mercredi 26 août 2009

Ma vie est vide sans toi (Fiction Yaoi) - Chapitre 02


Mot de l'auteur : Et voilà une nouvelle pierre à mon petit édifice personnel. Je dois encore remercier ma mère qui prit une plus grande part dans ce chapitre pour m'aider à corriger quelques tournures de phrase. J'espère que vous l'apprécierez. Et n'hésitez pas à me laisser une petite review pour me dire ce que vous en pensez, ça me motive de me savoir lue.

Thomas était assis sur la terrasse de la villa de ses parents, humant l’air frais du matin et se délectant du calme de la campagne, son petit corps frêle recroquevillé sur lui-même, le vent emmêlant ses cheveux châtains, mi-longs, légèrement ondulés. Après la rupture avec François, il avait voulu s’éloigner un peu de la ville et retrouver le cocon douillet qui l’avait vu grandir. Ce qu’il fit dès le week-end suivant, ne pouvant décemment pas quitter son travail du jour au lendemain et s’attendre à le retrouver quand il reviendrait. Il avait donc posé une semaine de congés pour la semaine suivante et étrangement, son patron l’accepta. Peut-être avait-il eu pitié de son employer dont les yeux noisettes à force d’avoir trop pleuré étaient injectés de sang. Ce dernier ne fit pas remarquer cet élan de générosité de la part de son gérant et partit pour la demeure familiale dès le vendredi soir.
Ses parents ne savaient pas qu’il était gay et en mentionnant une rupture pour expliquer sa tristesse actuelle, ils avaient tout bonnement conclu qu’il s’agissait d’une femme. Thomas n’avait rien fait pour les en dissuader. S’il savait que la mère de François, veuve depuis quelques années, était au courant de l’homosexualité de son fils et avait fini par l’accepter, Thomas refusait d’infliger à ces parents qu’il aimait tant, la douleur du deuil qu’ils devraient faire en apprenant qu’il ne leur donnerait jamais de petits enfants. Seule sa grande sœur Félicia était au courant de son orientation sexuelle et malgré le fait qu’elle l’incitait sans cesse à la révéler à leurs parents, elle gardait le secret.
Pourtant, à vingt-cinq ans, Thomas savait qu’il n’était plus enfant et qu’il faudrait, tôt ou tard, avoir cette fatidique conversation. Mais il se disait qu’il valait mieux attendre de trouver l’homme avec qui il voudrait faire sa vie. Comme cela, en cas de rejet de ses parents, il aurait toujours quelqu’un pour l’épauler et lui apporter la tendresse dont il aurait besoin. Pendant un moment, il s’était dit que, peut-être, François serait cet homme, serait celui qui l’aiderait à traverser cette épreuve mais les événements récents avaient remis en question ses espérances.
Alors qu’il repensait à son ex-amant, son cœur se serra. Il avait interprété la déclaration de François comme une rupture et cela ne cessait de le faire souffrir. Contrairement à ce qu’il avait songé François ne l’avait toujours pas appelé pour mettre un terme à cette mascarade. Et alors que Thomas avait tenté de se persuader que c’était bel et bien fini, les jours qui passaient lui donnaient un peu plus d’espoir. Peut-être que François avait juste besoin de réfléchir avant de se lancer dans la grande aventure ? Peut-être qu’il allait l’appeler et lui demander de revenir, pour de bon cette fois ? Peut-être que…
Thomas essayait de s’imaginer les meilleurs scénarios possibles en estimant malgré tout que c’était en vain. Jamais François ne ferait choses pareilles comme lui demander de s’installer chez lui ou de se pacser ou encore, comble de l’irréalité, l’emmener dans un pays étranger où le mariage gay était légal pour lui demander sa main. Le jeune homme eut une soudaine envie de rire de son imagination bien trop fertile. Bien que François l’ait surpris à quelques reprises, il ne pourrait changer sa nature profonde d’ours à la recherche de tranquillité.
Soudain, Thomas sentit un léger baiser sur sa joue. N’en voyant pas l’instigateur et pensant toujours à son ex-petit-ami, son cœur fit un bond dans sa poitrine. Il se retourna pour voir sa sœur qui lui offrait un sourire compatissant. Il ne put s’empêcher d’être un peu déçu.
Félicia était de sept ans son aînée mais était aussi grande que son frère et leur père. Cependant, elle avait hérité du teint méditerranéen et des formes pulpeuses de leur mère. Thomas, quant à lui, bien qu’il fût aussi grand que son père et qu’il posséda également son teint pâle, il ne ressemblait pas vraiment à ses parents. Il était maigre malgré tous les efforts de sa mère pour remédier à cet état et n’arrivait pas à prendre du muscle malgré les tentatives de son père. Au lycée, il s’était essayé à toutes formes de sport sous les encouragements de son paternel mais, cela n’avait rien changé à sa maigreur et en plus de cela, il s’était retrouvé avec des bleus sur tout le corps car sa peau, trop fine, marquait facilement.
« Salut, » fit-il d’une voix timide.
Il se retourna pour s’évader vers le paysage campagnard qui s’étalait sous ses yeux.
« Comment tu vas ? »
Thomas haussa les épaules sachant pertinemment que ses yeux toujours aussi rouges et sa mine fatiguée parlaient pour lui.
« Où sont les parents ? » demanda-t-elle afin s’assurer qu’ils pouvaient parler en toute sécurité.
« Partis faire des courses.
Je sais que je n’ai jamais rencontré ce François mais du peu que tu m’en as dit, je crois que c’est mieux comme ça, » dit-elle sans préambule. « Il ne voulait pas s’engager. Tu avais même peur qu’il te trompe. Tu ne peux qu’être mieux sans lui. »
Thomas trouva que ces mots dans la bouche de sa sœur étaient gauches, sans réelle signification, et ne l’aidaient sûrement pas à surmonter son chagrin. Mais il ne laissa rien paraître et lui sourit du mieux qu’il pu comme si ses paroles lui réchauffaient le cœur. Il n’aimait pas trop se confier à Félicia qui était d’un tempérament bien loin de son caractère émotionnel et ne le faisait qu’en de rares occasions. Elle ne comprenait pas que son frère ait pu s’attacher si vite à un homme qui, visiblement, ne ressentait pas la même chose pour lui.
Il se remémora l’instant où il avait annoncé à sa sœur qu’il était gay, parce qu’il avait besoin d’en parler, et qui plus est à un membre de sa famille et parce qu’il savait que, même si Félicia le prenait mal, elle n’irait pas vendre la mèche à leurs parents. Mais loin de le prendre mal – ni bien d’ailleurs – elle avait simplement haussé les épaules avec un « Et Alors ? » qu’il avait ressenti comme un manque de considération de sa part. Thomas n’avait pas su comment réagir. Devait-il être soulagé par cette réaction ? Ou outrer de voir sa sœur si peu intéressée par la vie de son frère ?
Connaissant Félicia, il lui avait tout de même parlé de François, parce qu’il était heureux ou parce qu’il s’inquiétait et surtout parce qu’il avait besoin de se confier à quelqu’un qui, quoi qu’il dise, ne porterait pas de jugement sur cette relation à sans unique. Elle ne le critiquait jamais et ce, même si elle ne le comprenait pas toujours. C’était pourquoi ces paroles, qui se voulaient réconfortantes même si elles ne l’étaient pas vraiment, provenant de sa sœur, l’étonnaient beaucoup.
Ils restèrent un moment sans parler parce que Thomas n’avait pas envie de parler et parce qu’en fait, Félicia, elle, ne savait pas vraiment quoi dire pour consoler son frère. Même si elle semblait indifférente, elle tenait beaucoup à Thomas et contrairement à lui, avait beaucoup de mal à exprimer ses sentiments.
La veille, leur mère l’avait appelé pour l’informer que son frère était chez eux et qu’il avait du mal à se remettre d’une rupture. Elle en avait parlé avec son époux, qu’elle n’avait pas mis au courant de l’homosexualité de Thomas, parce que, selon elle, cela ne le regardait pas et que, quelque part, le faire, revenait à trahir la confiance de son frère. Son mari avait mentionné quelques phrases bateau que l’on dit dans ces cas-là et qu’elle s’était empressée de prononcer dès son arrivée, ne sachant quoi dire d’autre. Elle ne fut pas étonnée de voir que cela n’avait en rien soulagé la peine de Thomas, même s’il avait essayé de le cacher. Elle le connaissait par cœur. Bien qu’ils ne paraissaient pas très proches, elle l’avait regardé évoluer au fil des années et savait, avant même qu’il ne lui dise, ce qu’il avait dans la tête et sur le cœur.
Quand son frère lui avait avoué qu’il était gay, elle n’avait pas été surprise, loin de là et savait déjà qu’il fréquentait un ami au lycée, ou du moins, qu’il en était amoureux. Pas une seule fois elle n’avait douté de l’orientation sexuelle de son frère, qui c’était imposée à elle comme une évidence. Elle s’était tue sur le sujet souhaitant tout d’abord que son frère se rende compte de lui-même de ses préférences et l’accepte, puis elle avait également considéré que si Thomas avait besoin d’en parler, il saurait où la trouver. Alors que les mots avaient enfin été dits, elle n’avait su quoi ajouter et s’était contentée d’un « Et Alors ? » pour l’informer que, pour elle, cela ne faisait aucune différence : il était son frère, elle l’aimait et rien au monde ne changerait cet état de fait.
Et là, voir son petit frère, qui était habituellement si dynamique et joyeux, son minois enfantin toujours souriant, se tasser dans l’une des chaises de jardin et le visage triste, asthénique, lui fendait le cœur.
Tandis qu’ils contemplaient le paysage environnant en silence, chacun dans leur propre monde, la porte d’entrée s’était ouverte :
« Vous venez nous aider les enfants ? »
Félicia et Thomas, toujours en pyjama, se levèrent et sortirent de la maison pour décharger les sacs des courses entreposées dans le coffre de la voiture.
« Vous en avez pris pour un régiment ! » fit remarquer le jeune homme en prenant quatre sacs, deux dans chaque main.
« Mais c’est parce que t’es là mon chéri ! » répondit sa mère en prenant le visage de son fils entre ses mains. « Je vais te faire de bons petits plats qui vont te remonter le moral, tu vas voir ! Et est-ce que tu te nourris bien au moins ? Tu n’aurais pas un peu maigris des fois ?
Maman, » gémit Thomas exaspéré par le comportement surprotecteur de sa mère.
« Allez Joceline, laisse donc ton fils tranquille ! » intervint le père en revenant de la maison. « Tu vois bien qu’il n’a pas le moral.

Mais c’est mon fils. Je m’inquiète de sa santé. Ce n’est pas parce que cette femme l’a quitté qu’il doit arrêter de manger correctement et se laisser mourir. Tu verras, mon chérie, » ajouta-t-elle à l’adresse de son fils qui grimaça lorsqu’elle lui tapota gentiment la joue, « Quand tu auras à nouveau goûté aux bons petits plats de ta mère tu oublieras complètement cette femme et tu ne voudras plus jamais partir d’ici.

Il manquerait plus que ça ! » s’exclama le père en souriant à Thomas.
Celui-ci lui rendit son sourire. Ils finirent de décharger la voiture et de ranger les courses en famille, « comme au bon vieux temps, » pensa Thomas. Il regardait ses parents vivre sans pouvoir s’empêcher de sourire, oubliant quelques instants François.
Il était aisé de deviner les origines portugaises de sa mère : des cheveux noirs et presque aucun cheveu blanc, des yeux d’ébène, un nez en trompette, une bouche pulpeuse, des formes généreuses et un teint mât. Quant à son père, il ne faisait pas son âge malgré l’épaisse masse de cheveux poivre et sel, coupés courts, sur sa tête. Son visage n’était presque pas marqué par les aléas du temps. Ses yeux noisette laissaient paraître son étonnante joie de vivre qu’il avait transmise à son fils. Malgré son âge, grâce à ses longues heures de jogging et de musculation quotidiennes, il réussissait à conserver encore un corps d’athlète. Ses parents avaient la soixantaine bien tassée, mais n’avaient rien de vieux croulants redoutant la mort et s’apitoyant sur leur passé à jamais perdu. Ils faisaient parti de ces couples dynamiques qui avaient attendu patiemment la retraite pour profiter de la vie. Ils utilisaient les économies de toute une vie pour partir en voyage à l’autre bout du monde ou faire des croisières romantiques sur la mer méditerranée.
Alors que Thomas se souvenait très bien qu’adolescent, ses parents ne cessaient pas de se disputer, se disant alors qu’ils finiraient par divorcer, aujourd’hui ils semblaient s’être retrouvés et les enfants ayant quittés la maison, la flamme paraissait s’être ravivée. Ils avaient l’air heureux. Ils plaisantaient, riaient, se disputaient parfois mais pas assez longtemps pour que la crise laisse un goût amer. Thomas ne pu s’empêcher de les envier. Il voulait cela lui aussi : le bonheur qu’apportait le couple. Et ses pensées vagabondèrent vers François. Son cœur se serra. Les larmes lui montaient à nouveau aux yeux. Combien de litres d’eau avait-il encore en réserve pour cet homme qui ne voulait pas de lui dans sa vie ?
Sentant toute sa peine remonter à la surface, le jeune homme abandonna ses parents à leur bonne humeur et rejoignit sa sœur sur la terrasse. Il s’assit, enfouissant la tête sur ses genoux ramenés contre sa poitrine tentant de retenir ses pleurs. Il sentit la main douce et chaude de sa sœur se poser sur la sienne pour le réconforter. Ce petit geste, ni trop intime, ni trop charitable, lui ressemblait davantage et Thomas sourit, oubliant son malheur quelques secondes.


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1 commentaire:

  1. Hum je vois que Félicia est aussi douée que moi pour réconforter les gens ^^' Tes personnages sont "vrais" si tu vois ce que je veux dire, et les histoires n'en sont que plus intéressantes ^^

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