. Sa chaleur me manquait. Je désespérais de le voir me sourire à nouveau de sa mine taquine. L’éclat de ses yeux vert ne se posait plus sur moi. Mon cœur me faisait souffrir. J’étais à l’affût du moindre geste, de la moindre attitude qui me permettrait de l’approcher.
Cette opportunité finit par se présenter quelques semaines plus tard. Assis avec mes camarades nous discutions et rigolions tandis que je pouvais garder un œil sur Roland, installé sur un banc, un peu plus loin. Il venait de recevoir un appel auquel il était entrain de répondre. Un fil de sa conversation avec son mystérieux interlocuteur, je constatai son visage s’affaisser. Des larmes commencèrent à couler sur ses douces joues. Cette vision me brisa le cœur.
Le monde disparut autour de moi. Je ne voyais plus que ce jeune homme en peine. Je me levai brusquement devant l’étonnement général. D’un pas rapide, je me dirigeai vers Roland qui avait raccroché et cachait son visage entre ses mains. Je me mis à courir jusqu’à ce que je fusse arrivé à sa hauteur. Sans un mot, je m’agenouillai en face de lui et le pris dans mes bras. Je ne voulais pas le voir ainsi. Je souhaitais qu’il sourît non qu’il pleurât. Ses mains quittèrent son visage et s’accrochèrent à mon blouson ouvert. Il posa sa tête contre mon torse et je sentis mon pull s’humidifier. J’avais mal. J’avais envie de pleurer, de hurler de le voir ainsi. Je lui caressai tendrement le dos et les cheveux. Il sanglota un moment à l’abri de mes bras. Puis, ses larmes se tarirent, et il releva la tête. Ses yeux encore humides se fixèrent dans les miens. J’essuyai les sillons de pleurs sur ses joues.
« Comment tu fais pour toujours être là quand j’en ai besoin ? » me demanda-t-il en esquissant un sourire triste.
Je ne lui répondis rien, me contentant de regarder dans ses prunelles. Puis, lentement, j’approchai mon visage du sien et déposai un chaste baiser sur ses douces lèvres. Doucement, je bougeai contre sa bouche. Il passa ses bras autour de mon cou et entrouvrit ses lèvres, caressant les miennes de sa langue. Cette dernière se fraya un chemin jusqu’à sa jumelle qu’elle chatouilla, embrasa, enlaça. Mon souffle se fit plus court et j’eus de plus en plus de mal à respirer. Je ne lâchai pas Roland pour autant. Je resserrai mon étreinte autour de son corps fin. Mon cœur palpitait. L’excitation montait en moi.
Nous finîmes par nous détacher l’un de l’autre. Il posa son front contre le mien et me sourit. Je sentais qu’il était sur le poing de me poser une question à laquelle je n’aurai pas de réponse. Je préférai le devancer.
« Qu’est-ce qu’il se passe, Roland ? Qui c’était au téléphone ? »
Son regard s’assombrit. Il était à deux doigts de fondre en larmes à nouveau.
« Mon père.
- Dis-moi.
- Roman doit encore se faire opérer. »
Je me levai et lui tendis une main.
« Viens. On y va. »
Il me regarda un moment avant de prendre ma main. Il se redressa à son tour et nous prîmes la direction de l’hôpital, main dans la main, nos doigts entrelacés.
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ah ah !!!!
RépondreSupprimerdéjà 6 chp... ou ha la !! j'ai pas encore commencé !! je reviendrai poster un pti com qd j'aurai lu !!
RépondreSupprimerms déjà merci pour continuer nous faire partager tes ecrits BL !
tam
Pas de problème. C'est un pour moi aussi. Sinon, je ne le ferais pas : Je ne suis pas aussi gentille.
RépondreSupprimerBenjamin ne peut plus se mentir sur ses sentiments envers Benjamin. On dirait bien qu'il vient de franchir ne étape dans son acceptation de son homosexualité.
RépondreSupprimerJe voulais dire ses sentiments envers Roland mais tu l'avais sans doute compris.
RépondreSupprimerJ'avais compris mais leur couple n'est pas encore fait. Il va falloir attendre encore un peu.
RépondreSupprimera yé ! je viesn d'arriver au chp 6 et pr un petit retour en arriere (non toi pa ssadique !! meme si ta replique ma fait rire !! c'est bien qu ils se sopinet endormi sur un baiser !!)
RépondreSupprimerdonc jusque là : j'adore !
continue !
tam
Merci Tam même si je n'ai pas tout compris.
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