dimanche 6 septembre 2009

Et vous ?... (Fiction Yaoi) - Chapitre 03


Mot de l'auteur : Pour la blague sur la caouane, le mérite ne m’en revient pas. J’ai fait quelques recherches sur un forum gay et lesbien où l’un des inscrits avait fait cette blague et un autre avait donné l’idée du musulman. Donc, j’espère que les auteurs ne m’en voudront pas trop d’avoir réutilisé leur conversation. Oui, je suis une vilaine…

Les quelques jours qui nous restaient de vacances, je les passais avec Gaëtan. Il avait repris sa – maintenant – vieille habitude de venir dormir à la maison. Mon frère ne s’en formalisa pas. Pendant l’un des rares moments où je me retrouvais seul, je postais une question sur l’un des forums où j’avais l’habitude de discuter. Ma relation avec Gaëtan était inchangée et cela me fendait le cœur chaque jour un peu plus. J’avais besoin d’aide. Dès que j’eusse eu un instant à moi, je regardais les réponses que l’on m’y donnait. Un type me fit mourir de rire en me conseillant de me recouvrir de caouane de porc pour séduire mon bien-aimé, affirmant que personne ne pouvait résister à une bonne tranche de cochon. Un autre lui répondit qu’au contraire un musulman n’en aurait aucun mal.
À part ces plaisanteries – que je ne pouvais malheureusement pas partager avec Gaëtan, qui, j’en étais sûr, aurait apprécié l’humour, sans me dévoiler – la plupart me conseillèrent de lui révéler mon secret ou de l’oublier parce qu’il y avait peu d’espoir que mes rêves se réalisent. Je me décidai donc à avouer mon homosexualité à Gaëtan. J’allais peut-être perdre un ami mais je devais prendre le risque si je voulais que la situation évolue.
Un après-midi où il vint chez moi et où mon frère était absent, je le fis s’asseoir dans le salon et pris une grande inspiration. Il me regarda inquiet et je ne sus pourquoi, je me sentis obligé de le rassurer.
« J’ai quelque chose d’important à te dire et j’ai un peu peur de ta réaction, donc… »
D’un signe de la main, je lui fis entendre qu’il devait patienter un peu. Mais ma phrase ne sembla pas soulager son inquiétude, bien au contraire. Il ne me quittait pas des yeux. Je ne pus le laisser attendre plus longtemps.
« Bon, écoute, je sais pas trop comment dire ça… Euh, ben fait c’est tout con… Je suis gay. »
C’était le pire coming-out qu’on n’avait jamais vu. Soudain, Gaëtan éclata d’un fou rire. Je le regardai soupçonneux et il finit par se calmer.
« Je suis désolé, » fit-il avant de me prendre dans ses bras.
Il m’embrassa sur la joue.
« Ça ne change rien pour moi. Tu restes et tu demeureras toujours mon meilleur pote. Ok ? »
J’acquiesçai mais ne sus pas quoi penser de sa réaction. Apparemment, il m’acceptait tel que j’étais, et ne changerait pas ses habitudes vis-à-vis de moi. Mais pourquoi avait-il ri ? Cette question me tarauda toute la journée et le soir alors qu’il m’enlaçait pour dormir, comme à l’accoutumée, je réussis à lui poser la question.
« Mais pourquoi t’as ri ? »
Même si je ne voyais pas son visage alors que j’avais la tête posée sur son torse, je le sentis sourire.
« Tu avais l’air si sérieux. Je m’attendais à quelque chose de grave et après toutes les merdes qui te sont arrivées l’année dernière, j’ai eu super peur. Alors quand tu m’as dit que t’étais gay, j’étais tellement soulagé que j’ai pas pu m’empêcher de rire. C’est vrai quoi ! Fallait pas te mettre dans ses états pour si peu. Et puis, en plus, je m’en doutais un peu.
Comment ça ? » demandai-je étonné.
« Ben, c’est arrivé plus d’une fois que je me réveille et que tu te colles à moi et que t’étais… enfin, tu sais quoi ?! »
À cet instant, je fus heureux d’être dans le noir, parce que je rougissais jusqu’aux oreilles.
« Mais attends ! J’ai jamais pris ça pour moi, » s’empressa-t-il de rajouter.
Si quelque part je fus soulagé de savoir qu’il ne se doutait de rien, d’un autre côté, je ne pouvais m’empêcher d’être un peu frustré. Il me caressa les cheveux.
« Et moi aussi, j’ai truc important à te dire. »
Je levai la tête vers lui, intrigué. Il se mordit les lèvres.
« J’ai une copine. »
Là, je dus faire un effort surhumain pour ne pas me mettre à pleurer. Je repris ma place sur son torse, souhaitant lui cacher mes yeux humides. Je pris une inspiration pour retrouver mon calme et priai pour que ma voix ne tremblât pas.
« Comment elle s’appelle ?
Dora.
Dora ? Comme l’exploratrice ?
« Et ! Te moques pas ! » s’exclama-t-il en me donnant une petite tape sur la tête.
On en ria.
« C’est vrai que c’est ridicule comme nom mais elle est géniale. Tu vas l’adorais (Ça j’en doutais !). J’aimerai que tu l’as rencontre. Tu es libre samedi.
Ouais, » répondis-je après un moment d’hésitation.
« Génial. Tu vas voir. Elle est belle. Elle est drôle. Elle est pas bête. Enfin, elle est parfaite quoi !
Ouais c’est ça. Et elle est bonne au pieu ?
Loïc !... » s’indigna-t-il. Puis après un bref moment de silence : « Oui. »
Je sentis mon cœur se briser. Ils avaient déjà couché ensemble. C’en était trop. Je me levai.
« Où tu vas ?
Aux chiottes. »
Je quittai ma chambre et me réfugiai dans la salle de bain. Je fis couler l’eau pour couvrir le bruit de mes sanglots que je ne pouvais plus retenir. Je restai un moment caché dans mon antre, versant toutes les larmes de mon corps et quand je retournai dans ma chambre, Gaëtan dormait déjà. Je me remis entre ses bras en faisant attention à ne pas le réveiller et m’endormis, épuisé et plus triste que jamais.

Le samedi suivant, j’eus l’honneur de rencontrer la jeune femme qui m’avait ravi l’homme que j’aimais. On avait convenu de se retrouver dans un café du centre-ville. Les tourtereaux s’étaient assis l’un à côté de l’autre et moi, je leurs faisais face. Je découvris donc ma rivale. Comme Gaëtan l’avait dit, elle était plutôt mignonne mais elle n’égalait sûrement pas la beauté de mon bien-aimé. Et elle semblait être plutôt sympathique mais je n’arrivai pas à l’apprécier et essayai tant bien que mal à cacher le dégoût qu’elle m’inspirait. Je dus réussir un peu parce que durant toute l’après-midi, Gaëtan me lança des regards qui voulaient sans aucun doute dire : « Tu l’as trouves pas géniale ? ». Il riait comme un gosse à toutes ses blagues foireuses alors qu’elle, elle ne se donnait même pas la peine d’esquisser un sourire quand mon meilleur ami se montrait drôle. Elle était limite dédaigneuse à certains moments. En revanche, elle s’esclaffait dès que j’ouvrais la bouche. Peut-être cherchait-elle à plaire au meilleur ami de son petit copain ?
En plus, elle n’arrêtait pas de me regarder bizarrement. Cela me faisait froid dans le dos. Moi, j’essayai de lui sourire, non pas sans une certaine difficulté. Plus le temps passé, moins je l’appréciais. Elle me semblait superficielle, soporifique et imbue d’elle-même. Elle me rendait nauséeux. À la fin de la journée, étrangement, Gaëtan dit au revoir à sa copine et rentra avec moi.
« Qu’est-ce tu fais ? Tu rentres pas avec elle ?
Non. On a des trucs à se dire toi et moi. Et puis, j’espère que tu m’en voudras pas mais je lui ai dit que tu avais eu pas mal de soucis avec ta famille et tout. Sinon, elle ne m’aurait pas lâché et j’aurai pas pu rester avec toi tout ce temps après que tu sois rentré. J’l’adore mais t’es mon meilleurs potes, qu’en même. »
Ce qu’il venait de dire me fit chaud au cœur. J’étais heureux de savoir que je passais avant sa – finalement – idiote et peu sympathique petite copine. Je cherche à ne pas être vulgaire pourtant les seuls mots qui me venaient à l’esprit quand je pensais à elle, étaient tous très grossiers. Mais ça, je ne risquais pas de le dire à Gaëtan qui planait sur un petit nuage. Je ne voulais pas gâcher son bonheur après tout ce qu’il avait fait pour moi. Alors, j’essayai de le soutenir comme je pouvais, lui assurant, non sans difficulté, que sa copine était géniale et qu’il avait de la chance d’avoir trouvé cette perle rare.
Puis, arriva la rentrée scolaire. Encore une fois, nous fûmes heureux d’apprendre que Gaëtan et moi étions encore dans la même classe.  En même temps, à part les quelques redoublants, nous nous étions retrouvés avec les mêmes personnes que l’année précédente. Pour mon plus grand malheur, il s’avéra que la – pas du tout – douce Dora se trouvait dans notre lycée, en section littéraire. De ce fait, le couple passait toutes les pauses à se bécoter devant moi, qui en étais écœuré. Au bout d’un certain temps, lassé de tenir la chandelle, je m’éloignais un peu de mon meilleur ami, l’abandonnant à ses léchouilles et me rapprochais des autres membres de notre groupe d’amis qui s’était formé l’année d’avant.
La vie avait repris son cours mais elle avait changé. Mon meilleur ami s’éloignait de plus en plus de moi et ne semblait pas s’en rendre compte. Sa copine me fixait toujours de ce regard étrange que je ne savais comment interpréter.

Des amis qui s’éloignent en grandissant, c’est la vie non ? Que voulez-vous ?...



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Basé(e) sur une oeuvre à lespetiteshistoiresdeloalann.blogspot.com.

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