Mot de l'auteur : (Attention ! Spoiler ! Ne pas lire si vous voulez garder le suspense ou alors après avoir lu le chapitre) : En ce qui concerne ce chapitre, j’espère que la rupture qui le clos est réaliste. Je ne voulais pas que Vincent ait l’air d’être d’accord, ni qu’il semblât facilité la tâche à Loïc. J’espère que c’est réussi. Voilà, je vous laisse lire maintenant.
Le temps s’écoula lentement et au bout de deux semaines de liaison, Vincent et moi consommèrent notre amour. Nous nous voyons presque tous les jours et je passai tous mes week-ends chez lui. Au bout d’un mois, je décidai qu’il était temps de le présenter à ma mère. Nous eurent un dîner agréable et il passa même la nuit à la maison avec l’accord de ma mère. Après ça, il cessa de l’appeler Madame Dragon. Ils s’entendaient bien et Vincent vint à passer plus de temps à la maison. Tout se passait parfaitement bien, du moins, de ce côté-là.
Les vacances de février arrivèrent et Gaëtan refusait toujours de s’expliquer. Je commençais à en avoir plus que marre de cette situation. Je décidai donc de profiter de l’opportunité que m’offraient inconsciemment les parents de mon meilleur ami qui partaient pour un week-end au ski, laissant la maison aux bons soins de leur fils. Je me présentai à la porte du jeune homme, une bouteille de téquila dans une main et d’en l’autre, un sac en plastique contenant des citrons verts et du sel. Peut-être que le faire boire finirait par lui délier la langue ? Du moins, c’était ce que j’espérai. J’avais prévenu Vincent de mon plan, et bien qu’il ne parût pas enchanté par l’idée, il ne protesta pas.
Quand, le dernier samedi soir des vacances, Gaëtan ouvrit la porte, il ne sembla pas ravi de me voir mais me fit tout de même entrer. Je le suivis dans sa chambre et nous nous installâmes sur son lit. Il sortit deux shooter qu’il cachait au fond de son armoire et me les présenta. J’en versai l’alcool et sortis un citron. Il alla dans la cuisine. Il revint avec une planche à découper et un couteau qu’il posa sur la table basse de sa chambre, à côté de son lit. Je m’agenouillai devant et y posai les verres. Puis je vidai le reste du contenu de mon sac sur le meuble pendant que Gaëtan coupait le citron en deux. Il me tendit l’une des moitiés de l’agrume que je posai sur le shooter. Je versai du sel sur ma main après l’avoir léchée et tendis la salière à mon compagnon. Il la prit et répéta mes gestes. Nous nous lançâmes un regard pour donner le signal de départ. Puis, d’un même mouvement, nous abattîmes nos verres sur la table avant d’en boire rapidement le contenu et de nous lécher la main. L’alcool me brûla la gorge et je secouai la tête pour en dissiper les effets. Gaëtan avait quant à lui fait une grimace comique qui me fit sourire.
Je repris la bouteille de tequila et nous resservis. Nous bûmes plusieurs verres dans un silence pesant. Me sentant sur le point de sombrer dans l’ivresse, – où peut-être y étais-je déjà – je me laissai basculer contre le lit et jugeai de l’état d’ébriété de mon ami qui se servait encore un autre verre. Il ne restait plus grand-chose au fond de la bouteille. Une fois son verre fini, il s’affala contre son lit à côté de moi. Nous nous regardâmes en silence. Puis soudain, nous nous esclaffâmes sans savoir pourquoi. Nous n’arrivions plus à nous arrêter. Nos corps se convulsaient de notre foudroyante hilarité. J’en pleurai.
Puis, peu à peu les rires se turent. Je n’osai plus regarder Gaëtan et des larmes de tristesse – cette fois – me montèrent aux yeux. Aussi brusquement que nous nous étions mis à rire, j’éclatai en sanglots, ne connaissant pas réellement leurs origines. Mon meilleur ami me prit instinctivement dans ses bras comme à chaque fois que je me trouvais dans cet état-là. Il me caressa les cheveux tendrement.
« Gaëtan. Tu me manques. Je ne veux pas te perdre. Qu’est-ce que je dois faire pour que tout redevienne comme avant ? Je t’en pris, dis-le-moi, » hoquetai-je entre deux spasmes.
Il continua à jouer avec mes mèches pendant un moment sans répondre. Je le sentais hésitant. Mais petit à petit, mes pleurs se tarirent. Toutefois, je ne bougeai pas. J’étais si bien dans ses bras. Je ne voulais pas les quitter, plus jamais. Mon cœur se déchira quand Gaëtan m’écarta doucement de lui pour encrer ses yeux dans les miens. D’une main, il essuya mes joues humides.
Subitement, il approcha ses lèvres des miennes et m’embrassa furtivement. Puis il se recula et me lança un regard qui me parut désespéré. Je le regardai tétanisé. Un nombre incalculable de questions me traversèrent l’esprit, plus vite que je ne pouvais réfléchir. Il m’embrassa encore en s’attardant d’avantage. Là, j’oubliai tout. Je ne répondais plus de moi. Je passai mes bras autour de son cou et l’étreignis à mon tour. Emporté par le moment, je m’assis à califourchon sur lui sans quitter ses lèvres et passai mes mains sous son sweat. J’étais terrifié qu’il finît par me rejeter, qu’il se rendît compte de ce que nous faisions, qu’il me repoussât et qu’il me jetât un regard dégoût. Mais il ne fit rien de tout cela. Il suivit mon geste et posa ses mains tremblantes sur mon postérieur, me tirant à lui. Moi, je caressai son torse musclé. Il avait la peau étrangement douce. Mes doigts me brûlaient cependant je ne pouvais plus m’arrêter. Nos langues se lièrent et dansèrent une valse sensuelle et passionnée.
Peut-être était-ce parce que nous étions saouls ? Ou peut-être que mes sentiments avaient fini par l’atteindre ? Toutefois, je ne me posai pas la question alors que d’un unique mouvement, il m’allongea sur le sol et se plaça sur moi sans cesser de m’embrasser. Je passai mes bras autour de son cou. D’une main, il se glissa sous ma chemise et redessina mes abdominaux de ses doigts. Son geste était doux, timide. Je souris tout en continuant de le bécoter. Je tenais Gaëtan dans mes bras et il me touchait de la manière dont j’avais toujours rêvé qu’il me touchât. Je vivais un rêve que je refusai de quitter.
Je le sentis défaire les boutons de ma chemise d’une main tremblante. N’arrivant pas à ses fins, il quitta enfin ma bouche et se releva en me chevauchant. Il semblait si sérieux alors qu’il s’acharnait sur les boutons que je ne pus m’empêcher de rire. Il me lança un regard méchant tandis qu’il défaisait le dernier bouton. Je m’assis, m’appuyant sur mes bras et l’embrassai à nouveau. Il passa ses mains sur mon ventre dénué et les fit tendrement glisser jusqu’à mes épaules pour faire tomber ma chemise. Je dégageai mes poignets et pris le visage de Gaëtan entre mes mains, l’emmenant à se rallonger sur moi. Il ne se lassait pas de cajoler mon torse sans oser aller plus bas. Je sentis que nos caresses n’iraient pas bien loin ce soir et ce même si je sentais déjà son érection contre ma jambe. Passant une main sous son sweat, je frôlai son dos du bout des doigts. Je sentis ses poils s’hérisser sous mon contact.
Peut-être en étais-je l’investigateur mais la passion s’était tue et avait laissé toute sa place à la tendresse. Je présentais que Gaëtan ne se sentait pas prêt à aller plus loin. Il avait fait le premier pas sans savoir ce qu’il en était réellement. Présageant que les choses avaient changé, il se remit sur ses pieds. Puis, il me tendit les bras. Je pris ses mains et il m’aida à me relever. Il me prit la main et m’entraîna sur le lit où nous nous allongeâmes côte à côte. Nos lèvres se retrouvèrent et nos caresses reprirent toujours plus douces, plus câlines. Nous nous endormîmes dans les bras l’un de l’autre.
Le lendemain quand je revins à moi, heureux comme jamais mais avec un mal de crâne inimaginable, je constatai que Gaëtan n’était plus dans le lit. Mon cœur fit un bon dans ma poitrine. La peur s’empara de moi. Je me levai et l’appelai. Devant l’absence de réponse de sa part, les larmes roulèrent sur mes joues. J’avais un mauvais pressentiment. Je quittai la chambre et continuai de l’appeler sans résultat. Je le cherchai dans toutes les pièces de la maison mais il était introuvable. Une fois dans la cuisine, je jetai une chaise par terre de rage. Ce fut à ce moment-là que je vis le mot qu’il m’avait laissé.
« Je suis parti un moment.
J’ai besoin de réfléchir.
Si tu as faim, il y a de quoi manger
Tu connais la maison, fais comme chez toi
Gaëtan. »
Je chiffonnai le morceau de papier d’une main. J’étais furieux, furieux contre lui, furieux contre moi. Ce salaud avait préféré fuir sa propre maison plutôt que d’affronter ce qu’il s’était passé. Et puis, où était-il allé un dimanche ? Chez Dora pour la baiser avec force question de s’assurer qu’il n’avait pas viré gay, que je ne l’avais pas contaminé de mes hormones d’homosexuel ? Ou alors était-il sagement cacher non loin de là, jusqu’à ce que je me décidasse à partir et qu’il pût rentrer chez lui ?
Tout s’écroulait autour de moi. Je me recroquevillai sur moi et pleurer tout mon soûl. En une nuit, je venais de perdre mon meilleur ami, le seul homme que je n’ai jamais aimé, et peut-être même mon petit-ami parce que je me voyais mal revenir vers Vincent la bouche en cœur après ce qu’il venait de se passer. Gaëtan avait détruit mon monde. Il m’avait entrainé dans les hauteurs d’un paradis fictif mais la chute n’en était que plus rude. Je ne pouvais plus subir sans rien faire. Il était temps que je remédiasse à cette situation qui n’avait que trop duré. Je devais mettre les choses au clair avec Gaëtan quitte à ce qu’il me brise le cœur une bonne fois pour toute. Mais je ne pouvais plus supporter ses va-et-vient incessant dans notre relation.
Je me relevai, et quittai sans plus attendre la maison de celui qui fut mon meilleur ami.
Le lundi suivant, j’arrivai en avance au lycée, avant même que les portes de la grille n’ouvrissent. Je dus attendre un long moment. Je restai appuyé à la clôture, regardant la masse d’étudiants s’engouffrait dans l’enceinte de l’établissement scolaire. Dès que je vis Gaëtan, je m’approchai de lui d’un pas déterminé, bien décidé à le mettre aux pieds du mur. Je l’attrapai par le bras.
« Il faut qu’on parle. »
Il se dégagea vivement.
« On a cours, » fit-il, fuyant.
« Tu as eu tout le dimanche pour réfléchir, » dis-je en l’attrapant à nouveau, plus fortement cette fois, l’empêchant de se dégager et le traînant à ma suite, nous éloignant de la foule. « Maintenant, tu me dois des explications. »
Cette fois-ci, il ne se défila pas et je ne le lâchai qu’une fois arrivé dans une ruelle près de notre établissement, à l’abri des regards et des oreilles indiscrètes. Quelques élèves passèrent devant l’impasse où nous étions et nous attendîmes que la sonnerie annonçant le début des cours retentît pour parler. Il commença :
« Écoute. Je… je sais pas ce…
- Non, » le coupai-je. « C’est toi qui va m’écouter, d’accord ? »
Je hurlai de rage. J’espérai que tous les lycéens se trouvaient en classe et qu’ils ne viendraient pas à entendre ce que je m’apprêtais à dire car je ne souhaitai pas être de nouveau l’objet de toutes les rumeurs.
« Comment t’as pu me faire ça ? » repris-je. « Comment…
- On était deux je te rappelle et je pourrai te retourner la question, » me coupa-t-il.
« Ta gueule, j’ai pas fini. »
Il fit un mouvement de recul devant la violence de mes propos. Je ne lui avais jamais parlé comme cela et il n’osait plus rien dire. Je continuai :
« Je t’aime bordel. Je me languis d’amour pour toi depuis plus d’un an et toi tu me fais ça. J’étais presque arrivé à me faire une raison et à t’oublier avec Vincent et toi tu déboules avec tes gros sabots et tu mets tout à sac. Putain mais c’est quoi ton problème à la fin ? Qu’est-ce que tu attends de moi exactement ? Qu’est-ce que tu veux que je fasse ? Tu n’arrêtes pas de souffler le chaud et le froid avec moi. Je… je ne sais plus quoi penser. Je sais plus quoi faire. Alors… »
Gaëtan me regardait avec un regard de merlan frit. Il était sans doute sous le choc de ma révélation. La rage qui m’animait me quitta en voyant sa mine interloquée. J’eus le pressentiment qu’il ne dirait rien. Je secouai la tête en me passant une main dans les cheveux. Je fis un effort surhumain pour ne pas fondre à nouveau en larmes et le planta là lui et ses yeux ébahis. Je n’eus pas le courage d’aller en cours et profita de l’absence de ma mère pour me réfugier chez moi. Le lendemain, il allait falloir que j’affrontasse à nouveau Gaëtan et je n’étais pas sûr d’en être capable.
Dans le courant de l’après-midi, Vincent vint frapper à ma porte pour me demander comment c’était passé ma mission « Sauvons note amitié ». Je lui racontai qu’on s’était disputé et que c’était sans doute la fin de cette amitié chère à mon cœur. Il m’enlaça pour me réconforter. J’avais pris la décision de ne rien lui dire de ce qu’il s’était réellement passé avec Gaëtan, cela aurait peut-être soulagé ma conscience mais ça n’aurait pu que le faire souffrir. Et la dernière chose que je voulais c’était que Vincent endurât une quelconque peine par ma faute. Il s’était montré le meilleur des amis et le meilleur des amants avec moi au cours de deux derniers mois. Il n’était pas question qu’il sût que je l’avais trahi.
Nous fîmes l’amour mais le visage de Gaëtan ne cessait de me hanter. Je n’arrivai plus à me concentrer sur Vincent comme je l’avais toujours fait jusqu’à présent. Je sentis qu’il était peine perdue de chercher à recoller les morceaux. Gaëtan avait tout détruit. Je décidai donc d’attendre quelques jours avant de rompre avec lui. Je ne souhaitais pas qu’il fasse le lien entre Gaëtan et ce qu’il nous arrivait. Je patientai donc jusqu’à ce qu’il oubliât mon meilleur ami et notre dispute avant de le quitter. Il me sembla s’y être préparé et j’espérai du plus profond de mon être qu’il ne se doutât pas que je l’avais trompé.
« J’ai bien senti que c’était plus pareil depuis quelque temps, » m’avoua-t-il. « T’as tout le temps la tête ailleurs.
- Je suis désolé.
- T’en fais pas. Ce sont des choses qui arrivent. Mais j’espérai vraiment que ça pourrait marcher cette fois. Tu sais, je tiens vraiment à toi et tu vas me manquer. Mais je crois que j’aurai beau faire tout ce que je peux, tu ne pourras jamais tomber amoureux de moi.
- Non, c’est pas vrai, » me défendis-je. « C’est juste que c’était pas le bon moment. Moi, je sais que j’aurai pu t’aimer.
- Alors, reste.
- Vincent. Je peux pas. Je… »
Je ne savais plus quoi dire.
« Reste avec moi. Envoie se faire foutre ton Gaëtan et reste avec moi. »
Là, je le regardai anéanti. Ces paroles, loin d’avoir été prononcées dans le but de me faire du mal, étaient tel un couteau qui me lacérait le cœur. Il savait. Quand ? Comment ? Ça je ne savais pas mais il était au courant que je l’avais trahi.
« Je ne sais pas ce qu’il s’est passé, » ajouta-t-il comme s’il lisait en moi. « Mais je m’en fous. Je… je t’aime et je veux pas que ça se finisse entre nous. Je t’en pris reste.
- Je… je suis désolé. J’peux pas… » répondis-je en explosant en sanglots.
« Parce que tu l’aimes plus que tu ne pourras jamais m’aimer ? » me questionna-t-il en me prenant dans ses bras. « Je m’en fous Loïc. Je te rendrais plus heureux qu’il ne le pourra jamais. Je sais que tu l’aimes, je le sais depuis le début. Mais je m’en fous. Tu as dit que tu pourrais tomber amoureux de moi et ça me suffit. Même si je dois attendre d’être mort pour que tu me le dises, même si tu ne m’aimeras jamais comme tu l’aimes. Je m’en fous. »
Je crois qu’il sût que son discours était désespéré et qu’il ne changerait rien à notre rupture. Nous ne pouvions pas continuer, pas après ce qu’il s’était passé. Je ne pouvais pas faire fi du vide qui s’était creusé entre Vincent et moi au moment même où j’avais rendu son baiser à Gaëtan. C’était fini. Il le savait mais je crois qu’il se devait d’essayer. Comble de l’ironie, c’était moi qui rompais avec lui et c’était lui qui devait me consoler.
Nous nous quittâmes sur cette note de tristesse. Je n’avais jamais connu rupture plus déchirante.
…
Voilà, ce qu’était ma vie à quelques mois du baccalauréat. Mais et vous ?...
Et vous ?... by LoalAnn est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Paternité-Pas d'Utilisation Commerciale-Pas de Modification 2.0 France.
Basé(e) sur une oeuvre à lespetiteshistoiresdeloalann.blogspot.com.
Encore merci. On l'attendait déjà au chapitre précédent : c'est prendre Loic pour un con que de l'avoir fait penser ainsi. Tu l'as fais bien trop mature pour qu'il sombre dans ces pensées enfantines.Sa sensibilité à l'autre est trop forte pour qu'il ne comprenne pas le comportement de son " ami ". Mais la transition est superbement faite, on en oublie tout. Magicienne.
RépondreSupprimerMerci. Je crois...
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