vendredi 16 octobre 2009

Et vous ?... II (Fiction Yaoi) - Chapitre 01


Mot de l'auteur : Bonjour à tou(te)s mes fidèles lecteur(rice)s et aux nouveaux(elles) aussi,
Voilà le tome 2 de Et Vous ?… qui reprend le même principe que le précédant, soit un homme qui raconte son histoire à on ne sait qui (identité dévoilée à la fin). Vous pourrez retrouver certains des anciens personnages en tant que personnages secondaires, mais il n’est pas obligé d’avoir lu le premier volume pour comprendre, celui-ci.
De plus, si l’idée générale de cette fiction me paraissait drôle, le ton du récit reste très sérieux, je préfère rester dans ce que je fais de mieux.
Ceci dit, j’espère que cette nouvelle fiction vous plaira autant que la première et sans plus attendre, je vous laisse à votre lecture.

« Alors, comment se passe votre intégration à l’université, Benjamin ? »
Assis sur un fauteuil inconfortable, je faisais face à mon psychiatre, coincé derrière un bureau imposant en chêne brut. La pièce était décorée de multiples diplômes et de dessins d’enfants. Une large bibliothèque occupait tout un pant du mur derrière le fauteuil du médecin. Une odeur de tabac froid embaumait la petite pièce. Je me sentais mal à l’aise et ce, pour deux raisons : la première était que je n’étais pas du genre à confier mes sentiments et que je ne comprenais pas pourquoi on m’obligeait à consulter un psychiatre, et la seconde était que je ne voyais pas pourquoi il fallait que ce fût un psychiatre spécialisé dans la petite enfance. J’avais tout de même vingt-deux ans.
Le jour de l’obtention de mon baccalauréat, j’étais parti pour aller faire la fête avec des amis mais je n’étais jamais arrivé à destination : accident de la route. Un chauffard avait grillé un feu rouge et m’avait embouti. À la suite de quoi, je suis resté dans le coma pendant un peu moins de quatre ans. Il y avait de cela six mois, je m’étais réveillé, et un mois que j’avais pu reprendre une vie normale en entrant à l’université. À mon éveil, les médecins avaient crié au miracle. Plus personne ne croyait à ma guérison, mis à part, un vieil aide soignant qui avait passé beaucoup de temps à mon chevet, de ce qu’on m’en avait dit. Après cela, les docteurs avaient insisté pour que je restasse à l’hôpital cinq mois de plus afin que je récupérasse de mon sommeil prolongé. Quelle ironie !
« Bien. Ça va bien, » répondis-je au médecin qui hocha la tête en griffonnant quelques notes dans son calepin. « C’est un peu bizarre de me retrouver avec des personnes plus jeunes que moi et de voir mes amis en Master, mais je m’y fais. »
Le psychiatre continua à écrire en laissant échapper des « hm-hm » qui se voulaient engageant à continuer la conversation. Qu’est-ce que je pouvais détester ça ! C’était le mauvais stéréotype du psychologue qui, d’un moment à l’autre, allait me demander : « Et qu’avez-vous ressenti à ce moment là ? » Pathétique ! Mais c’était toujours mieux que d’imaginer mon médecin me tendre une feuille vierge et me demander de dessiner mes rêves. Parce que là, j’aurais pu le voir rougir.
En effet, depuis quelques temps, mes rêves étaient étranges. Je faisais des songes qui ne me ressemblaient pas. Ce n’était pas que je n’avais jamais fait de rêves érotiques, cependant, ils n’avaient jamais été aussi puissants et surtout, aussi dérangeants. Comme n’importe quel jeune homme de mon âge, j’avais eu ma part de relations amoureuses et parfois sexuelles avec quelques petites-amies au cours de mon adolescence. Mais jamais, oh grand jamais !, je ne m’étais arrêté sur les formes d’un corps masculin.
Pourtant, c’était de cela qu’il s’agissait. Je ne rêvais que de ça. Mes nuits étaient remplies de corps enflammés et tendus qui s’étreignaient et se confondaient, de lèvres brûlantes et de langues sulfureuses qui s’embrassaient, s’embrasaient et se mêlaient, de mains moites et chaudes qui caressaient des peaux nues, de sexes qui durcissaient et pénétraient avec ferveur des intimités accueillantes. La passion et la chaleur de mes phantasmes m’amenèrent dans des endroits que je ne connaissais pas, des lieux de pur plaisir charnel et d’extase. Tous ces rêves étaient si criants de vérité que je me réveillais toujours en sueur et avec un désir inassouvi encombrant mon bas-ventre. Le pire dans tout cela, c’était que dans chacun de mes songes, les corps de ses hommes avaient un visage que je connaissais. Il pouvait s’agir d’un camarade de classe, d’un serveur que j’avais rencontré dans la journée, ou d’un garçon que j’avais furtivement croisé sans pour autant y porter intérêt.
Mais comment un jeune homme, hétérosexuel de surcroît, pouvait-il avouer cela à un vieux psychiatre qui allait sans doute diagnostiquer un complexe œdipien mal assouvi ? Alors que je repensai à tout cela, des réminiscences de mon dernier rêve passèrent devant mes yeux. Je sentis mon corps se réchauffer à ce stimulus. Mes joues s’empourprèrent et les battements de mon cœur s’accélérèrent. Le souvenir de mes songes étaient suffisant pour m’exciter et s’était très perturbent. Mon médecin, remarquant mon soudain émoi, s’enquit de ma santé et j’agitai une main près de mon visage en accusant la chaleur ambiante. Ses petits yeux gris me jaugèrent et mon excitation se fit plus forte. Que ce passait-il ? Comment un vieil homme pouvait-il provoquer de telles réactions chez moi ?
Je me dandinai dans mon fauteuil afin de cacher mon état. Je tentai de me calmer. Mais quel genre de pensées pourrait m’apaiser alors que le regard d’un vieux psychiatre m’exaltait ? Une jeune fille aux seins nus et à la peau bronzée scintillante de gouttelettes d’eau dans un couché de soleil ? Cette question me fit visualiser l’image et, sans comprendre pourquoi, je me rassérénai. Les réactions de mon corps me firent ouvrir des yeux ronds de surprise. Que m’arrivait-il ? Avant mon réveil, ce genre d’image aurait provoqué l’effet inverse sur mon anatomie. Que voulait dire tout cela ?
« Benjamin, êtes-vous sûr de vous sentir bien ? » demanda le psychiatre.
« Oui, oui. Je-je viens de me souvenir que j’ai oublié de faire un devoir pour demain, » répondis-je en espérant que cette explication serait suffisante pour qu’il ne me posât plus de question sur mon visible malaise.
« Hm-hm. Et pourquoi l’avez-vous oublié ? »
Je fronçai les sourcils alors qu’il se remettait à griffonner sur son calepin. Sérieusement !? Il avait l’intention de me faire analyser le moindre de mes faits et gestes ? C’était ridicule !
« Je sais pas. Ça m’est sorti de l’esprit.
Hum-hum. »
Je levai les yeux au ciel. Qu’est-ce qu’il pouvait m’exaspérer ! Je tâchai de répondre à ses questions quand il m’en posait et évitai d’alimenter la conversation le plus possible, durant le reste de la séance. Ce fut avec un grand soulagement qu’elle arriva. Mon médecin me raccompagna alors jusqu’à l’entrée du service.
« À la semaine prochaine, jeune homme.
Au revoir docteur, » répondis-je dans un sourire pincé.
Il me sera la main et j’entrai dans les couloirs de l’hôpital. Bien que j’eusse très envie de rentrer chez moi et d’oublier ce qu’il venait de se passer, je décidai de faire un crochet par le service où j’avais passé ma rémission, afin de saluer les charmantes infermières qui avaient pris soin de moi. Pourtant, alors que je longeai le couloir, ce fut une voix d’homme qui attira mon attention. Cette voix ne me semblait pas inconnue, comme provenant d’un souvenir lointain. Je m’approchai de la chambre d’où elle émanait dont la porte était ouverte et m’appuyait contre le chambranle.
« Alors, jeune homme ? N’êtes-vous pas prêt à vous réveiller ? Vous manquait terriblement à votre frère. Il vient vous voir tous les jours pour prendre de vos nouvelles. Mais peut-être aimez-vous que je vous raconte toutes mes histoires ? C’est vrai que j’en ai vécu pas mal de choses dans ma vie. »
Un homme d’une cinquantaine d’année aux cheveux clairs, assis sur un tabouret, parlait à un jeune homme allongé dans un lit et branché à un respirateur.
« Je ne crois pas qu’il va vous répondre, » dis-je afin de signaler de ma présence.
L’homme se retourna vers moi dans un sursaut, puis me sourit chaleureusement.
« Oh ! Benjamin ! Que faites-vous ici ? » me demanda-t-il en se levant et en s’approchant de moi.
Je fronçai les sourcils d’incompréhension. D’où connaissait-il mon prénom ? Il posa une main paternelle sur mon épaule et me donna une poignée de main ferme, ne se départant pas de son sourire avenant.
« D’où me connaissez-vous ? » demandai-je impunément.
« Je me souviens très bien lorsque vous étiez encore à la place de ce jeune homme, » répondit-il en se tournant vers le patient, sa main toujours sur mon épaule.
J’observai la pièce où nous étions et reconnus la chambre où j’avais ouvert les yeux pour la première fois après mon coma. Mais comment être sûr qu’il s’agissait bien de cette chambre ? Après tout, elles se ressemblaient toutes. L’inconnu se tourna vers moi et comprit mon regard interrogateur.
« J’ai pour habitude de passer du temps avec les endormis afin de les encourager à se réveiller. Je suis resté longtemps à votre chevet. Je vous ai raconté beaucoup de choses lorsque vous dormiez. Mais vous ne devez pas vous en rappeler. Mais venez, » fit-il en m’amenant jusqu’au lit. « Je veux vous présenter Ronan. Ce jeune homme refuse toujours de se réveiller, comme vous à une époque. Peut-être pourriez-vous lui parler ? Le son d’une voix jeune, l’encouragera peut-être d’avantage que la mienne. »
Je regardai le jeune homme allongé dans le lit. Malgré ses traits tirés et sa mine malade, il était sublime. Il avait de magnifiques cheveux auburn qui ondulaient autour de son visage ovale. Il ressemblait à un enfant endormi avec son front large, ses sourcils bien dessinés, ses cils longs et épais, son petit nez étroit, ses lèvres pleines et légèrement rosées. Il était sublime et j’essayai de ne pas m’attarder sur le fait qu’il m’attirait.
Je me tournai vers l’homme à côté de moi.
« Je-je ne sais pas comment faire ça. Je ne sais pas quoi lui dire.
Oh ! Ne vous inquiétez pas. Vous n’avez qu’à lui raconter votre vie. Vous ne risquez rien. »
L’homme me fit m’asseoir sur le tabouret qu’il occupait peu de temps auparavant et posa ses deux mains sur mes épaules.
« Allez. Commencez par vous présenter. »
Je lançai un regard à l’étrange quinquagénaire avant de me tourner vers le patient.
« Hum. Salue. Je m’appelle Benjamin. »
C’est bien, continuez. »
Loïc ? »
Un homme du même âge que l’autre venait de rentrer dans la chambre. Il était grand et costaud. Il s’agissait d’un de ces hommes qui embellisse avec l’âge, la peau légèrement mâte, les cheveux bruns et les yeux clairs.
« Ah ! Tu es là, » fit l’homme à mes côtés. « J’arrive. »
Ce dernier s’approcha du nouvel arrivant et lui déposa un rapide baiser sur les lèvres. Je fus surpris par ce geste auquel je ne m’attendais pas du tout.
« Très bien. Je dois y aller, » dit-il à mon encontre. « Je vous laisse entre jeunes. Et j’espère vous revoir bientôt, Benjamin. »
Puis, passant son bras autour de la taille du grand brun qui venait d’arriver, ils sortirent de la chambre.
« C’était quoi ça ? » demandai-je à haute voix, plus à moi-même qu’au jeune homme. Je poursuivis, me tournant vers ce dernier : « Non, mais t’as vu ça ? Ce mec embrasse son petit ami sans gêne. Ça fait bizarre, tu ne trouves pas ? » Puis, réalisant ce que j’étais entrain de faire, je m’exclamai : « Non, mais je deviens barge moi aussi ! Voilà que je me mets à parler à un comateux. »
Je me levai et rentrai chez moi sans me retourner. Je ne pris même pas la peine d’aller saluer les infirmières comme cela avait été mon intention à l’origine. Ce petit geste anodin pour cet homme que je venais de rencontrer, m’avait chamboulé. Non pas que ce geste d’affection public me dégoûtait mais parce que moi aussi, je n’aurais pas été contre le fait d’embrasser ce grand brun séduisant. Et cela était beaucoup plus déroutant que le baiser en lui-même.
Puis, je me mis à réfléchir à ce quinquagénaire peu soucieux du regard d’autrui. Je réalisai soudain que je venais sans doute de rencontrer l’aide soignant dont on m’avait parlé et qui était resté à mon chevet durant mon coma. Peut-être aurait-il une explication à mes rêves ? Non, cette idée était grotesque ! L’homosexualité n’était pas une maladie contagieuse. En revanche, il pourrait sans doute m’aider à les comprendre. Je ne savais plus trop où j’en étais, mais pris la décision de retourner le voir afin de le remercier d’avoir été présent pour moi lors de mon séjour à l’hôpital alors que mes parents avaient déserté les lieux. Quant à lui parler de mes rêves, je n’en étais pas là et ne me sentais pas à l’aise à l’idée de confier mes problèmes à un inconnu, même si ce dit inconnu avait passé trois ans à mon chevet.



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Basé(e) sur une œuvre à lespetiteshistoiresdeloalann.blogspot.com.

5 commentaires:

  1. J'attendais avec impatience ce tome 2 de Et vous? Le premier chapitre est prometteur. J'attends la suite avec impatience en espérant qu'on continuera à suivre Loic et Gaétan même si on ne les retrouve qu'en personnages secondaires. Bonne continuation!

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  2. A vrai dire, on verra surtout Loïc mais pas vraiment Gaëtan. Enfin, à moins que mon histoire m'entraine dans une autre direction. Donc, la suite... ben, je ne sais pas pour quand c'est.

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  3. Yeaaaah ! c'est reparti pour un tour chui contente ^^

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  4. xD pauvre Benjamin "Peut-être aurait-il une explication à mes rêves ?" Oh oui est une grande en plus. J'étais plier en deux quand j'ai lu qu'il rêvait d'hommes. Le pauvre mais en même temps tant mieux *Q*
    J'ai adorer le premier tome de "Et vous ?..." et je sens que je vais m'éclater à lire le second.

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