mercredi 21 octobre 2009

Et vous ?... II (Fiction Yaoi) - Chapitre 05


J’entrai dans l’université avec vingt bonnes minutes d’avance sur mon horaire de cours. Pour mon plus grand malheur, Claire arriva en même temps que moi. Je me posai sur l’un des aménagements devant notre bâtiment et ma camarade s’installa à mes côtés. Au bout de cinq minutes seulement, je ne supportai déjà plus de l’entendre parler de ses petits soucis quotidien. Je contemplais mes baskets, perdu dans mes pensées, et espérant que son jacassement cessât.
« Salut. »
Je levai des yeux pleins d’espoir vers mon sauveur. J’étais à deux doigts de lui sauter au cou. Claire s’était enfin tu. Roland se trouvait devant moi, les traits tirés par la fatigue et la tristesse.
«  ! Ça va ? » demandai-je inquiet.
« Ouais, » répondit-il en se forçant à sourire.
« Je croyais que tu ne le connaissais pas vraiment, » fit Claire question de dire quelque chose.
« Ben, maintenant, je le connais. »
Je me levai, pris mon sac et m’éloigner avec Roland.
« Quoi ? On peut même pas se voir devant tes amis ? » s’énerva-t-il.
« Quoi ? Non. C’est juste, elle. Je profite que t’es là pour me débarrasser d’elle. Elle me tape sur les nerfs. Puis, sois pas aussi parano.
Hum. »
Il pencha la tête alors que nous nous accolions à un mur. Il ne s’excusa pas. Et s’il y avait une chose que j’avais pu noter chez lui, c’était qu’il n’était pas du genre à demander pardon. Il assumait. Du moins, c’était comme cela que je l’envisageais.
« Comment va ton frère ?
Toujours dans le coma. Dis, t’as quelque chose de prévu pour ce soir ? »
Vraisemblablement, il ne souhaitait pas que l’on parlât de son frère. Je décidai donc de respecter ses vœux.
« Nop.
Tu veux pas qu’on aille se bourrer la gueule quelque part ?
Si tu veux, » répondis-je sans le regarder.
« Et y’a moyen que je crèche chez toi après ? Si je rentre bourré à la maison, mes parents vont faire un scandale. C’est ça de toujours habité chez ses vieux.
Ouais, » acquiesçai-je soupçonneux. « Mais…
T’inquiète pas. Je ne te sauterai pas dessus. Promis. »
Je me rendis compte que durant toute la conversation, il avait parlé d’une voix morne, ce qui me permit de conclure qu’il n’avait effectivement aucune arrière pensée. Je confirmai donc par un « Ok ! ». Il me paraissait si peiné à cet instant que j’avais envie de le prendre dans mes bras pour le consoler.
« Pourquoi tu ne te prends pas un appart’ si ça t’ennuie d’habiter avec tes parents ? » l’interrogeai-je, curieux.
« On devait en prendre un avec mon frère. Puis, il est tombé dans le coma. Je pouvais pas laisser mes parents. Et je crois que si je le faisais maintenant, ma mère ne le supporterait pas. Puis, en plus, il n’y a pas de raison que je prenne un appart’. Mes parents habitent pas très loin de la fac’. Et toi, comment t’a fait pour les décider à te lâcher après ton coma ?

Tu sais pour le coma ?
Tu me l’as dit, le premier soir où on s’est rencontré.
Ha ! C’est vrai, » me rappelai-je avant de poursuivre. « Quand je me suis réveillé, c’était un peu le boxon. Avant mon accident, mes parents formaient un couple heureux et bien sous tout rapport. Puis, à mon réveil, ils s’étaient séparés. Ils ne se parlaient plus et ne supportaient plus de se voir. En fait, ils ne venaient même plus à l’hôpital de peur de se croiser là-bas. Alors quand j’ai vu ça, je leur ai dit que je préférai prendre un studio. Ils ne pouvaient qu’accepter, donc ils payent chacun la moitié du loyer.
Ouais, le pied ! »
Son ton de voix n’avait toujours pas changé. Il était toujours aussi morose. Je souris un peu malgré moi.
« Ouais. Si tu veux, » répondis-je à mon tour.
Nous restâmes en silence à regarder dans le vide jusqu’à ce qu’il fût l’heure d’aller en cours. Nous nous séparâmes et nous donnâmes rendez-vous en ville en fin de journée.
Le soir venu, nous nous retrouvâmes et prîmes une table dans un bar bondé. Nous ne fîmes pas attention aux regards des autres. Malgré sa promesse, Roland fleuretait avec moi. Je le laissai faire. Moi aussi, je commençai à apprécier ce petit jeu entre nous : les regards lancés de biais, timides, les sourires gênés, les mains qui se frôlaient. Nous parlâmes beaucoup et j’en appris d’avantage sur mon nouvel ami. Et plus j’en savais, plus je l’appréciai. J’étais même jaloux de sa façon de s’exprimer avec autant d’honnêteté. Lorsque je lui en fis la remarque, il me répondit que la vie était trop courte pour s’embarrasser de manières. Mais il était parfois trop direct à mon goût. Il me fit rougir à plusieurs reprises en m’avouant qu’il avait envie de moi. J’essayai de lui faire les gros yeux afin qu’il cessât. Je ne devais pas être très convainquant, et je n’étais moi-même pas certain de vouloir qu’il arrêtât.
Ce fut donc totalement ivres – comme il avait été convenu au départ – que nous nous retrouvâmes allongés sur mon lit en fin de soirée. Nous n’avions pas pris la peine de nous déshabiller. En dépit des avances de Roland, il ne s’était rien passé et j’avais fait attention à ne pas dépasser la limite d’alcool qui me faisait perdre mes inhibitions. Après que nous ayons ri comme deux enfants sans que je ne me souvinsse de la raison, je me mis sur le côté, mon bras sous ma tête afin de le regarder. Ses yeux commençaient à se fermer. Je le trouvais magnifique.
« Quand mon frère se réveillera, il faudra que je te le présente. Je suis sûr que vous vous plairez, » fit-il d’une voix à demi endormie.
« Euh ! Qu’est-ce que tu veux dire ? »
Les mains callées derrière la tête, il tourna son visage vers moi.
« C’est toi qui devient parano, là. Mon frère n’est pas gay. Ce que je veux dire c’est que je suis sûr que vous seriez de très bons potes. »
Je souris de ma suspicion. Après tout, il avait raison. Combien de chance y avait-il pour que deux membres d’une même famille fussent homosexuels ?
Il tourna la tête, regardant le plafond. Je continuai à l’observer. J’avais de plus en plus de mal à me retenir de le toucher. J’avais envie de faire glisser mon doigt sur son profil, dessiner les contours de son front large, l’arrête de son nez, les rondeurs de ses lèvres à semi-ouvertes. Ses lèvres ! Elles étaient tentatrices. Elles avaient l’air savoureuses et douces. Elles l’étaient de ce dont je m’en souvenais.
« Parle-moi de ton frère, » dis-je sans cesser de fixer sa bouche.
Il me lança un regard intrigué avant de répondre à ma requête.
« Et bien, tu vois, on a beau être jumeaux, on ne se ressemble pas du tout. Quand tu dis que je suis trop honnête, c’est pas du tout le cas de mon frère. Il est du genre plutôt timide. Mais quand il se décoince, ça déménage, » ajouta-il en souriant. « On est tout le temps entrain de rigoler. Il est le pro de la bonne blague. Il adore faire des farces à nos parents. Il a même réussi à leur faire croire qu’il avait raté son bac’ pendant une semaine. Mon père était à deux doigts de le foutre à la porte en le voyant nonchalamment errer dans la maison alors que les rattrapages approchés. Il a finit par cracher le morceau. Et de savoir que c’était un blague n’a pas vraiment fait plaisir à mon père.
Tu m’étonnes !
En revanche, il n’est pas du tout impulsif. Il réfléchit toujours à ce qu’il fait. Il a toujours les meilleures notes aussi. Il bosse comme un forcené. Puis, il est aussi super méchant avec les gens qu’il n’aime pas. Il faut mieux pas l’embêter. Je ne sais pas trop quoi te dire d’autre, » ajouta-t-il en se tournant vers moi.
D’un geste incontrôlable, je replaçai une de ses mèches derrière son oreille.
« Et maintenant, c’est qui qui fait du charme à l’autre ?
Désolé, » fis-je en baissant les yeux.
Je me tournai pour me mettre sur le dos. Quelques secondes plus tard, je sentis Roland bouger à côté de moi. Puis, je le vis se pencher sur moi. Il m’embrassa. Je le repoussai gentiment.
« Tu avais promis, » l’arrêtai-je.
« Tu ne peux pas m’en vouloir après ce que tu viens de faire. »
Il m’embrassa à nouveau. Je ne le rejetai pas cette fois-ci. À quoi bon ? C’était agréable et j’en avais envie. Pourquoi me priverai-je ? Nos lèvres se murent doucement. Roland posa une de ses mains sur mon torse pour prendre appui. Puis, je sentis sa langue tenter de franchir la barrière de ma bouche qui j’entrouvris pour lui en donner l’accès. Il caressa ma langue de la sienne avec tendresse. Elles s’entremêlèrent dans une danse lascive. Avec lenteur, mon ami vint s’allonger sur moi. Je l’encerclai de mes bras. Nous continuâmes à nous embrasser avec délectation pendant un moment. Puis, Roland quitta pas bouche et nicha sa tête dans mon cou. Il y déposa de doux baisers. Je sentis son souffle se ralentir peu à peu. Il s’endormit, sa respiration caressant ma nuque et je ne tardai pas à faire de même, mes bras enlaçant son corps frêle.

Mot de l’auteur : Ha ! Ha ! Ha ! Vous y avez cru ? Vous y avez cru ? Et bien vous ne l’avez pas eu ! Je sais, je suis sadique.


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Basé(e) sur une œuvre à lespetiteshistoiresdeloalann.blogspot.com.

6 commentaires:

  1. Rho la la !!! J'ai tout lu d'un coup mais vraiment, j'adore, AUSSI, cette histoire !

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  2. Aaaaah je vois que je suis pas la seule ;) J'aime toujours autant, mais là j'ai vraiment un faible pour Roland ! On en sait plus sur lui et jlaime *.* Le coma de son frère il va se finir comme par hasard apres que Benjamin ai accepté leur relation ?
    C'est vrai que ça doit être dur de se dire comme ça, BOUM, du jour au lendemain, j'suis homo, alors je trouve la réaction de Benjamin normale ...

    Hate de lire la suite ( commee toujours ^^ )

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  3. Alors pour répondre à ta question sur le coma de Roman, c'est non. Il n'y a pas de mystère de ce genre derrière son coma.
    Et merci pour ton commentaire.

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  4. J'aime beaucoup Roland : c'est à la fois un séducteur et un grand enfant qui a besoin d'être protégé. La fin de ce chapitre ne me déçoit pas parce je sais qu'avec un peu de patience un beau lemon ne tardera pas à tomber. Et puis, le passage où ils s'endorment dans les bras l'un de l'autre est tellement émouvant que ton "sadisme" est largement pardonné.

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