« Deux pichets de bières s’il vous plaît, » criai-je presque afin de me faire entendre de la jeune serveuse derrière le comptoir dans le bar bondé.
Des camarades de classe et moi avions décidé de profiter de l’happy hour pour nous installer dans ce bar. J’avais été désigné comme le premier à passer commande pour l’ensemble de notre petit groupe. Accoudé au comptoir, j’attendais patiemment que l’on me servît. Je ne faisais pas réellement attention à ce qu’il se passait autour de moi. Pourtant, du coin de l’œil, je vis quelqu’un se faufiler à côté de moi. Je n’eus aucun mal à le reconnaître, d’autant plus que depuis ma dernière visite à l’hôpital, je ne rêvais plus que de lui. Il refusait de quitter mes songes à tel point que je finissais par ne penser plus qu’à lui. Je tournai ma tête vers le nouvel arrivant et me figeai. Ma bouche s’ouvrit toute seule et mes sourcils s’arquèrent de surprise. Que faisait-il ici ?
Hébété par cette présence plus qu’étonnante, je ne vis pas la serveuse poser les deux pichets de bières que j’avais commandés sur le comptoir, ni l’entendis m’annoncer à plusieurs reprises ce que je lui devais. Devant mon manque de réactions, le jeune homme que je ne pouvais quitter du regard se retourna vers moi et fronça les sourcils d’incompréhension. Puis, il sourit et se pencha vers moi. Je ne bougeai pas mais me sentis rougir tandis qu’il s’approchait de mon oreille. Je déglutis avec difficulté.
« C’est quatre euros, » me dit-il.
Je sentais son souffle chaud contre ma peau et une vive excitation s’empara de moi. Je réalisai enfin ce qu’il venait de dire.
« Quoi ? »
Je me tournai vers la serveuse qui me fixait, visiblement irritée. Je lui donnais son dû avant de reprendre ma contemplation de jeune homme. Ce dernier passa commande à son tour.
« Tu es sorti de l’hôpital. C’est génial, » lui dis-je afin d’entamer la conversation.
Il me lança un regard interrogateur.
« Je suis passé à l’hôpital l’autre jour et je t’ai vu. Je suis un peu surpris de te voir ici. Ils m’ont gardé un long moment après que je sois sorti du coma, moi. Tu as de la chance. Mais depuis quand tu es réveillé ? »
Le visage de mon interlocuteur s’assombrit. Il paya la serveuse et prit la boisson qu’il avait commandée.
« Ce n’était pas moi, » me répondit-il avant de tourner les talons et de rejoindre ses amis.
Je le suivis du regard tandis qu’il s’éloignait. Puis, j’entendis que l’on appelait. Je tournai la tête pour voir que mes camarades m’attendaient et montraient des signes d’impatience. Je pris les deux pichets, toujours sur le comptoir et rejoignis leur table.
Durant toute la soirée, je ne pus m’empêcher de jeter de nombreux regards au jeune homme qui ressemblait trait pour trait à celui que j’avais vu quelques jours plus tôt. Je n’arrêtais pas de me poser des questions à son sujet. Qui était-il ? Pourquoi refusait de dire qu’il avait été dans le coma ? Pourquoi me lançait-il ces regards appuyés ? Mon intérêt pour lui ne passa pas inaperçu.
« Tu le connais ? » me demanda l’une de mes camarades prénommée Claire qui passait le plus clair de son temps à me draguer.
« Quoi ? Qui ?
- Ce mec que t’arrêtes pas de mater depuis toute à l’heure et qui te lance des regards langoureux.
- Quoi ? Arrête. C’est ridicule.
- Vraiment ? Je ne crois pas. Ce mec te déshabille littéralement du regard.
- Tu rêves, » répondis-je en me tournant vers le jeune homme en question.
Nos regards se croisèrent et je sentis la chaleur monter en moi. À bien y réfléchir, c’était vrai que sa façon de m’observer n’était pas innocente. Mais je refusai de l’admettre. Pourtant, le désir pour cet homme ne cessait de grandir en moi. Je détachai mes yeux des siens et me retournai vers Claire.
« Alors tu le connais ?
- Pas vraiment, » répondis-je en jetant à nouveau un coup d’œil le beau jeune homme par-dessus mon épaule.
Je n’arrivais pas à me contrôler. Il attirait mes yeux tel un aiment.
« Qu’est-ce que ça veut dire ? » demanda ma camarde.
« Rien. »
La jeune femme ne me lâcha pas de la soirée. Aussi, je fis des efforts surhumains afin de me contrôler et ne pas me retourner sur cet inconnu qui me faisait envie. Saoul et fatigué, je me décidai à rentrer chez moi vers une heure du matin. Dès que j’annonçai mon intention de partir, Claire sauta sur l’occasion pour prétexter une soudaine envie de s’en aller. Ne souhaitant pas terminer ma soirée avec elle, je ne lui laissai pas le temps de prendre ses affaires et de dire au revoir. Je la plantai là et sortis sans l’attendre.
Après avoir quitté le bar, je marchais, ou plutôt titubais en direction de l’arrêt de tram le plus proche lorsque quelqu’un m’arrêta et me tira dans une ruelle sombre. Ne voyant pas mon agresseur, je tentai de me débattre mais j’étais trop saoul pour y parvenir. La peur s’empara de moi. Mon souffle se fit plus court.
« T’en as mis du temps à sortir, » me dit-il.
L’homme me plaqua contre un mur et je pus voir son visage qui me souriait. Je me rassérénai. Il s’agissait du jeune homme que je n’avais cessé de regarder toute la soirée. Je lui souris à mon tour, et dans un geste incontrôlé, je lui caressai la joue du revers de ma main. Il se pencha sur moi et m’embrassa. J’ouvris des yeux ronds de surprise et me raidis. Je ne m’attendais pas à cela. Cependant, le contact de ses lèvres contre les miennes était agréable. Je me laissai faire et fermai les yeux. J’oubliai qu’il s’agissait d’un homme. J’oubliai que je n’étais pas gay. J’oubliai où j’étais. Le monde qui nous entourait disparu. Je m’imprégnai de la douceur de son baiser. J’entrouvris légèrement les lèvres et glissai ma langue entre les siennes. Nos langues se caressèrent, se mêlèrent dans une danse lascive et pleine de promesses.
Sous le coup des effets de l’alcool, je ne me contrôlais plus. Je l’agrippai par la taille et le plaquai contre moi. Je l’embrassai presque avec violence tandis que l’excitation grandissait dans mon bas-ventre. Au fur et à mesure que notre baiser se prolongeait, mon érection devenait de plus en plus douloureuse. Le jeune homme glissa ses mains sous mon pull et m’extirpa quelques frissons de plaisir. Ses mains étaient chaudes contre ma peau. Puis, il s’engagea à défaire ma ceinture et les boutons de mon jeans qu’il fit tomber sur mes chevilles. Il quitta mes lèvres, et je gémis de frustration. Il s’agenouilla alors en face de moi me lançant un regard provocateur. Je me mordis les lèvres à l’idée de ce qui allait suivre.
Il dégagea mon phallus de mon boxer et le caressa de la paume de ses mains. Je penchai la tête en arrière d’extase. Je sentis son souffle chaud effleurer mon membre gonflé. Je poussai un râle de plaisir. Doucement, il posa de petits baisers sur cette partie de mon anatomie. Puis, il vint en taquiner le gland du bout de la langue. Je me laissai submerger par les sensations enivrantes qu’il me procurait. Je sentais mes jambes sur le poing de flancher tandis qu’il me prit dans sa bouche. Je gémis encore et m’aidait du mur afin de ne pas m’écrouler.
Si la fellation avait été un art, il en aurait été le maître. Jamais on ne m’avait donné autant de plaisir avec ce simple acte. D’une main, il encercla ardemment mon sexe à son origine et lentement fit remonter le sang qui le gonflait jusqu’au gland que sa langue continuait à chatouiller. Puis, lorsque sa main fut arrivée à destination, son autre main prit le relais dans un même mouvement. Poussivement, il continua ses caresses féroces, une main après l’autre. Les battements de mon cœur accéléraient de plus en plus. Mon front se faisait moite. Je pouvais sentir des perles de sueur glisser le long de ma nuque. Mon souffle était haletant tandis que je ne cessai de gémir mon plaisir. J’étais sur le point d’exploser. L’extase me secoua de spasmes violents alors qu’il s’empara de mes bourses et les massa. Je jouis dans sa bouche. Il se délecta de ma semence, et continua à lécher mon membre toujours un peu dur afin de n’en laisser aucune trace. Je le regardai faire. Puis, il se releva et m’embrassa. Je découvris pour la première fois le goût de mon propre sperme, et étrangement, je ne fus pas écœuré.
Nous restâmes un long moment à nous embrasser. Il s’écarta ensuite et me sourit. Puis, il s’en alla sans dire un mot. J’étai trop hébété par ce qu’il venait de se passer pour tenter de le retenir ou même lui demander son nom. Que venais-je de faire ? Ou plutôt que venait-il de me faire ? Comment en étais-je arrivé là ? Comment avais-je pu prendre du plaisir sous les caresses d’un homme ? Comment même avais-je pu bander en embrassant un homme ? Peut-être était-ce dû à l’alcool ? Ou peut-être que les rêves que je faisais en étaient la cause ? Mais d’où me venaient tous ces songes, de toute façon ? Comment tout cela était-il possible ?
Ma tête commençait à me faire souffrir tandis que les effets de la trop grande quantité de bière que j’avais bue ce soir-là s’estompaient peu à peu. Je me rhabillai non sans peine et quittai à mon tour la petite allée pour rentrer chez moi.
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Joli passage lemoné! Cet inconnu ne serait-il pas le frère jumeau de celui qui est plongé dans le coma? Je suis étonnée qu'il n'ait rien demandé en retour de sa fellation mais la suite nous en apprendra peut-être un peu plus sur ce mystérieux personnage.
RépondreSupprimerS'il n'a rien demandé en échange, c'est parce que, pour lui, c'était un petit plaisir qu'il voulait faire à ce mec qu'il ne connait pas et qui lui plaisait et parce qu'à lui aussi, ça lui a plu. Bien sûr, ça tu ne peux pas le savoir parce que tu ne peux pas voir les pensées des autres personnages, c'est l'un des inconvénients à écrire à la première personne.
RépondreSupprimerJe suis contente que ça t'ai plu et je ne répondrais pas à ta question, question de garder la surprise pour la suite, pour toi et pour les autres aussi.
OoOoOoh un nouveau chapitre ! & très réussi je dois dire =) j'en connais des comme Claire et c'est vrai qu'elles sont particulièrement lourdes !
RépondreSupprimerIl a beau être bourré, il se laisse bien faire lui pour un hétéro ...
Vivement la suite =)
Merci pour le compliment. Je fais de mon mieux pour vous satisfaire.
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