samedi 12 septembre 2009

Et vous ?... (Fiction Yaoi) - Chapitre 09


Mot de l'auteur : Je poste deux nouveaux chapitres. En fait, il s’agit d’un chapitre que j’ai coupé en deux parce qu’il était trop long, c’est pourquoi le premier s’achève en plein milieu de la scène.

Le froid persistait lorsqu’Avril arriva. Gaëtan et moi ne nous parlions plus du tout. J’avais même pris la décision de changer de place en cours et de m’asseoir à bonne distance de mon bien-aimé. Après ce qu’il s’était passé, je ne pouvais le voir sans sentir les larmes me monter aux yeux et mon cœur se serrer. Devant ce nouveau froid qui s’était installé entre nous, nos amis s’étaient faits une obligation de nous réconcilier. Cependant, ils ignoraient le pourquoi de notre querelle et après maintes tentatives infructueuses, ils finirent par abandonner. Gaëtan traînait toujours avec notre groupe et ne semblait pas vouloir s’en éloigner. Aussi, ce fut à moi de disparaître et je me rapprochai d’autres camarades de classe, non sans une certaine peine de devoir tourner le dos à mes amis. Gaëtan ne fit aucun mouvement pour me retenir.
En ce début de mois printanier, nous eûmes un oral blanc qui nous contraignit à nous présenter au lycée un samedi matin. La cour de l’établissement était vide. Assis sur une table de pique-nique, à l’abri d’un bosquet, j’essayai de revoir mon cours en silence et frottant mes mains gantées l’une contre l’autre pour me réchauffer. Ce fut à ce moment-là que Gaëtan fit un pas vers moi et s’installa sur le banc où j’avais posé mes pieds. Il me tournait le dos et je ne pouvais pas voir son visage. Il m’était donc impossible de tenter de déchiffrer son expression ou de m’hasarder à deviner son soudain rapprochement. Il resta un moment sans rien dire en laissant son regard se perdre dans la contemplation de la neige qui persistait sur la pelouse.
Le silence entre nous était lourd et me pesait avec trop d’insistance sur le cœur. Je ne pouvais pas en supporter d’avantage. Mais lorsque je fus sur le point de me lever pour m’en aller, Gaëtan se décida à parler.
« Qu’est-ce que tu deviens ?
Tu veux vraiment qu’on fasse comme si de rien n’était ? »
Il ne répondit pas et le silence se réinstalla entre nous. Je n’étais pas prêt à lui concéder quoi de ce fut. J’avais beau l’aimer de toute mon âme, il m’avait fait souffrir plus que de raison et il était hors de question que nous revenions à une amitié platonique trop douloureuse pour mon pauvre petit cœur. J’avais toujours dans l’idée que Gaëtan ne pourrait pas m’offrir d’avantage. Il avait toujours été hétérosexuel et il n’y avait pas de raison pour que cela changeât. Pour moi, ce qu’il avait fait ce soir-là, s’expliquait par l’alcool et le désespoir face au fait qu’il était entrain de perdre son meilleur ami. Pourtant, je ne pouvais pas lui pardonner. Il m’avait brisé.
Je fis à nouveau un mouvement pour me lever mais Gaëtan m’en empêcha. Il ne semblait pas décider à me laisser partir.
« Comment va Vincent ? Ça fait un moment que je ne le vois plus venir te chercher au lycée.
On a rompu, » répondis-je machinalement avant de me rendre compte du toupet qu’il avait de me poser une telle question.
Cette fois-ci, je me levai et lui fis face, fou de rage.
« Tu as qu’en même du culot de me demander ça ! Je vois pas en quoi Vincent te regarde !
Pourquoi ? » demanda-t-il sans hausser la voix.
Il avait encré son regard dans le mien et par ce simple geste, ma colère s’évanouit. Je me sentais rougir et il ne fallut pas plus longtemps pour que ma rage ne se redirigeât vers moi-même. Je m’en voulais d’être aussi faible devant lui, d’être toujours autant attiré par lui, d’être sur le point de flancher pour lui.
« Quoi ? » demandai-je me souvenant qu’il avait parlé mais ne sachant plus de quoi il s’agissait.
« Pourquoi vous avez rompu ? »
Là, ma colère reprit tous ces droits ou presque. Regarder son regard bleu et profond était envoutant et j’avais du mal à être entièrement maître de moi-même lorsque ses yeux magnifiques se posaient sur moi.
« À ton avis ? » fis-je du ton le plus dédaigneux que je fus capable de transmettre.
« Tu lui as dit ? »
Gaëtan avait une voix chaude qui me faisait perdre tout mes moyens. Il parlait calmement et ainsi, m’empêchait de m’énerver d’avantage. Le timbre de sa voix me poussait à la confession. Je baissai les yeux.
« Non. Il a deviné, je crois… et il voulait qu’on reste ensemble. Mais je ne lui ai rien dit. Mais je ne pouvais pas rester avec lui et faire comme si de rien était. Tu as tout brisé, » ajoutai-je sans pour autant avoir le moindre timbre de reproche dans la voix.
Je suis désolé.
Je sais.
Ha ! Ben, vous vous reparlez enfin ! »
L’un de nos amis venez d’apparaître et nous observait avec un grand sourire qui disparut lorsqu’il se rendit compte qu’il venait d’interrompre quelque chose.
« Loïc, tu devrais y aller. Ça va bientôt être à toi, » dit-il en brisant le nouveau silence que sa venue venait d’installer.
Je hochai la tête en remerciement et partis en direction de la salle de cours où avait lieu l’examen sans dire un mot. Je sentis le regard de Gaëtan me suivre alors que je m’éloignais.
Puis, une semaine passa où Gaëtan tenta à plusieurs reprises de m’aborder mais je ne lui en laissai pas l’occasion. Je ne souhaitais pas qu’il m’approchât et qu’il eût la chance de réparer ce qui pouvait être réparé. Je me sentais faible et savais que s’il venait à m’adresser la parole je finirais par lui sauter dans les bras pour qu’on se réconciliât et je n’étais pas prêt à accepter cette idée.
Face à cette nouvelle situation, l’ami qui avait surpris notre conversation ce jour-là, s’allia avec Gaëtan pour nous aider à nous rapprocher mais je restai déterminé à ne pas parler à mon ancien meilleur ami. L’ami en question s’arrêta donc d’intervenir lorsque je m’énervai contre lui, lui faisant comprendre qu’il ne devait pas se mêler de cette histoire. Après cela, Gaëtan ne cessât de me lancer des regards tristes mais ne sembla pas se résigner pour autant.

Le samedi vint. Les yeux fermés, j’étais allongé sur mon lit, à écouter de la musique mélancolique, des écouteurs dans les oreilles, lorsque quelqu’un entra dans ma chambre. Je ne remarquai sa présence que lorsque je le sentis s’allonger à côté de moi. Je me tournai vers l’intrus et fus surpris de voir Gaëtan qui m’observait avec un sourire triste, allongé sur le dos et les bras croisés derrière la tête. J’ôtai l’un de mes écouteurs en le regardant d’un air interrogateur.
« Ta mère m’a laissé entrer. Elle se fait du souci pour toi, tu sais ? Elle a dit que tu ne mangeais presque rien et que tu passais tout ton temps enfermé dans ta chambre.
Qu’est-ce que ça peut te faire ? »
Je détournai la tête en remettant mon écouteur et refermai les yeux. J’étais tiraillé entre l’envie qu’il s’en allât et le désir qu’il restât. Je sentis Gaëtan bouger près de moi et une larme coula sur ma joue alors que me venait l’idée qu’il partait déjà. Mais on m’ôta l’un de mes écouteurs et je tournai ma tête vers l’importun. Gaëtan était toujours là, allongé sur son flan, son bras droit soutenant sa tête qui, à présent, me surplombait.
« Qu’est-ce que t’écoute ?
One Republic. Apologize. »
Il sourit à l’ironie de la chose et plaça l’écouteur dans sa propre oreille. Je le regardai faire.
« Loïc. Tu me manques, » fit-il au bout d’un moment.
« Tu me voles ma réplique. Si je me souviens bien, c’est ce que je t’avais dit avant que tu ne m’embrasse.
Je sais.
Et après tu t’es enfui comme un voleur.
Je sais.
Et tu n’as rien dit quand je t’ai dit que je t’aimais.
Je sais.
Tu veux que tout redevienne comme avant ? Parce que moi, je peux pas faire ça.
Je sais. »
Nous avions parlé d’un ton neutre et Gaëtan avait baissé les yeux dés que j’avais énoncé la première évidence. Un moment s’écoula sans que celui qui fut mon meilleur ami n’esquissât un geste.
« Qu’est-ce que tu veux Gaëtan ?
Je suis désolé.
C’est pas ce que je te demande.
Je sais.
Arrête avec tes "je sais", » m’insurgeai-je en tournant la tête vers le plafond.
« Je suis désolé.
Ça aussi tu peux arrêter. Ça m’énerve et ça change rien. »
Il se tut un moment et je n’ajoutai rien, attendant sa réponse. Il soupira et se laissa retomber sur le dos.
« Écoute. C’est pas facile pour moi, tu sais ? »
Son timbre de voix avait changé. Il parlait plus fort, comme s’il commençait à s’énerver. Je ne répondis rien et il poursuivit plus calmement :
« Toi, tu as toujours su que t’étais gay mais moi, c’est pas pareil, ok ? »
Mais de quoi parlait-il ?
« Jusqu’à maintenant, j’ai toujours été attiré que par des filles et je ne suis sorti qu’avec des filles. »
Était-il entrain de dire que je l’attirais ?
« Alors après ce qu’il s’est passé, j’ai un peu paniqué. Tu peux comprendre, non ? J’avais besoin de réfléchir. »
Était-il entrain de se moquer de moi avec ses sous-entendus ? Je ne pus attendre plus longtemps pour intervenir. Je tournai la tête vers lui.
« Mais de quoi tu parles ? Je sais que t’es hétéro. C’est pas parce qu’on s’est embrassé que d’un seul coup t’as viré homo. »
Il me fit face.
« Alors pourquoi j’ai aimé ? »
Sa question me fit l’effet d’une douche froide et je sentis mon cœur rater un battement. Mais que voulait-il dire ? Qu’est-ce qu’il se passait ? Se jouait-il encore de moi ?
« Arrête tes conneries ! » m’énervai-je en détournant mon regard du sien, à présent, fiévreux.
Il se repositionna sur son coude en se tournant vers moi et posa une main caressante sur mon torse.
« Je n’te mens pas. »
Je regardai sa main se déplacer sur moi et frissonnai d’appréhension – ou de désir, je ne savais pas trop.
« On avait trop bu, » dis-je d’une voix hésitante.
« Même quand j’étais saoul, le fait d’embrasser une fille ne me faisait pas bander comme je bandais quand je t’ai embrassé. »
Je me tournai vers lui. Mes pensées s’emmêlaient. Je ne savais plus quoi penser. Ma gorge était soudainement devenue sèche. J’avais peur de comprendre ce qu’il était entrain de me dire et refusai pourtant de tirer des conclusions trop hâtives. Je ne souhaitai pas avouer l’évidence de peur que mon cœur ne se brisât encore une fois, s’il venait à se rétracter.
« Qu’est-ce… qu’est-ce que tu veux dire ? » balbutiai-je d’une voix un peu trop roque.
« J’ai envie de toi. Depuis, un long moment, maintenant. Seulement, je refusai de me l’avouer. Je n’arrête pas de penser à toi. Je rêve de toi toutes les nuits. Et peut-être que ce qui est arrivé avec Dora m’a obligé à ouvrir les yeux. Mais dès que j’ai rompu avec elle, tu es sorti avec Vincent et j’étais de plus en plus jaloux. Et le soir où on s’est embrassé, j’ai réalisé que je t’aimais et ça m’a fait peur. Je veux dire, tu l’as dit toi-même. Je suis sensé être hétéro et je suis tombé amoureux d’un mec. J’avais envie d’un mec. Et puis, j’ai eu peur aussi parce que je me suis dit que j’étais le seul à ressentir ça. Alors quand tu m’as dit que tu m’aimais, j’ai été choqué, super content, mais choqué. Et donc, j’ai pas pu te dire que je ressentais la même chose. Et puis, après tu m’as évité et j’ai rien pu faire pour t’en empêcher. Mais j’arrêtais pas de te regarder et j’attendais désespérément que tu me regarde toi aussi, mais tu l’as pas fait. Et tu peux pas savoir à quel point ça me faisait mal. Et l’autre jour, quand on a parlé le jour du bac blanc, je me suis dit que peut-être tout n’était pas fini entre nous. Parce que même si je ne sais pas vraiment où j’en suis, je suis sûr d’une chose et c’est que je t’aime. »
Il avait prononcé son discours d’une seule traite et je l’avais écouté, bouche bée, tentant à plusieurs reprises de l’interrompre mais les mots refusaient de quitter mes lèvres. Je restai un moment essayant de me remettre du choc que ses paroles venaient de me faire.
« Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? » demandai-je enfin après un raclement de gorge.
« Je sais pas. Qu’est-ce que tu veux faire ? » m’interrogea-t-il à son tour avec un regard peiné.
« Je sais pas. »
Je me détournai de mon bien-aimé, reprenant ma contemplation du plafond. Au bout d’un moment, je sentis la main de Gaëtan qui n’avait pas quitté mon torse, se frayait un chemin sous mon pull. Je tournai ma tête vers lui et son visage s’approcha lentement du mien. Il déposa un baiser timide sur mes lèvres, presque similaire au premier baiser qu’il m’avait donné mais cependant, je pus ressentir une certaine détermination dans ce dernier.
Lorsqu’il se releva pour me regardait, je détournai la tête.
« Attend, » fis-je alors qu’il continuait à caresser mon ventre plat de son pouce sous mes vêtements. « Et si, un matin tu te réveilles et tu te rends compte qu’en fait tu t’es trompé, que tu ne veux pas faire ce genre de chose avec moi, qu’est-ce que je deviens moi ? Est-ce que je dois passer mon temps à espérer que tu ne changeras pas d’avis ?
Je ne changerai pas d’avis, » répondit-il dans un sourire, en se penchant à nouveau sur moi afin de m’embrasser.
Comme si cette simple affirmation suffisait à me convaincre, je pris son visage entre mes mains avec l’intention de ne plus jamais le laisser partir. Sa main remonta le long de mon torse imberbe et vint effleurer mes tétons. Son geste était assuré mais d’une tendresse infinie. Il survolait mon corps comme s’il me caressait avec une plume. Je frissonnai à ce contact d’une douceur incomparable. Ses doutes semblaient l’avoir complètement quitté à présent et je me sentais rassuré.
De sa langue, il vint chatouiller mes lèvres qui s’entrouvrirent à cette nouvelle caresse. Il enlaça ma langue de la sienne avec une extrême lenteur. C’était agréable, affectueux. Même la délicatesse de Vincent n’égalait pas celle dont Gaëtan faisait preuve à cet instant.
Il passa une main dans mes cheveux et ses doigts s’enfuirent dans mes mèches, me faisant frissonner de plus belle. Je passai mes bras autour de son cou et laissai mes lèvres jouer avec les siennes dans des bruits de succion qui résonnaient à mes oreilles. Sa main quitta mes cheveux pour nous débarrasser de mon baladeur qui nous gênait dans notre étreinte sensuelle. Nous profitâmes de cette chaleureuse communion pendant un long moment sans oser aller plus loin. Puis, je sentis la main de Gaëtan descendre sur mon buste et approcher progressivement de la ceinture de mon pantalon.
Ce fut à cet instant que des coups sourds furent frappés à la porte.

Et vous ?... Avez-vous connu quelque chose de semblable dans votre vie ?


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Basé(e) sur une oeuvre à lespetiteshistoiresdeloalann.blogspot.com.

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