mardi 20 octobre 2009

Et vous ?... II (Fiction Yaoi) - Chapitre 03


Je courrais presque dans les couloirs de l’hôpital. Tel un fou, j’ouvrais chaque porte que je croisais à sa recherche. Dès que je le vis sortir d’une chambre un peu plus loin, je me précipitai vers lui. Je l’attrapai par le col et le plaquai contre le mur. Il me regarda d’un air mi-surpris, mi-terrorisé.
« Qu’est-ce que vous m’avez fait ? Qu’est-ce que vous m’avez fait ? » martelai-je en le secouant.
J’avais presque les larmes aux yeux. J’étais sur le point de m’effondrer. Je savais pertinemment qu’il n’y était pour rien, qu’il n’était pas la source de mon problème. Je le savais mais j’avais besoin d’évacuer ma frustration et malencontreusement, elle avait tendance à me rendre violent.
Il posa ses mains sur les miennes toujours accrochées à son col. Avec fermeté, il se dégagea de mon emprise. Je lui lançai un regard enragé.
« Benjamin. Calmez-vous. Que vous arrive-t-il ? »
Je posai ma tête contre son torse et ne contrôlai plus mes glandes lacrymales. Je fondis en larmes, secoué par de nombreux spasmes. Il m’entoura de ses bras et me tapota dans le dos pour me consoler. Puis, il me repoussa doucement et son bras autour de mes épaules, me contraignit à la suivre tandis que je cachais mon visage dans mes mains.
« Venez. On va parler de tout ça. »
Il me fit rentrer dans une pièce. Cela ressemblait à une salle de repos. Il me fit asseoir sur un canapé et s’installa à mes côtés. Il me laissa me calmer en me caressant le dos d’une main réconfortante. Mes larmes se tarirent et j’essuyai mes joues humides d’une main rageuse. C’était la première fois depuis mon enfance que je pleurais, du moins en présence de quelqu’un d’autre. Je n’étais cependant pas le genre à fondre en larmes tous les soirs dans mon lit non plus : il me fallait une bonne raison. Et à cet instant, j’avais une bonne raison.
« Que vous arrive-t-il ? » me demanda le quinquagénaire au bout d’un moment.
« Justement, c’est ça le problème. Je ne sais pas. Je… »
Je serrai les poings et la mâchoire. Ce qui m’arrivait été difficile à vivre alors comment en parler à quelqu’un ?
« Expliquez-moi, » m’enjoignit-il à poursuivre.
Il me caressa encore le dos et je me rendis compte de sa présence, trop près de moi à goût. Je me levai brusquement et allai m’asseoir face à lui. Les coudes posés sur les genoux, les mains jointes, je baissai la tête pour ne pas le dévisager. Il avança une main vers moi mais je reculai en lui lançant un regard pour transmettre ma pensée : « Ne me touchez pas ! » Il fronça les sourcils. Je ne savais pas si c’était parce qu’il ne comprenait pas ou si c’était qu’il était furieux et se doutait que son homosexualité était en cause. Il se laissa choir contre le dossier du canapé, visiblement irrité et je sus que c’était la deuxième possibilité. Cependant, il ne quitta pas la pièce. Il resta assis en face de moi et m’observa en silence. Il se passa de longues minutes d’attente avant qu’il ne se levât, vraisemblablement agacé, et se dirigeât vers la porte.
« Si tu ne veux pas parler, je ne peux rien faire pour toi. »
Il était passé au tutoiement. Le fait que je ne voulusse pas qu’il me touchât à cause de son homosexualité l’avait incontestablement énervé. Je pouvais le comprendre. Il avait dû faire face à beaucoup d’incompréhensions au cours de sa vie. Alors peut-être pouvait-il comprendre que je ne voulusse pas que l’on me regardât comme je l’avais regardé, il y avait quelques minutes de cela.
Alors qu’il posait une main sur la poignée de la porte, je le retins.
« Attendez. Je ne suis pas gay, d’accord ?
Et moi, je le suis. C’est ce qui te pose un problème ? » demanda-t-il furieux, en se retournant vers moi.
« Non. Ce n’est pas ça. »
Je ne mentais pas. Je me moquais éperdument de ses préférences sexuelles. Mon problème était ailleurs.
« Depuis quelques temps, je fais des rêves.
C’est pas nouveau. Tout le monde en fait. »
Même si sa voix s’était calmée, je le savais toujours autant agacé. Il ne bougeait pas d’où il était, ne faisait aucun mouvement pour s’approcher de moi. Je fixai mon regard dans le sien, le mentant au défi.
« Oui. Mais moi, je n’avais jamais rêvé de coucher avec un mec.
Alors c’est ça ?! Tu crois que j’y suis pour quelque chose ? Que je t’ai transmis le virus de l’homosexualité ?
Non. Je sais que vous n’y êtes pour rien, » répondis-je en baissant la tête.
« Et puis, ce ne sont que quelques rêves. Il ne faut pas que tu t’inquiètes pour ça. Ça passera. On ne devient pas gay du jour au lendemain.
Alors pourquoi je n’arrête pas de penser au mec que j’ai vu dans le coma l’autre jour ? Pourquoi, hier soir, je l’ai laissé me tailler une pipe et j’ai aimé ça ? Pourquoi…
­- Quoi ? Attends ! Qu’est-ce que t’as fait ? »
Il eut l’air paniqué par ma révélation. Il sortit de la pièce précipitamment. Je le suivis, inquiet. Il longea le couloir et entra dans une chambre. J’y pénétrai à mon tour et reconnus l’endormi comme étant celui de la dernière fois. Comment cela était-il possible ? Je l’avais vu hier et il était en pleine forme. Et surtout, il était réveillé. Est-ce que ce qui s’était passé la veille n’était qu’un rêve ? J’étais pourtant sûr de l’avoir vécu.
« Roland. Je suis heureux de vous voir. Je suis persuadé que vos visites font beaucoup de bien à votre frère. »
La voix de l’aide soignant s’était un peu calmée ou du moins, essayait-il de le faire paraître. Je réalisai que nous n’étions pas seuls. Je posai mon regard sur la silhouette d’un jeune homme assis sur un tabouret roulant auprès du lit, qui tenait la main du comateux. Je reconnus ses cheveux auburn. Il tourna son visage vers moi. Ses yeux s’arrondirent de surprise. Puis, il se reprit et me sourit.
« Salut, » fit-il. « Hier soir ne t’a pas suffi. Tu en redemandes ? » me demanda-t-il une lueur lubrique dans les yeux.
L’aide soignant dut comprendre son allusion car il poussa un long soupir de soulagement. Moi, en revanche, j’étais loin d’être rassuré.
« Je-je… » balbutiai-je.
Mes yeux passèrent de l’endormi à son frère. C’était les mêmes : le même front enfantin, les mêmes sourcils fins, les mêmes cils longs et épais, le même petit nez étroit, les mêmes lèvres pleines et légèrement rosées, et les mêmes boucles auburn qui encadraient leur magnifique visage. Une panique injustifiée s’empara de moi. J’étais sur le point de faire une crise d’angoisse. J’avais du mal à respirer. Ma tête bouillonnait. Le sang tapait violemment contre mes tempes.
Dans un mouvement rapide, je fis volte face et m’enfuyais à toutes jambes. S’en était trop pour moi. Je n’étais pas prêt pour tout cela. Je n’étais pas encore prêt à le revoir, lui, toujours aussi attirant. Je n’étais pas prêt à sentir le désir monter en moi à nouveau. Les images de la vieille passaient devant mes yeux alors que je courrais tel un fou pour m’éloigner le plus vite possible de lui. Je perdais pied. Je ne contrôlais plus rien.
Je disparus quelques jours de la surface de la terre. Je m’enfermai dans mon petit studio, désertant les cours et refusant de répondre au téléphone. Je reçus plusieurs appels inquiets de mes parents et de Claire, ainsi que de quelques camarades de classe. Je n’en pris connaissance qu’à la fin de mon hibernation. Pendant, presque une semaine, je n’avais pas quitté mon lit et les évènements récents ne cessaient de tourner dans ma tête. Puis, lorsque je me sentis prêt à regagner le monde, je sortis de mon lit, allai prendre une douche – et j’en avais bien besoin – et pris le chemin de la faculté.
Je fus accueilli par des exclamations et des applaudissements devant la galerie des amphithéâtres. Claire me sauta littéralement au cou pour me demander où j’avais bien pu passer. Je la décrochai de ma nuque et m’avançai vers mes autres camarades, serrant la main aux garçons, faisant la bise aux filles.
« Et ben ! T’es enfin de retour ? On te croyait mort ! » fit l’un d’entre eux.
« J’étais cloué au lit avec la grippe, » mentis-je.
Il était hors de question que je leur disse la vérité. Il avait été assez difficile de me confier à un homosexuel affirmé que je ne risquais pas de croiser, pour révéler quoi que ce fût à des personnes que je fréquentais quotidiennement.
« Et le téléphone ? Ça existe non ? » me reprocha Claire. « Si j’avais su, je serais venue te tenir compagnie. »
J’avais envie de lui répondre que je ne tenais pas à sa compagnie, qu’elle me tapait sur les nerfs, mais je n’étais pas du genre à être méchant sans raison. Je haussai les épaules et regardai au loin en espérant éviter la question. Je me sentis devenir livide.
« T’es sûr que ça va mieux ? T’as une sale tête, » s’inquiéta l’un des garçons.
« Ouais, ouais. Ça va. J’ai un peu le vertige s’est tout, » répondis-je en baissant les yeux sur lui.
Je levai à nouveau la tête pour constater que la cause de mon malaise n’était pas une hallucination. Il était bien là, assis sur une marche, à l’écart des autres, le nez plongé dans un bouquin, des écouteurs dans les oreilles. Le visage… - et bien, je ne savais pas quelle tête j’avais à cet instant – je le regardais sans faire attention à ce qu’il se disait à côté de moi. Claire dut remarquer quelque chose car elle me sortit de ma rêverie.
« Eh ! C’est pas le mec de l’autre soir ? »
Je me tournai vers elle, surpris d’avoir été découvert et un peu affolé. Par chance, ce fut à cet instant que le professeur arriva et nous dûmes tous aller en cours. Je ne répondis donc pas à sa question. Mais, Claire était du genre persistant. Elle s’installa à côté de moi. J’allai devoir supporter ses bavardages pendant deux heures, ce qui ne m’enchantait guère. Elle m’avait énervé et si elle continuait, je risquais de devenir cruel.
« Alors ?
Quoi !? » m’exclamai-je sur un ton agacé.
« Ben, c’était pas le mec de l’autre fois ? Tu sais, le mec que tu ne connais pas vraiment et que tu n’arrêtais pas de mater.
Je ne le mâtais pas et j’en sais rien. Tu me saoules. »
Elle parut comprendre le message car elle ne m’adressa plus la parole de toute la journée. Il me semblait que je l’avais vexée et je fus heureux d’avoir un peu de repos. Cependant, cela ne dura pas bien longtemps puisque lorsque nous sortîmes tous en boîte de nuit le samedi soir suivant, elle ne cessa de se coller à moi alors que nous dansions, tentant de m’allumer. Ce qui fut loin d’avoir pour effet de m’exciter. Je ne savais plus comment m’en débarrasser.
Durant la semaine qui suivit, je ne cessai de croiser le jeune homme auburn sur le campus. Dès qu’il était à portée de regard, je pouvais sentir mes poils s'hérisser, et ce, même si je ne l’avais pas encore vu. Il était toujours seul. À bien y réfléchir, l’unique fois où je l’avais vu accompagné était ce soir-là, au bar, lors de notre première rencontre. J’étais surpris de le voir aussi solitaire alors que ce fameux soir, il avait l’air d’être le genre de personnes à toujours avoir une flopée d’amis.
Cependant, malgré toutes les interrogations qui tournaient dans ma tête à chaque fois que mes yeux se posaient sur lui, je l’évitais soigneusement. À aucun moment je n’eus l’impression qu’il avait remarqué ma présence. Si quelque part j’en étais un peu dessus, j’étais également soulagé de ne pas croiser son regard. J’avais fini pas m’habituer à sa présence. Je continuais toujours à faire ces rêves troublants à son propos mais à ça aussi, je mis été – en quelque sorte – habitué. Ma vie avait un peu repris un cours normal. Je passai mon temps entre les cours, les révisions et les sorties entre amis. Je ne retournai pas non plus à l’hôpital. Je n’avais pas le courage de faire face à l’aide soignant après notre dernière discussion et j’avais peur de croiser mon mystérieux amant d’une nuit.
Pourtant, environ un mois plus tard, alors que j’attendais le début d’un cours, je pris mon courage à deux mains et m’avançai vers lui.


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Basé(e) sur une œuvre à lespetiteshistoiresdeloalann.blogspot.com.

7 commentaires:

  1. Je l'ai guettée avec impatience cette suite!
    Je ne sais pas si l'inconnu ignore délibérément Benjamin mais si c'est le cas c'est ingénieux. Il lui laisse ainsi prendre l'initiative de faire le premier pas et ça semble marcher. Reste p^lus qu'à espérer que Benjamin ne va pas se dégonfler à la dernière minute.

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  2. Alors non ce n'est pas délibéré et pour la suite, j'espère la poster bientôt. Donc patience...

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  3. J'aime bien. fais quand même attention à ton ortographe et aux fautes au niveau du vocabulaire ex : dans l'avant-avant dernier paragraphe ça m'étonnerait que ses poils "s'irisent" ils doivent plustôt s'hérisser et dans celui d'après c'est "je m'y était habitué" et pas "je mis était habitué" mais ça ne change rien à l'intérêt de l'histoire, c'est juste un peu désagréable à lire

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  4. Je me fais un point d'honneur a faire attention à l'orthographe. Je relis toujours mes textes une fois avant de les publier. Malheureusement, on a beau se relire, ça ne suffit pas toujours et je dois avouer que l'orthographe n'est pas mon point fort. Donc, merci d'avoir relevé ces fautes que je vais corriger et si tu en vois d'autres, n'hésite pas.
    Mais je suis d'accord avec toi, lire un texte truffé de fautes est désagréable, c'est pourquoi j'essaye d'y faire attention.
    Sinon, je suis contente que l'histoire t'es plu.

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  5. Par contre, je n'ai pas trouvé le "je m'y était habitué", mais il y a un "je mis été – en quelque sorte – habitué" dans l'avant dernier paragraphe.
    Et j'ai corrigé le "s'hérisser".

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  6. c'est de ça dont il s'agissait le "je mis été -en quelque sorte- habitué" j'avais juste oublié de relever la paranthèse mais franchement par rapport à plein d'autres histoires truffées de fautes tu n'en fais pas beaucoup

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  7. Oui mais tu avais écrit "je m'y était habitué" alors que je n'avais pas écrit ça. La bonne orthographe y était déjà.
    Et merci d'avoir remarqué mes efforts sur ce point.

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